La séquence a été abondamment relayée. Lors du match Algérie–Burkina Faso, disputé au Maroc dans le cadre de la Coupe d’Afrique des nations, les caméras ont soigneusement insisté sur une image présentée comme chargée d’émotion : Cheb Khaled, installé dans les tribunes, brandissant un fanion vert, blanc et rouge. Une image calibrée, répétée, presque martelée.
Mais loin de produire l’effet escompté, la scène a ravivé une colère sourde. Pour une large partie des Algériens, il ne s’agissait ni d’un geste spontané ni d’un retour sincère au cœur national, mais d’une opération de communication tardive. Le peuple algérien, lui, ne confond pas l’amour de la patrie avec une mise en scène télévisuelle.
Cette apparition ne peut être dissociée d’un passé récent lourd de sens. Depuis plusieurs années, Khaled a multiplié des actes perçus comme des provocations directes envers l’Algérie, au point de rompre durablement le lien de confiance avec une large frange de l’opinion publique.
Parmi ces actes, l’un des plus graves demeure la composition et l’interprétation d’une chanson glorifiant l’occupation marocaine du Sahara occidental. Ce geste n’est pas anodin. Il s’inscrit en contradiction frontale avec la position historique, politique et diplomatique de l’Algérie, qui soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément au droit international.
Pour de nombreux Algériens, ce choix artistique n’est pas une simple divergence d’opinion. Il constitue une prise de position politique explicite contre les intérêts vitaux de l’Algérie, sur un dossier considéré comme stratégique, identitaire et moral.
De l’alignement politique à l’influence hostile
À cette chanson s’ajoutent d’autres décisions lourdes de sens :
la naturalisation marocaine assumée et politiquement mise en avant ;
des déclarations publiques favorables aux narratifs officiels de Rabat ;
une présence régulière dans des dispositifs culturels et médiatiques marocains où l’Algérie est marginalisée, voire implicitement désignée comme adversaire ;
un silence constant, voire calculé, lorsque l’Algérie est attaquée sur ses positions régionales.
À force d’actes répétés, Khaled n’apparaît plus comme un artiste détaché des enjeux politiques. Aux yeux de nombreux citoyens, il est devenu un agent d’influence culturelle marocain, mobilisé dans une stratégie de soft power visant à banaliser l’occupation du Sahara occidental et à affaiblir la centralité diplomatique algérienne.
Dans un contexte régional marqué par des tensions ouvertes, la culture n’est jamais neutre. Lorsqu’elle épouse un narratif hostile à son pays d’origine, elle cesse d’être artistique pour devenir politique.
Des actes assimilés, dans l’opinion, à une trahison nationale
Il faut mesurer la gravité de la perception populaire. Pour beaucoup d’Algériens, glorifier l’occupation d’un territoire dont l’Algérie défend la libération, soutenir un État en conflit politique direct avec elle et revenir ensuite agiter le drapeau national devant les caméras relève d’un comportement qui s’apparente, symboliquement et moralement, à une forme de haute trahison.
Il ne s’agit pas ici d’une qualification judiciaire, mais d’un jugement politique et historique porté par l’opinion nationale. Dans l’imaginaire algérien, forgé par la guerre de libération, les lignes sont claires : on ne joue pas avec les causes justes, on ne relativise pas l’occupation, on ne fragmente pas la loyauté.
Le peuple algérien, gardien inflexible de ses symboles
L’Algérie n’est ni une scène ni un décor émotionnel. C’est une nation forgée par le sacrifice, la résistance et la dignité. Son drapeau ne se brandit pas pour réparer une image ternie. Il se mérite par la constance, la clarté et la fidélité.
Les Algériens n’ont pas oublié :
les prises de position hostiles ;
les alignements étrangers assumés ;
ni ceux qui ont choisi un camp contre leur propre pays.
Le nationalisme algérien n’est pas folklorique. Il est moral, historique et politique. Il repose sur une exigence simple : la loyauté ne se négocie pas.
Le silence qui confirme la rupture
Interpellé dans les tribunes, sur le ton de l’ironie, pour préciser quelle équipe il soutenait réellement, Khaled a esquivé. Un rire, une pirouette, mais aucune affirmation claire : pas de « je suis avec l’Algérie ».
Dans un contexte aussi chargé, ce silence vaut aveu. Il révèle la crainte de déplaire à un pouvoir étranger et l’impossibilité d’assumer publiquement une fidélité algérienne devenue incompatible avec ses choix passés. Le peuple algérien sait lire ces silences. Et il ne les absout pas.
Une exigence nationale désormais assumée
L’Algérie a clairement tracé une ligne rouge : la fidélité à la patrie n’est pas négociable. L’ambiguïté n’a plus sa place. Dans ce climat, la récente adoption par l’Assemblée populaire nationale de la loi sur la déchéance de nationalité agit comme un signal politique fort. Non comme une menace ciblée, mais comme l’affirmation d’une nouvelle exigence nationale : cohérence, loyauté, responsabilité.
On ne peut pas combattre symboliquement l’Algérie tout en se réclamant, par intermittence, de ses couleurs.
Conclusion : l’Algérie comme boussole
La présence de son épouse, agitant simultanément le drapeau algérien et le drapeau marocain, a cristallisé le malaise. Pour beaucoup, cette image a résumé l’essence du problème : une confusion assumée, une loyauté fractionnée, incompatible avec les exigences de l’heure.
Pour une grande partie de l’opinion, la rupture est désormais actée. Il est trop tard pour réparer une image, trop tard pour jouer l’équilibrisme. On ne peut pas glorifier une occupation, servir un narratif hostile et prétendre encore parler au nom du cœur algérien.
En définitive, cette affaire dépasse le cas d’un chanteur.
Elle rappelle une vérité fondamentale : dans la bataille des symboles, l’Algérie est la boussole.
Et face aux caméras comme face à l’Histoire, le nationalisme algérien demeure — fidèle à ses principes immuables : dignité, souveraineté et loyauté sans compromis.
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