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Articles

Affichage des articles du octobre, 2025

Un référendum d’autodétermination doit-il inclure l’option de l’indépendance ? Analyse juridique et leçons historiques

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un principe fondamental du droit international contemporain, inscrit dans la Charte des Nations Unies et consacré par plusieurs résolutions de l’Assemblée générale. Malgré cette reconnaissance claire, la question de savoir si un référendum d’autodétermination doit obligatoirement inclure l’option de l’indépendance suscite un débat politique et juridique, notamment dans le contexte des conflits territoriaux ou des situations post-coloniales. Le cadre juridique international Charte des Nations Unies (article 1, §2) : affirme le droit des peuples à « disposer d’eux-mêmes » comme un objectif central de l’Organisation. Résolution 1514 (XV) de 1960 – Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux : établit l’indépendance comme forme suprême de l’autodétermination pour les peuples sous domination coloniale. Résolution 1541 (XV) : précise trois modalités d’exercice du droit à l’autodétermination : L’indépendance comp...

Les déclarations de Macron sur le Sahara occidental : engagement de l’État français ou simple communication politique ?

Depuis plusieurs mois, les déclarations d’Emmanuel Macron concernant le Sahara occidental suscitent un intérêt et une polémique considérables, tant au niveau diplomatique qu’international. Alors que certains observateurs y voient un tournant dans la politique française, il est essentiel de se demander si ces propos engagent juridiquement l’État français ou s’ils relèvent d’une simple communication politique. 1. Le rôle constitutionnel du Président français à l’international Selon les articles 5 et 52 de la Constitution française, le Président de la République est le représentant de la France à l’étranger et le garant de la continuité de l’État. En matière de politique étrangère, il dispose de prérogatives importantes : il négocie et signe les traités, représente la France lors des sommets internationaux et peut orienter la diplomatie nationale. Cependant, l’engagement juridique de l’État français n’est effectif qu’à partir du moment où ces déclarations ou décisions sont : officielles, ...

Sahara occidental : entre rhétorique diplomatique et réalités géopolitiques – Réponse à l’article de Karim Serraj dans Le360.ma

L’intervention de Massad Boulos sur Sky News Arabia, et l’interprétation qu’en fait Karim Serraj dans son article publié le 29 octobre , soulèvent des questions fondamentales sur la nature du discours diplomatique américain, la position du Maroc sur le Sahara occidental, et le rôle de l’Algérie dans la stabilité régionale. Mais derrière les métaphores et les insinuations, il est essentiel de revenir aux faits et à une analyse géostratégique objective. 1. Une “feuille de route maroco-américaine” : mythe ou réalité ? L’article évoque une prétendue feuille de route conjointe entre Rabat et Washington, censée guider la résolution du conflit saharien. Or, cette vision repose sur une extrapolation discutable. La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara par Donald Trump en 2020 fut un acte politique unilatéral, inscrit dans une logique transactionnelle liée aux Accords d’Abraham. Elle n’a jamais été entérinée par le Congrès américain, ni confirmée comme doctrine officielle...

Sahara occidental : pourquoi Trump n’a pas pu changer le statut de Guam ou des Îles Vierges, mais le Maroc croit qu’il peut le faire pour le Sahara occidental ?

Depuis 1963, le Sahara occidental figure sur la liste des territoires non autonomes des Nations Unies, en attente d’un processus de décolonisation. Ce statut, confirmé à maintes reprises par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, signifie qu’aucune puissance ne peut en revendiquer la souveraineté sans l’expression libre du peuple sahraoui à travers un référendum d’autodétermination. Pourtant, en décembre 2020, le Maroc s’est engouffré dans une brèche politique : la reconnaissance unilatérale de Donald Trump de sa prétendue souveraineté sur le territoire, en échange de sa normalisation avec Israël. Une démarche diplomatiquement cynique, mais surtout juridiquement vide de sens. Car si même les États-Unis ne peuvent modifier le statut de leurs propres territoires non autonomes, comment une signature présidentielle pourrait-elle redessiner les frontières du droit international ?   Les États-Unis et leurs territoires non autonomes : la souveraineté suspendue Les États-Unis admi...

L’Algérie ne plie pas : quand la diplomatie de la dignité triomphe de la médiation de la soumission

Le 19 octobre dernier, l’émissaire américain Steve Witkoff annonçait sur CBS que Washington travaillait à un « accord de paix entre le Maroc et l’Algérie dans les 60 prochains jours ». Une déclaration reprise en chœur par la presse internationale et amplifiée par les relais médiatiques marocains, prompts à présenter ce projet comme une victoire diplomatique de Rabat. En réalité, cette « initiative américaine » n’en est pas une : elle procède d’une demande pressante du Maroc, étranglé par l’isolement régional, la crise économique et les effets d’un embargo algérien implacable mis en place depuis 2021. Or, ce que l’on tente aujourd’hui de maquiller en « médiation de paix » n’est rien d’autre qu’une manœuvre désespérée visant à arracher à Alger ce qu’il n’a pu obtenir par la pression, la propagande ou la perfidie. Et il convient de le dire avec clarté : l’Algérie n’a aucun intérêt à négocier. I. L’Algérie en position de force : l’heure n’est plus à la concession Depuis la rupture des rela...

