La France persiste à clamer haut et fort son souhait de relations apaisées avec l’Algérie, prétendant même n’être en rien responsable de leur détérioration. Pourtant, comment ose-t-elle tenir un tel discours alors qu’elle sape de manière flagrante les intérêts vitaux de l’Algérie en reconnaissant la marocanité du Sahara occidental ? Cette décision, prise en juillet 2024 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, a marqué un véritable point de rupture dans les relations franco-algériennes. Et pourtant, Paris feint encore de s’étonner de la crispation qui en résulte !
Un coup de poignard diplomatique
Depuis des décennies, la position de l’Algérie sur la question sahraouie est constante et fondée sur un principe fondamental : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’Algérie n’a jamais varié dans son soutien à la cause sahraouie, en accord avec les résolutions onusiennes et les principes du droit international. Comment, dans ces conditions, la France peut-elle oser affirmer que sa reconnaissance unilatérale de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental n’a aucun impact sur l’Algérie ? Une telle déclaration relève non seulement d’une hypocrisie insoutenable, mais aussi d’un mépris profond pour l’intelligence des Algériens.
L’Algérie accueille sur son sol, dans la wilaya de Tindouf, des milliers de réfugiés sahraouis, dont la présence constitue une responsabilité humanitaire et sécuritaire majeure pour l’État algérien. En reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, la France ne fait qu’aggraver la situation, légitimant un fait accompli colonial et bafouant les droits du peuple sahraoui. Pire encore, elle ignore sciemment les répercussions géopolitiques d’une telle décision. Paris s’est-elle seulement interrogée sur les risques pour la sécurité nationale algérienne en cas de troubles provoqués par les Sahraouis dans les camps de réfugiés ?
Le silence coupable sur les visées expansionnistes du Maroc
Si la France se plaisait autrefois à jouer le rôle d’arbitre dans le conflit sahraoui, sa prise de position en faveur du Maroc en fait désormais un acteur partial, complice des ambitions expansionnistes marocaines. Car il ne s’agit pas simplement du Sahara occidental. Le Maroc, dans sa propre constitution, inscrit noir sur blanc une vision révisionniste de ses frontières, notamment à travers son article 42, qui évoque les « frontières authentiques » du royaume. Tout observateur sérieux – et la France en premier – sait parfaitement ce que cela signifie : une remise en cause des frontières actuelles et des revendications sur près d’un tiers du territoire algérien.
Dès lors, en soutenant Rabat dans sa politique expansionniste, Paris envoie un signal dangereux et irresponsable : elle légitime un précédent qui pourrait, demain, justifier d’autres velléités marocaines, cette fois aux dépens de l’Algérie. Cela ne relève pas du fantasme ni d’un excès de paranoïa algérienne : c’est une réalité inscrite dans les textes et dans les discours officiels marocains. En accordant un blanc-seing au Maroc, la France joue avec le feu et saborde toute perspective de confiance avec l’Algérie.
Un mépris évident pour l’Algérie
Comment, dans ces conditions, la France peut-elle prétendre vouloir des relations apaisées avec l’Algérie ? Une relation apaisée suppose le respect mutuel et la prise en compte des intérêts fondamentaux de chaque nation. Or, Paris agit avec arrogance et mépris, reléguant les préoccupations algériennes au rang de détails insignifiants. L’Algérie est sommée de se taire, d’accepter sans broncher une décision qui remet en cause la stabilité régionale, sous peine d’être accusée de crispation excessive.
Soyons clairs : la France ne cherche pas à apaiser les tensions avec l’Algérie. Elle cherche à imposer son diktat, à façonner les relations selon ses propres intérêts, en reléguant l’Algérie au rôle de simple figurant dans un jeu géopolitique où elle entend maintenir sa domination. Mais l’Algérie n’est plus celle des années 1960. Elle n’est ni un protectorat ni une nation vassale. Et face à l’arrogance de Paris, elle répondra avec fermeté et dignité.
Vers une rupture inévitable ?
Dans ces conditions, comment imaginer un avenir commun ? Comment croire encore en un dialogue sincère lorsque la France affiche un double langage aussi manifeste ? La vérité, c’est que Paris veut une Algérie docile, une Algérie qui s’incline devant ses décisions et qui renonce à ses principes fondamentaux. Or, l’Algérie a prouvé, tout au long de son histoire, qu’elle ne cède ni aux pressions ni aux diktats.
Si la France persiste dans cette voie, elle devra en assumer pleinement les conséquences. L’Algérie a d’autres partenaires, d’autres alliances, et elle n’a nul besoin d’une relation asymétrique où ses intérêts sont systématiquement sacrifiés sur l’autel de la realpolitik française. Paris doit choisir : un dialogue fondé sur le respect mutuel ou une rupture dont elle portera seule la responsabilité.
L’heure n’est plus aux faux-semblants. L’Algérie ne se taira pas.
Belgacem Merbah
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