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Pourquoi la CAF a‑t‑elle désigné l’arbitre gabonais Atcho Ghislain pour Algérie – Soudan ?

La Confédération africaine de football (CAF) a annoncé la nomination du Gabonais Pierre Atcho Ghislain pour diriger la rencontre Algérie – Soudan. Un choix qui suscite une vive controverse, notamment en raison des antécédents du même arbitre lors de la CAN 2023, où il officiait comme arbitre VAR lors des matchs de l’Algérie contre l’Angola et le Burkina Faso, matchs émaillés de décisions litigieuses qui avaient donné lieu à une plainte officielle de la Fédération algérienne de football (FAF). 

Dans ce contexte, une question centrale se pose : alors que la CAF dispose de dizaines d’arbitres qualifiés, pourquoi désigner précisément Atcho Ghislain pour une rencontre impliquant l’Algérie ?

1. Un passif lourd : les précédents qui alimentent la méfiance

1.1 L’épisode Angola – Algérie

Lors du match Algérie – Angola à la CAN 2023, Atcho était en charge du VAR. Plusieurs actions contestées n’avaient pas été signalées à l’arbitre central, ce qui avait suscité une controverse immédiate. La rencontre s’était soldée par un nul 1‑1, mais l’arbitrage avait fortement influencé la dynamique du match. 

1.2 Le match Algérie – Burkina Faso

Quelques jours plus tard, rebelote : Atcho occupait de nouveau la salle VAR lors du match face au Burkina Faso (2‑2). Là encore, plusieurs fautes flagrantes dans la surface n’avaient entraîné ni appel vidéo ni intervention corrective, poussant la FAF à adresser une réclamation officielle à la CAF le 20 janvier 2024, en dénonçant des “erreurs arbitrales vérifiables” et une gestion VAR “inappropriée”. 

1.3 Un arbitre temporairement écarté… puis réintégré

Après la CAN 2023, Atcho a été écarté des matchs restants, notamment après la rencontre Côte d’Ivoire – Sénégal en huitièmes de finale, où les deux équipes avaient dénoncé de graves erreurs arbitrales. Toutefois, la CAF avait minimisé cette mise à l’écart en affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une sanction disciplinaire mais d’un simple réajustement des nominations. 

2. Pourquoi le rappeler aujourd’hui ? Les logiques internes de la CAF

2.1 Le cercle limité des arbitres VAR africains

La CAF dispose d’un nombre restreint d’arbitres spécialisés dans la gestion du VAR. Atcho fait partie des profils fréquemment appelés, comme en atteste sa sélection parmi les arbitres VAR du CHAN 2025, où il était l’unique représentant gabonais retenu pour officier dans cette catégorie. 

Cette pénurie relative conduit mécaniquement la CAF à recycler les mêmes profils malgré les controverses.

2.2 Une politique de “réintégration progressive”

La CAF montre souvent une certaine indulgence vis‑à‑vis des arbitres ayant connu des erreurs médiatisées. Atcho a ainsi continué à officier sur des matchs importants, notamment ceux de l’USM Alger en compétitions africaines, malgré les précédents, ce qui correspond à une stratégie assumée de “réhabilitation” plutôt que d’exclusion définitive. 

2.3 Le poids des réseaux internes

Plusieurs analyses sportives africaines évoquent régulièrement l’influence de groupes de pression au sein de la CAF, capables d’orienter certaines nominations arbitrales. L’affaire Atcho, qui revient de façon récurrente dans des matchs sensibles, alimente ces soupçons sans que rien ne puisse toutefois être prouvé formellement. 

3. Les risques pour l’équipe nationale algérienne

3.1 Un risque de répétition des précédents

Avec un arbitre ayant un passif déjà lourd vis‑à‑vis de l’Algérie, la crainte de revivre des scénarios similaires est légitime.

3.2 Importance d’un encadrement institutionnel sévère

La FAF devra rester vigilante :

  • en signalant officiellement son souci avant le match,
  • en rappelant les erreurs passées,
  • en exigeant un suivi vidéo minutieux de la salle VAR.

Une démarche préventive, institutionnelle, peut parfois influencer positivement le comportement arbitrable.

Conclusion : un choix qui soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses

Le retour d’Atcho Ghislain dans une rencontre de l’Algérie n’est pas le fruit du hasard. Il résulte de plusieurs facteurs : un vivier restreint de spécialistes VAR, une CAF peu encline à sanctionner durablement ses arbitres, une logique de réintégration automatique, et peut‑être des influences internes non avouées.

Mais une chose est sûre :
la nomination d’un arbitre impliqué dans deux décisions contestées ayant coûté très cher aux Verts fait naître un climat de suspicion que la CAF aurait pu éviter.

La question demeure ouverte :
la CAF cherche‑t‑elle à tester la neutralité retrouvée de l’arbitre… ou joue‑t‑elle, une fois de plus, avec les nerfs de l’Algérie ?

Par Belgacem Merbah



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