La fragilité des nations qui délèguent leur sécurité à des puissances étrangères : Leçons de l'épisode Trump-Zelensky et parallèle marocain
Les bouleversements récents sur la scène internationale révèlent avec acuité la fragilité des nations qui fondent leur sécurité sur des alliances étrangères. L'épisode où Donald Trump, revenu au-devant de la scène politique américaine, aurait sèchement écarté Volodymyr Zelensky de la Maison Blanche tout en menaçant de couper l'aide militaire américaine à l'Ukraine face à la Russie, illustre brutalement cette réalité.
Cet événement, bien au-delà de son impact sur le conflit russo-ukrainien, soulève une question universelle : peut-on bâtir une politique de défense nationale en se reposant sur la protection d'alliés étrangers sans en payer, tôt ou tard, le prix de la soumission ou de l'abandon ?
Ce dilemme, qui s'impose à l'Ukraine dans sa guerre existentielle contre la Russie, trouve un écho troublant dans notre région, où le Maroc adopte depuis quelques années une posture belliqueuse face à l'Algérie, tout en misant largement sur l'appui de ses partenaires occidentaux et israéliens. Une stratégie risquée qui pourrait s'effondrer si ces alliances de circonstance venaient à se dérober, laissant Rabat face à sa propre faiblesse structurelle.
L'épisode Trump-Zelensky : Une leçon impitoyable de géopolitique
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Kiev s'est largement appuyée sur l'aide militaire, financière et diplomatique des États-Unis et des pays de l'OTAN pour contrer l'invasion russe. Cette dépendance a permis à l'Ukraine de résister, mais elle l'a aussi rendue vulnérable aux caprices des équilibres politiques internationaux.
Le retour de Donald Trump, connu pour son isolationnisme et sa méfiance envers l'OTAN, a ravivé cette incertitude. L'humiliation que Zelensky a subie à Washington démontre que les alliances ne sont jamais éternelles, et que la solidarité affichée par les grandes puissances obéit toujours à la logique implacable des intérêts nationaux.
Si Trump venait à couper l'aide militaire à l'Ukraine, comme il l'a laissé entendre, il précipiterait probablement la chute de Kiev, offrant ainsi à la Russie une victoire stratégique majeure. Cet épisode souligne une vérité que les petites nations refusent souvent d'admettre : aucune puissance ne se sacrifie pour un allié faible dont l'existence ne sert plus ses propres intérêts.
Du Donbass au Maghreb : Le parallèle Maroc-Algérie
Dans le Maghreb, le Maroc semble emprunter une voie similaire à celle de l'Ukraine, en pariant sur des alliances extérieures pour compenser son déséquilibre militaire face à l'Algérie. Depuis la normalisation de ses relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham, Rabat a considérablement renforcé ses liens militaires avec Tel-Aviv, obtenant des drones kamikazes Harop, des technologies de surveillance et des systèmes de défense.
Parallèlement, la France, l'Espagne et les États-Unis entretiennent une coopération militaire régulière avec le royaume chérifien, alimentant l'illusion que ces puissances interviendraient automatiquement en cas de conflit avec l'Algérie.
Pourtant, cette stratégie dissimule une faiblesse structurelle profonde : le Maroc, malgré une modernisation de façade, reste une armée dépendante à tous les niveaux, que ce soit pour la logistique, la maintenance ou la formation de ses troupes.
Une dépendance logistique criante : L'armée marocaine sans colonne vertébrale
L'une des vulnérabilités les plus flagrantes de l'armée marocaine réside dans sa logistique fragile et sa dépendance totale vis-à-vis de l'étranger pour assurer le fonctionnement de ses équipements militaires.
1. Carburant : Le talon d'Achille marocain
Alors que l'Algérie possède une réserve stratégique de carburant militaire suffisante pour soutenir des opérations prolongées, le Maroc ne dispose d'aucune capacité autonome de ravitaillement en cas de guerre.
Ses stocks de carburant dépendent directement des importations européennes, principalement via l'Espagne. Une simple fermeture des routes maritimes ou une pression internationale suffirait à asphyxier l'armée marocaine en quelques jours, avant même le début des combats.
2. Maintenance : Une armée sur catalogue
Les équipements modernes acquis par le Maroc (chars Abrams M1A1, avions F-16, systèmes de défense Patriot) nécessitent une maintenance pointue assurée exclusivement par des techniciens étrangers. En cas de conflit, ces techniciens quitteraient immédiatement le pays, laissant les unités blindées et aériennes marocaines à l'arrêt.
3. Préparation opérationnelle : Une armée de parade
Si l'armée algérienne mène jusqu'à dix grandes manœuvres militaires par an avec tirs réels, l'armée marocaine se contente de quelques exercices symboliques sous la supervision de partenaires étrangers, souvent sans munitions réelles. Cette différence témoigne d'une culture militaire davantage tournée vers la parade que vers le combat réel.
Une armée sous-traitée, une souveraineté bradée
Le véritable danger pour le Maroc réside dans sa doctrine militaire sous-traitée. Alors que l'Algérie a toujours adopté une doctrine d'autonomie stratégique, développant sa propre industrie militaire et multipliant les alliances avec des partenaires diversifiés (Russie, Chine, Iran), le Maroc s'aligne totalement sur la doctrine occidentale.
Cette position place Rabat dans une posture de satellite géopolitique, incapable de prendre des décisions stratégiques indépendantes. Une guerre entre le Maroc et l'Algérie ne serait donc pas seulement un affrontement entre deux nations, mais un combat entre une armée indépendante et une armée sous-traitée par des puissances étrangères.
Israël : Un soutien opportuniste, non stratégique
L'alliance maroco-israélienne, souvent mise en avant par la propagande marocaine, reste largement opportuniste. Israël y voit avant tout une tête de pont pour s'infiltrer en Afrique, mais il est peu probable que Tel-Aviv prenne le risque d'une confrontation avec l'Algérie pour défendre Rabat.
Israël n'a jamais mené de guerre pour protéger un allié étranger, et rien ne laisse penser qu'il rompra cette doctrine pour le Maroc.
Le syndrome de la dépendance
L'épisode Trump-Zelensky et la situation marocaine rappellent une vérité géopolitique fondamentale : aucune nation ne peut fonder sa sécurité sur la seule protection d'alliés étrangers.
Le Maroc, en misant sur ses partenariats avec l'Occident et Israël pour compenser son déséquilibre face à l'Algérie, adopte une posture dangereusement naïve qui pourrait s'effondrer au premier coup de vent géopolitique.
L'histoire montre que les grandes puissances ne se battent jamais pour les faibles, mais seulement pour leurs propres intérêts. Lorsque l'équilibre du rapport coût-bénéfice penche en leur défaveur, elles abandonnent sans hésiter les nations qui se croyaient protégées.
Vers un réveil stratégique ?
Si le Maroc souhaite véritablement assurer sa souveraineté, il ne pourra le faire qu'en adoptant une politique fondée sur :
- L'autonomie militaire
- La diversification des alliances
- Une économie capable de soutenir un effort de guerre prolongé
- Une diplomatie régionale axée sur la coopération plutôt que sur la confrontation
L'humiliation de Zelensky doit servir d'avertissement à Rabat : les nations qui délèguent leur sécurité à des puissances étrangères finissent toujours par en payer le prix fort.
La paix au Maghreb ne viendra ni des drones israéliens ni des promesses américaines, mais d'un équilibre fondé sur la souveraineté, la coopération régionale et la force propre des nations.
La géopolitique ne pardonne jamais la naïveté.
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