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Réponse à Driss Ghali : Une approche biaisée et une rhétorique dangereuse

Dans son intervention sur CNEWS, Driss Ghali adopte une posture alarmiste en déclarant que « l’Algérie nous fait une déclaration de guerre perpétuelle » à la suite de l’attentat de Mulhouse. Une telle affirmation repose sur une vision tronquée et sélective des faits, occultant des réalités pourtant fondamentales dans l’analyse de cette affaire.

Non seulement cette approche manque de rigueur, mais elle soulève également plusieurs interrogations quant aux motivations de son auteur. Monsieur Ghali, en tant que citoyen marocain et non français, pourquoi cette posture plus royaliste que le roi ? Et pourquoi ignorer certaines vérités évidentes lorsqu’il s’agit du rôle du Maroc dans la question du terrorisme en Europe ?

1. Pourquoi être plus royaliste que le roi, alors que vous n’êtes pas français ?

Driss Ghali s’exprime comme si l’Algérie était un ennemi déclaré de la France, adoptant une rhétorique bien plus agressive que celle des autorités françaises elles-mêmes. Cette posture soulève une question essentielle : pourquoi un ressortissant marocain se positionne-t-il comme le porte-étendard de la France contre l’Algérie, alors même que cette dernière entretient une relation diplomatique fluctuante mais non belliqueuse avec Paris ?

  • Une instrumentalisation politique évidente : En diabolisant l’Algérie sur une chaîne française, Ghali alimente un narratif qui sert avant tout des intérêts particuliers, notamment ceux du Maroc, engagé dans une rivalité historique avec l’Algérie.
  • Un silence étrange sur la politique française vis-à-vis du Maroc : Si la France a pu critiquer l’Algérie sur certains dossiers, elle a également pris ses distances avec le Maroc sur des sujets sensibles (comme l'affaire Pegasus ou les accusations d'ingérence). Pourtant, Ghali ne dénonce jamais ces aspects, préférant se focaliser uniquement sur l’Algérie.

Un observateur impartial se demanderait alors : Driss Ghali défend-il réellement les intérêts français, ou sert-il une stratégie politique visant à nuire à l’image de l’Algérie ?

2. Pourquoi ne dites-vous pas que le Maroc est le principal pays d’origine des terroristes islamistes en Europe ?

Si Ghali veut accuser un pays de faire la « guerre perpétuelle » à la France et à l’Europe par le biais du terrorisme, alors il aurait dû, en toute logique, désigner en premier lieu le Maroc. Les chiffres sont pourtant sans appel :

  • Plus de 90 % des auteurs des attentats islamistes en Europe sont soit marocains, soit d’origine marocaine. Parmi les exemples les plus marquants :

    • L’attentat de Bruxelles en 2016 (les frères El Bakraoui et Najim Laachraoui, tous d’origine marocaine).
    • L’attentat de Barcelone en 2017 (Driss Oukabir et Younes Abouyaaqoub, Marocains).
    • L’attentat de Londres en 2017 (Rachid Redouane et Youssef Zaghba, Marocains).
    • L’assassinat de Samuel Paty en 2020 (l’assaillant, Abdoullakh Anzorov, n’était pas Marocain, mais un grand nombre des islamistes célébrant son acte sur les réseaux sociaux étaient d'origine marocaine).
    • L’attentat de Nice en 2020 (Brahim Aouissaoui, un Tunisien radicalisé dans un cercle influencé par des réseaux marocains).
  • Les combattants de Daech en Syrie et en Irak : Environ 70 % des Européens partis rejoindre l’État islamique étaient d’origine marocaine. Le Maroc figure parmi les plus gros fournisseurs de djihadistes étrangers, bien devant l’Algérie.

Si nous suivions la logique de Driss Ghali, ne faudrait-il pas alors dire que « le Maroc fait la guerre à la France et à l’Europe » ? Pourtant, il ne l’évoque jamais. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?

3. L’affaire de Mulhouse est un cas de droit commun, pas un acte de guerre

Il est également essentiel de remettre en perspective l’affaire de Mulhouse. Ce tragique événement relève avant tout d’un acte criminel isolé, commis par une personne souffrant de troubles mentaux. À ce titre :

  • La justice doit faire son travail : L’individu impliqué doit être jugé pour ses actes, mais cela ne saurait être instrumentalisé pour accuser un pays tout entier.
  • L’Algérie a condamné cet acte : Contrairement à ce que sous-entend Ghali, aucun Algérien sain d’esprit ne cautionne ce genre d’attaques, qui sont en contradiction totale avec les valeurs du pays et de son peuple.
  • Pourquoi faire de l’Algérie un bouc émissaire ? Accuser un pays pour un crime individuel est une manipulation médiatique dangereuse. Appliquerait-on la même logique en attribuant la responsabilité des attentats marocains à l’État marocain lui-même ?

Cette instrumentalisation est d’autant plus évidente que la majorité des terroristes ayant frappé la France ces dernières années ne sont pas Algériens, mais Marocains. Pourtant, jamais Driss Ghali n’aura ce genre de discours à l’encontre de son propre pays.

4. Une rhétorique irresponsable qui alimente la division

Les propos de Driss Ghali ne sont pas anodins. En utilisant un langage aussi virulent et en attribuant à l’Algérie des intentions hostiles, il contribue à une logique de confrontation qui ne profite à personne :

  • Une tentative d’exacerber les tensions entre la France et l’Algérie : Alors que les relations entre les deux pays sont déjà marquées par des hauts et des bas, de tels discours ne font qu’attiser les tensions.
  • Un discours qui divise les Franco-Algériens et Franco-Marocains : En jouant sur des oppositions ethniques et historiques, Driss Ghali alimente un climat de méfiance qui fragilise le vivre-ensemble en France.
  • Une manipulation idéologique : Ce genre de rhétorique sert avant tout un agenda politique, visant à discréditer l’Algérie sur la scène internationale au profit d’autres intérêts.

Conclusion : Une attaque malhonnête et un discours à géométrie variable

L’intervention de Driss Ghali sur CNEWS repose sur des raccourcis simplistes et une approche biaisée des faits. En accusant l’Algérie d’être en « guerre perpétuelle » contre la France, il ignore volontairement les réalités de la coopération franco-algérienne et détourne l’attention des véritables enjeux sécuritaires.

Monsieur Ghali, pourquoi cet acharnement contre l’Algérie alors que les chiffres montrent que le Maroc est le principal pays d’origine des terroristes ayant frappé la France et l’Europe ces dernières années ?

Plutôt que d’alimenter des discours polémiques et mensongers, une approche plus honnête et équilibrée serait nécessaire pour comprendre les véritables dynamiques du terrorisme en Europe et de la gestion migratoire entre la France et les pays du Maghreb.

Vive le débat rationnel et éclairé, loin des manipulations médiatiques et des agendas cachés.




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