Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a rendu une décision retentissante qui expose au grand jour les profondes failles de la Confédération Africaine de Football (CAF). En invalidant la validation des maillots controversés du RS Berkane, le TAS ne se limite pas à rappeler une simple règle : il dénonce un manquement grave aux principes de neutralité et d’équité censés régir le football africain.
Mais ce jugement dépasse largement le cadre d’un simple litige réglementaire. Il met en lumière un problème plus inquiétant : la mainmise croissante de certaines influences politiques sur la CAF et les soupçons persistants de corruption qui entachent sa gestion. Ce verdict du TAS est un désaveu cinglant qui pose une question cruciale : la CAF est-elle encore une institution crédible, ou est-elle devenue l’instrument d’intérêts partisans ?
Une décision qui dévoile les dérives de la CAF
Tout a commencé en avril 2024, lorsque la CAF a approuvé les maillots du RS Berkane arborant une carte du Maroc incluant le Sahara occidental, un territoire dont le statut est disputé sur la scène internationale. Cette validation a immédiatement suscité la controverse, car elle contredit directement les règlements de la CAF et de la FIFA, qui interdisent strictement toute référence politique sur les équipements des joueurs.
L'Algérie, par l'intermédiaire de la Fédération Algérienne de Football (FAF) et du club de l’USM Alger, a rapidement saisi le TAS pour contester cette décision, dénonçant une violation flagrante des règles. Après des mois de procédure, le 26 février 2025, la juridiction suisse a tranché en faveur de l’Algérie, infligeant une humiliation cuisante à la CAF.
Le jugement du TAS ne se contente pas d’annuler la décision de l’instance africaine : il constitue un avertissement solennel en rappelant expressément à la CAF son obligation de neutralité politique. Un rappel qui en dit long sur les dérives actuelles de l’instance dirigeante du football africain.
L’emprise marocaine sur la CAF : un secret de moins en moins bien gardé
Ce verdict vient conforter une thèse de plus en plus évoquée dans les cercles du football africain : la CAF ne serait plus une entité indépendante, mais une organisation sous influence, notamment marocaine. L’affaire du RS Berkane en est une illustration frappante, mais elle s’inscrit dans une série d’événements troublants qui alimentent les soupçons.
Lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2022, l’Algérie a été éliminée dans des circonstances controversées face au Cameroun. L’arbitrage de cette rencontre, marqué par des décisions douteuses en défaveur des Algériens, a soulevé une vague de protestations, certains y voyant la main d’un lobby influent au sein de la CAF. Cette injustice supposée a durablement entamé la confiance des Algériens envers l’instance africaine.
Autre épisode marquant : l’attribution de la Coupe d’Afrique des Nations 2025. L’Algérie, qui disposait d’infrastructures de pointe et de stades déjà opérationnels, a été écartée au profit du Maroc, dont les installations étaient encore incomplètes et ne répondaient pas aux standards exigés. Une décision qui a suscité des interrogations sur les critères réels ayant guidé ce choix et renforcé le sentiment d’une CAF soumise à des pressions politiques.
Ce jugement du TAS apparaît donc comme une confirmation indirecte de ce que beaucoup soupçonnaient déjà : la gestion de la CAF est gangrenée par des ingérences externes qui compromettent son impartialité.
Un camouflet pour la CAF, une victoire pour l’Algérie
La décision du TAS est un véritable coup de massue pour la CAF, qui se retrouve publiquement discréditée. Déjà fragilisée par plusieurs polémiques, l’instance africaine voit son autorité encore plus remise en question. Cette affaire vient rappeler que, malgré les jeux d’influence, il existe des garde-fous capables de rétablir une certaine justice sportive.
Pour l’Algérie, ce verdict est une victoire éclatante qui dépasse largement le cadre du football. C’est une démonstration de force qui prouve que les décisions de la CAF ne sont pas inattaquables et que des recours existent pour contester ses abus. L’USM Alger et la FAF ont su mener un combat juridique stratégique qui se solde par un triomphe retentissant, envoyant un message fort aux autres fédérations africaines : il est possible de faire valoir ses droits face à une CAF jugée partiale.
Mais ce jugement soulève une question essentielle : la CAF saura-t-elle tirer les leçons de cette débâcle et opérer une réforme en profondeur pour restaurer son image ? Rien n’est moins sûr.
Quel avenir pour la CAF après cette humiliation ?
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans l’histoire du football africain. Le verdict du TAS ouvre la voie à un contrôle accru des décisions de la CAF et incite les fédérations nationales à ne plus hésiter à saisir la justice en cas de manquements.
Si la CAF veut éviter de sombrer dans une crise institutionnelle plus profonde, elle devra entreprendre des réformes majeures pour garantir une application rigoureuse et impartiale de ses règlements. Elle devra également clarifier ses processus de prise de décision et se prémunir contre les influences politiques qui ternissent son image.
Dans le cas contraire, cette perte de crédibilité risque d’avoir des conséquences durables : perte de confiance des fédérations, multiplication des recours devant le TAS, et inévitablement, une érosion de l’autorité de la CAF sur le football africain.
En attendant, une certitude demeure : ce verdict du TAS sonne comme un électrochoc. L’Algérie, en remportant cette bataille juridique, a ouvert une brèche qui pourrait encourager d’autres nations à ne plus se taire face aux injustices. La CAF, elle, sort profondément affaiblie de cette affaire, et son avenir dépendra de sa capacité – ou non – à se réinventer.
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