Dans un Maroc où les coupures de courant font partie du quotidien de millions de citoyens, où le coût faramineux de l’électricité contraint de nombreuses familles à n’en faire usage que la nuit, et où des zones rurales entières demeurent encore privées d’accès au réseau électrique — voilà que le régime marocain ose revendiquer, sans ciller, une “aide énergétique” à l’Espagne voisine lors de la grande panne d’électricité du 29 avril dernier. Une annonce pour le moins surréaliste, qui a provoqué un tollé de moqueries et de démentis cinglants de l’autre côté du détroit.

Une réalité énergétique marocaine en lambeaux
Selon les rapports de l’Agence internationale de l’énergie, le Maroc figure parmi les pays disposant des infrastructures électriques les plus fragiles au monde. En chiffres :
- Près de la moitié de ses villes subissent des coupures régulières,
- Un tiers de la population ne peut se permettre de consommer de l’électricité que la nuit, quand les tarifs sont moins élevés,
- Un quart des Marocains, principalement en zones rurales, ne sont pas raccordés au réseau.
C’est donc dans ce contexte que le Makhzen a orchestré, par le biais de ses relais médiatiques, une opération de communication grotesque : faire croire à l’opinion publique que le Maroc aurait volé au secours de l’Espagne en lui fournissant de l’électricité.
Un démenti espagnol cinglant et unanime
À peine cette affirmation relayée que les médias espagnols, les experts du secteur et même des figures politiques se sont empressés de balayer cette allégation d’un revers de main. Le journaliste de renom Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, a résumé la situation dans un article paru dans El Confidencial :
Comment le Maroc, qui dépend justement des importations espagnoles pour couvrir sa propre demande énergétique, aurait-il pu secourir l’Espagne ? Au moment même de la panne, le Maroc importait 778 mégawatts/heure depuis l’Espagne — soit environ 12 % de sa consommation.
Non seulement le Maroc n’a rien fourni, mais c’est bel et bien son propre réseau électrique qui a failli vaciller, nécessitant une réorganisation d’urgence, imposée depuis… Madrid.
La parole aux experts : “du pur storytelling”
L’onde de choc n’est pas restée cantonnée aux éditorialistes. Des experts en énergie se sont exprimés dans les médias espagnols pour réfuter techniquement la version marocaine. Jorge Morales, analyste chez COPE, expliquait clairement :
L'interconnexion électrique avec le Maroc est extrêmement faible et peu fiable. Ce qui a permis le rétablissement rapide de l’électricité en Andalousie, ce sont les barrages hydroélectriques locaux, pas une hypothétique aide marocaine.
Une vérité embarrassante : l’Espagne continuait d’exporter… même dans le noir
Mais l’humiliation ne s’arrête pas là. Selon La Gaceta, un graphique officiel de Red Eléctrica Española montre que l’Espagne continuait d’exporter de l’électricité au Maroc, à la France et au Portugal, au moment même où des millions d’Espagnols étaient privés de courant.
Le débat s’est alors enflammé en Espagne : comment se fait-il que le pays, plongé dans le noir, ait maintenu ses engagements d’exportation ? Ce paradoxe a suffi à achever la crédibilité du récit marocain.
Un écran de fumée pour masquer une accusation bien plus grave ?
Certains analystes vont plus loin. Et si cette mise en scène d’une “solidarité énergétique” marocaine n’était qu’un écran de fumée destiné à détourner l’attention ? En effet, plusieurs voix en Espagne soupçonnent que le Makhzen pourrait être lié à un cyberattaque visant le réseau électrique, à l’aide d’un logiciel israélien sophistiqué.
L’ouverture, par la Cour de justice européenne, d’une enquête indépendante sur les causes exactes de cette panne massive, alimente ces suspicions. La question n’est plus tant de savoir si le Maroc a aidé, mais plutôt : a-t-il causé la panne ?
Conclusion : le Makhzen, prisonnier de ses propres fictions
En tentant de s’ériger en sauveur d’une Espagne plongée dans le noir, le Makhzen s’est une fois de plus ridiculisé sur la scène internationale. À force de confondre diplomatie avec propagande et communication avec mensonge, le régime marocain s’enferme dans un récit de plus en plus dissonant avec la réalité.
Car on ne bâtit pas une crédibilité régionale avec des illusions médiatiques, encore moins en falsifiant des faits aisément vérifiables. Le monde n’est pas dupe, et l’Espagne, elle, n’a pas la mémoire courte.
Par Belgacem Merbah
Salam aylaykoum belgacem de ta soeur oum sawda.Encore une fois merci pour l’article
RépondreSupprimermerci pour votre message.
Supprimer