Dans le contexte du conflit du Sahara occidental, certaines tentatives ont émergé pour assimiler le Front Polisario à un mouvement terroriste. Cette classification, cependant, ne résiste ni à l’analyse juridique internationale ni à l’examen des faits historiques. Le Front Polisario est reconnu comme le représentant légitime du peuple sahraoui par les Nations unies et d’autres instances internationales, et son action s’inscrit dans une logique de lutte anticoloniale encadrée par le droit international. En revanche, le Maroc, qui occupe illégalement le territoire du Sahara occidental, est régulièrement mis en cause pour ses pratiques autoritaires, ses violations des droits humains et ses liens présumés avec les réseaux de trafic de drogue. Cet article examine les fondements juridiques et factuels qui réfutent toute tentative de criminalisation du Front Polisario.

1. Reconnaissance internationale et légitimité du Front Polisario
Le Front Polisario (Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro), fondé en 1973, est reconnu par l’Organisation des Nations unies comme le représentant légitime du peuple sahraoui. Cette reconnaissance découle d’une série de résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité qui considèrent le Sahara occidental comme un territoire non autonome, en attente de décolonisation.
La Cour internationale de justice, dans son avis consultatif de 1975, a rejeté les revendications territoriales du Maroc et de la Mauritanie, réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Depuis lors, le Front Polisario est considéré comme l’interlocuteur principal dans le processus politique visant à résoudre pacifiquement le conflit.
Il est par ailleurs membre fondateur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), reconnue par plus de 80 États et membre à part entière de l’Union africaine. Cette reconnaissance diplomatique confère au Front Polisario une légitimité politique qui va à l’encontre de toute tentative de le réduire à un groupe subversif ou terroriste.
2. Une lutte encadrée par le droit international
Contrairement à ce que laisse entendre la rhétorique marocaine, le Front Polisario n’a jamais été impliqué dans des actes de terrorisme. Sa lutte armée contre l’occupation marocaine (1975–1991) s’est déroulée dans le cadre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, reconnu par l’article 1er commun aux deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, ainsi que par la résolution 1514 (XV) de l’ONU.
Les actes militaires menés par le Front Polisario ont été dirigés contre des cibles militaires marocaines, dans une logique de résistance armée et non d’attaques aveugles contre des civils. Depuis la signature du cessez-le-feu en 1991, sous l’égide de l’ONU, le Front Polisario a adopté une stratégie politique et diplomatique, plaidant pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
De plus, aucune organisation internationale spécialisée dans la lutte contre le terrorisme – comme l’ONU, l’Union européenne ou INTERPOL – n’a jamais classé le Front Polisario comme organisation terroriste. Cette absence de reconnaissance renforce la validité de sa lutte dans le cadre légal international.
3. L’hypocrisie de la rhétorique marocaine et ses dérives
À l’inverse, le Maroc, puissance occupante du Sahara occidental, est régulièrement pointé du doigt pour ses violations des droits humains dans les territoires occupés : répression des militants sahraouis, emprisonnements arbitraires, disparitions forcées, tortures.
Par ailleurs, plusieurs rapports d’organismes internationaux et d’enquêtes journalistiques indépendantes soulignent les liens persistants entre les élites marocaines et les réseaux de trafic de drogue, notamment dans la région du Rif. Le Maroc est ainsi l’un des premiers producteurs mondiaux de cannabis, et le blanchiment d’argent issu de ce trafic est suspecté d’alimenter des circuits financiers proches du pouvoir.
Cette réalité contraste fortement avec l’image que tente de projeter le régime marocain, tout en criminalisant son adversaire sahraoui. Il s’agit d’une stratégie de délégitimation politique, dénuée de fondement juridique ou factuel.
4. Conclusion
Assimiler le Front Polisario à un mouvement terroriste est non seulement erroné du point de vue du droit international, mais constitue également une tentative de réécriture politique du conflit du Sahara occidental. Le Front Polisario demeure un acteur central dans la quête de décolonisation du peuple sahraoui, légitimé par les institutions internationales, et engagé dans une lutte fondée sur la légalité internationale. En revanche, les accusations portées contre le Maroc quant à ses pratiques autoritaires et à ses liens avec les réseaux criminels méritent un examen plus approfondi, dans un souci de justice et de vérité.
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