Quand la négation devient complicité : réponse à ceux qui défendent le colonialisme français en Algérie
Il faut le dire sans détour : nier ou relativiser les crimes du colonialisme français en Algérie n’est pas une opinion, c’est une complicité morale.
La récente vidéo de Abdelfettah Naom, dans laquelle il qualifie la loi algérienne de criminalisation du colonialisme français d’« inutile », s’inscrit dans une entreprise plus grave qu’une simple erreur d’analyse. Elle participe à un révisionnisme colonial assumé, qui banalise l’oppression, excuse la violence et humilie la mémoire de millions de victimes.
I. L’argument de « l’inutilité » : l’alibi des négateurs
Dire qu’une loi est inutile parce qu’elle ne conduit pas immédiatement à des procès internationaux est un argument creux, indigne de toute réflexion sérieuse. Aucune loi mémorielle dans le monde n’a été conçue pour satisfaire les fantasmes de ceux qui exigent des arrestations spectaculaires.
Les lois contre le négationnisme de la Shoah n’ont pas été votées pour juger l’Allemagne nazie une seconde fois, mais pour interdire le mensonge, fixer la vérité et sanctuariser la mémoire.
Pourquoi ce droit serait-il légitime pour l’Europe, mais suspect lorsqu’il s’agit de l’Algérie ?
La réponse est simple et dérangeante :
👉 parce que certains refusent toujours de considérer l’Algérien comme une victime légitime de l’Histoire.
II. Le colonialisme français : un crime, pas un débat
Mettre en doute les crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie relève soit de l’ignorance crasse, soit de la mauvaise foi.
Le colonialisme français, c’est :
- l’extermination par les enfumades ;
- la dépossession systématique de la terre ;
- les famines organisées ;
- le Code de l’indigénat, véritable apartheid juridique ;
- la torture érigée en méthode d’État ;
- les camps, les exécutions, les villages rasés ;
- et, comble du cynisme, les essais nucléaires criminels dans le Sahara, avec leurs morts silencieux qui continuent encore aujourd’hui.
Tout cela répond pleinement et sans ambiguïté à la définition des crimes contre l’humanité.
Nier cette réalité, c’est cracher sur l’histoire, sur les archives, sur les témoignages, et sur les principes mêmes du droit international.
III. Pourquoi ce discours est-il porté depuis le Maroc ?
Il faut avoir le courage de le dire clairement.
Si certains commentateurs marocains se transforment aujourd’hui en avocats zélés du colonialisme français en Algérie, ce n’est ni par amour de la vérité historique ni par souci académique.
C’est par calcul politique, par rivalité régionale et par alignement idéologique.
Délégitimer la mémoire algérienne, c’est :
- affaiblir son capital moral ;
- relativiser sa révolution ;
- et tenter de la présenter comme obsédée par le passé, pendant que d’autres s’agenouillent devant l’ancien colonisateur au nom du « pragmatisme ».
Mais ce pragmatisme-là a un nom : la soumission mémorielle.
IV. La loi de criminalisation : un acte de souveraineté, pas un caprice
Contrairement aux discours méprisants de Naom et consorts, cette loi n’est pas décorative.
Elle est :
- un acte de souveraineté ;
- une déclaration claire que le crime colonial n’est pas négociable ;
- un rempart contre la banalisation et la glorification de l’oppression ;
- un message à la France et à ses relais : l’Algérie ne mendie plus la reconnaissance, elle impose la qualification.
Cette loi ne vise pas seulement Paris.
Elle vise aussi tous ceux, ici ou ailleurs, qui trouvent toujours une bonne raison d’excuser le bourreau et de suspecter la victime.
V. Le vrai scandale : le colonisé qui refuse de se taire
Ce qui dérange réellement, ce n’est pas la loi.
C’est le fait que l’Algérie parle sans permission, nomme le crime sans validation extérieure, et refuse de se soumettre à l’arbitrage moral de ceux qui n’ont jamais payé le prix du sang.
Pour certains, le colonisé acceptable est celui qui oublie, qui pardonne sans reconnaissance, qui coopère sans mémoire.
L’Algérie, elle, a choisi de ne pas oublier.
Conclusion
Qualifier la criminalisation du colonialisme français d’inutile, c’est :
- banaliser un système de domination raciste et meurtrier ;
- insulter la mémoire des victimes ;
- et, consciemment ou non, prendre parti pour le colonisateur.
L’histoire ne sera pas réécrite pour le confort de quelques idéologues en mal de reconnaissance.
La vérité ne dépend pas de vidéos YouTube.
Et la dignité d’un peuple ne se négocie pas.
La loi n’est pas inutile.
Ce qui est inutile, c’est de croire qu’on peut construire une posture politique en piétinant la mémoire des morts.
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