Boualem Sansal gracié par le président Abdelmadjid Tebboune : un geste d’humanité ou une faute politique ?
L’annonce de la grâce présidentielle accordée à Boualem Sansal a provoqué surprise, débats et indignation en Algérie. L’écrivain franco-algérien, condamné à cinq ans de prison pour des propos jugés attentatoires à l’unité nationale, sera transféré en Allemagne pour y recevoir des soins, à la demande du président Frank-Walter Steinmeier. Si le geste semble motivé par des considérations humanitaires, il révèle en réalité un enchevêtrement diplomatique où s’affrontent principes de souveraineté, équilibres européens et calculs politiques.
Un geste humanitaire à lecture diplomatique multiple
Officiellement, la décision présidentielle s’inscrit dans le cadre d’une réponse “humanitaire” à une requête allemande. Boualem Sansal, âgé et malade, bénéficierait ainsi d’un transfert pour soins, dans un esprit de clémence et d’ouverture. Mais les observateurs attentifs savent que, derrière cette façade, se cache un jeu d’influences plus subtil.
Depuis plusieurs mois, Paris cherchait à obtenir la libération de Sansal, en multipliant les signaux diplomatiques et médiatiques. Face au refus d’Alger de céder à une pression directe, il est plausible que la France ait choisi de passer par Berlin, partenaire européen jugé plus crédible et plus respectueux dans son approche du Maghreb. L’Allemagne aurait ainsi servi de canal diplomatique neutre, permettant à Paris de sauver la face tout en amenant Alger à un geste que cette dernière refusait d’accorder sous contrainte française.
Dans ce scénario, la décision algérienne apparaît non pas comme un acte de faiblesse, mais comme une manœuvre tactique maîtrisée : Alger choisit le moment, la forme et l’interlocuteur, transformant une pression occidentale en opportunité diplomatique.
Paris pris de court : un message de souveraineté
L’un des aspects les plus révélateurs de cette affaire réside dans la marginalisation de la diplomatie française. Longtemps habituée à considérer l’Algérie comme un espace d’influence privilégié, Paris a vu la libération de Sansal lui échapper entièrement. Le calendrier, lui, parle de lui-même : la grâce est prononcée quelques jours avant la visite à Alger du ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, le privant ainsi d’un précieux levier de négociation et de toute possibilité de s’attribuer le mérite de cette libération.
L’Algérie envoie ainsi un message clair : ses décisions ne s’arrachent pas, elles se prennent. En agissant selon son propre calendrier et en donnant à Berlin, et non à Paris, le rôle d’interlocuteur officiel, Alger réaffirme la pleine indépendance de sa diplomatie.
Ce choix illustre une recomposition stratégique plus large : l’Algérie renforce ses liens avec les partenaires européens jugés sérieux — Allemagne, Italie, voire Espagne — tout en marginalisant la France, engluée dans ses réflexes postcoloniaux.
Une fracture entre humanité et dignité nationale
Sur le plan intérieur, cette décision continue de susciter des interrogations profondes. Boualem Sansal n’a pas été condamné pour ses œuvres littéraires, mais pour des déclarations remettant en cause l’intégrité territoriale du pays. Ses propos, provocateurs et irresponsables, affirmant que l’ouest de l’Algérie appartiendrait au Maroc, ont provoqué une vive émotion et une indignation légitime au sein de l’opinion nationale.
Dans ce contexte, la grâce présidentielle apparaît pour une partie de l’opinion comme une atteinte à la mémoire nationale. Beaucoup y voient une concession morale, voire une entorse à la fermeté souveraine incarnée jadis par Houari Boumediene.
Le risque politique pour le président Tebboune est réel : en se plaçant sur le terrain humanitaire, il expose son autorité à une lecture populiste et nationaliste qui pourrait interpréter cette décision comme un “recul” face à l’Occident.
Entre geste tactique et transaction implicite
L’hypothèse d’une transaction politique n’est pas à écarter. Dans les rapports diplomatiques, les gestes humanitaires ne sont jamais totalement désintéressés. La libération de Sansal pourrait s’inscrire dans une logique d’échanges plus larges : soutien européen sur les dossiers énergétiques, coopération sécuritaire renforcée, ou appui diplomatique sur les questions régionales (Libye, Sahel, Sahara occidental).
Mais l’essentiel est ailleurs : l’Algérie a choisi le cadre et la narration. Ce n’est pas sous pression, mais sous initiative contrôlée que la décision a été annoncée. Elle permet à Alger de se présenter à la fois comme État souverain et acteur humaniste, équilibrant fermeté et ouverture.
Conclusion : la souveraineté par la stratégie
L’affaire Boualem Sansal ne doit pas être lue comme une capitulation, mais comme une manœuvre diplomatique calculée, révélatrice d’une Algérie qui navigue avec prudence dans un environnement international mouvant.
La France en sort affaiblie, Berlin renforcé, et Alger repositionné.
Mais sur le plan symbolique, la décision rappelle une vérité fondamentale : la souveraineté n’est pas seulement affaire de fermeté, elle est aussi affaire d’intelligence stratégique.
L’Algérie, en choisissant son moment, son interlocuteur et son discours, a rappelé que, même dans les gestes d’humanité, le dernier mot appartient à la nation souveraine.
Par Belgacem Merbah
Cette décision est une grave erreur politique on a fini par céder elle est où la souveraineté elle est où la parole d'un gouverneur
RépondreSupprimerTOUT EST CALCULER AU MICRO PRES . UN SANSAL QUI CREVE EN EUROPE ET UNE BENEDICTION POUR L'ALGÉRIE . LA FRANCE A TOUT FAIT POUR QUE LE SORT DE SANSAL SOIT SCELLER AVEC UN DECES EN ALGERIE . SACHANT QU'IL EST AGEE DE PLUS AVEC UN CANCER IL FALLAIT SEN DEBARRASSER LE PLUS VITE POSSIBLE .LES MANOEUVRES FRANCAISES AVAIT POUR BUT NON-PAS DE LE LIBERER MAIS QU'IL RESTE EMPRISONNER . ILS LEURS SERVAIT PLUS MORT QUE VIVANT . EN FACE CEST S"EN PITIÉ ET POUR EUX SANSAL NEST QU UN BOUGNOUILLE QUI LEURS SERT BIEN .
SupprimerUne erreur grave , à ce rythme tous les prisonniers politiques doivent être dehors et les enfants malades du cancer doivent aller se soigner en Allemagne,ils se sont couchés ,on arrête les fanfaronnades
RépondreSupprimerJ y vois plutôt une porte de sortie de crise pour l algerie. La pression de paris, et intervention déguisée d Allemagne pour laisser une sorte d honneurs à l algerie par rapport à son peuple.....
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