Le Sahara Occidental : un recul américain et une victoire diplomatique éclatante pour l’Algérie

À l’approche du vote décisif du Conseil de sécurité des Nations unies, prévu le 31 octobre 2025, sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, les discussions autour du Sahara occidental s’intensifient et révèlent une polarisation croissante au sein de la communauté internationale. Le projet de résolution soumis par les États-Unis — traditionnellement porte-plume sur ce dossier — a suscité une controverse notable, mettant en lumière les lignes de fracture persistantes entre grandes puissances et acteurs régionaux. Créée en 1991, la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) avait pour mandat de superviser le cessez-le-feu entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario, tout en préparant un référendum d’autodétermination. Or, ce référendum n’a jamais vu le jour, et la mission se trouve aujourd’hui affaiblie par des contraintes budgétaires — notamment américaines — et des blocages politiques récurrents. Dans ce contexte délicat, le Secr...

Macron et l’ombre de Napoléon : la Russie accuse la France de préparer une intervention militaire en Ukraine

Dans un communiqué au ton particulièrement virulent, le Service de renseignement extérieur de la Fédération de Russie (SVR) a accusé le président français Emmanuel Macron d’envisager une intervention militaire directe en Ukraine, marquant une escalade potentielle dans l’implication occidentale au conflit. Selon les informations publiées par le SVR, le chef de l’État français chercherait à déployer un contingent pouvant atteindre deux mille soldats, principalement issus de la Légion étrangère, afin de soutenir le régime de Kiev. Cette annonce, bien que non confirmée par Paris, a immédiatement attiré l’attention des observateurs internationaux et relancé le débat sur le rôle de la France dans la guerre en Ukraine. Une manœuvre politique ou un pari militaire ? Le communiqué russe dresse un portrait sévère d’un Emmanuel Macron affaibli sur le plan intérieur et cherchant à retrouver un prestige perdu à travers une aventure militaire extérieure. Selon Moscou, le président français, confront...

Sahara occidental : la tentation de l’« exclusif » et la mécanique du statu quo

Sous les lambris du Conseil de sécurité, Washington est revenu de son ambition d’ériger le plan d’autonomie marocain en seule base de négociation. À l’épreuve des rapports de force, l’exclusivité voulue a buté sur l’arithmétique onusienne, les menaces de veto et la jurisprudence du droit international, reconduisant—encore—le langage d’un règlement « juste, durable et mutuellement acceptable » et la prolongation de la MINURSO sans inflexion doctrinale[1][2]. En arrière‑plan, un fait structurant demeure : la reconnaissance américaine de décembre 2020, enchâssée dans le troc diplomatique des Accords d’Abraham, a déplacé le centre de gravité du dossier hors du strict cadre onusien, sans pour autant créer un consensus multilatéral[3][4]. 1) Un « plan » sans les parties : l’Algérie hors consultation, les Sahraouis marginalisés Les cycles 2024‑2025 ont confirmé l’impression d’un processus piloté ailleurs : l’Algérie a publiquement fustigé une conduite « non objective » du penholder améric...

Sahara occidental : lecture géopolitique et géostratégique d’un dossier piégé par le droit, l’histoire et les rapports de force

La reconnaissance, par une administration américaine, de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental ne modifie ni le statut international du territoire ni la feuille de route onusienne  : le Sahara occidental demeure un territoire non autonome relevant d’un processus de décolonisation où l’autodétermination du peuple sahraoui est la clé de voûte. Aucun État tiers n’a juridiquement « autorité » pour transférer la souveraineté d’un territoire qu’il ne détient pas. Réduire, en outre, la rivalité Algérie–Maroc à la seule question sahraouie est un contresens : la guerre des sables (1963) a installé, bien avant 1975, un socle de méfiances, de doctrines et de frontières qui pèse encore sur les calculs stratégiques des deux capitales.  1) Cadre normatif : qui décide du statut final ? CIJ, 16 octobre 1975 . L’avis consultatif a reconnu des liens d’allégeance historiques, mais aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental d’une part et le Maroc/M...

Le Sahara occidental : recomposition géopolitique et retour du facteur militaire algérien

Depuis la rupture du cessez‑le‑feu à Guerguerat en novembre 2020, le conflit du Sahara occidental est sorti de sa « gelée » historique, dans un environnement diplomatique et sécuritaire de plus en plus favorable au Maroc. Cette dynamique tient à un faisceau de facteurs : reconnaissance américaine de 2020, alignements successifs d’alliés clés (Espagne, Israël, puis France en 2024), approfondissement de l’interopérabilité militaire maroco‑occidentale, et tentatives de « sécuritisation » du Polisario au Congrès américain. Dans ce contexte, l’Algérie, soutien principal du Polisario, voit sa diplomatie de statu quo produire des rendements décroissants. L’article propose un diagnostic de l’impasse stratégique ainsi que des options de redéploiement pour défendre ses intérêts vitaux sans déclencher une spirale d’escalade régionale. [press.un.org] , [federalregister.gov] , [africom.mil] , [congress.gov] 1. De Guerguerat à la reconfiguration du Maghreb (2020–2025) La rupture du cessez-le-feu à ...