À Bamako, la main d’Abou Dhabi prolonge les desseins du Makhzen et de Tel-Aviv : un drone abattu, une alliance désespérée
Le dernier communiqué laconique du régime putschiste malien, diffusé à l’issue de la visite d’une délégation officielle émiratie de haut rang dépêchée par Mohamed Ben Zayed à Bamako, dissimule à peine les intentions réelles qui animent les nouvelles alliances régionales. Derrière les formules diplomatiques creuses se profile une manœuvre stratégique dont les contours révèlent, à qui sait lire entre les lignes, une escalade géopolitique dans la zone sahélienne, dirigée contre l’Algérie.
Une visite qui fait écho à une crise larvée
Alors que le président malien de fait, Assimi Goïta, recevait en grande pompe les émissaires d’Abou Dhabi, le régime de Bamako n’a pas manqué d’orchestrer une mise en scène médiatique excessive, visant à exhiber ce rapprochement aux allures de provocation. Le message à l’adresse de l’Algérie est clair : le Mali, désormais isolé, entend s’en remettre à de nouveaux parrains. Cette visite, ostensiblement exposée dans les médias officiels maliens, survient quelques jours à peine après la neutralisation fulgurante d’un drone d’origine turque — d’une valeur de 30 millions d’euros — par la défense aérienne algérienne, à l’intérieur du territoire national.
Ce revers humiliant pour les putschistes maliens, qui ont vu partir en fumée un investissement stratégique acquis à crédit, a révélé l’étendue de la vulnérabilité de leur appareil militaire face à la souveraineté intacte de l’Algérie. Il a également mis en lumière les limites de la stratégie d’agression indirecte inspirée et encouragée par Rabat et Tel-Aviv. L’armée algérienne, en abattant cet engin sans sommation, a lancé un message sans équivoque : la moindre incursion, fut-elle téléguidée, se heurtera à une riposte foudroyante.
Le parrainage émirati : le plan B des putschistes
C’est dans ce contexte d’humiliation stratégique que Mohamed Ben Zayed, autocrate ombrageux et fin calculateur, a décidé de se positionner en sauveur des putschistes. Selon des sources concordantes, la délégation émiratie venue à Bamako aurait promis de livrer de nouveaux drones armés à la junte, en contrepartie d’un accès préférentiel aux ressources minières maliennes — notamment l’or et le lithium, convoités par les multinationales affiliées à la couronne d’Abou Dhabi.
Ben Zayed, dont l’implication dans les conflits au Soudan et en Libye n’est plus à démontrer, cherche à faire du Mali un nouveau bastion pour ses ambitions militaro-économiques dans le Sahel. En offrant à Goïta une protection militaire et logistique, les Émirats arabes unis ambitionnent de transformer ce pays enclavé en zone d’influence stratégique — un pion de plus dans leur jeu expansionniste, mené en synergie avec Israël et le Maroc.
Une junte à bout de souffle, un peuple en colère
Mais ce soutien émirati ne suffira pas à masquer la faillite du régime militaire malien. Depuis que l’Algérie a fermé hermétiquement sa frontière sud et interdit tout survol de son espace aérien par des aéronefs maliens, la crise s’est aggravée. Privée d’un accès vital aux approvisionnements et à l’énergie, la population malienne subit des pénuries inédites. Face à une détérioration rapide des conditions de vie, les Maliens ont envahi les rues, bravant la répression pour exiger le départ d’un pouvoir illégitime et incompétent.
En réponse, Assimi Goïta a décrété la loi martiale, suspendu toute activité politique et verrouillé les libertés fondamentales. Mais cette fuite en avant ne fait qu’accélérer la chute du régime. Car au-delà de la propagande de façade, la réalité est implacable : la junte est acculée, son isolement s’aggrave, et ses soutiens — aussi puissants soient-ils — ne peuvent offrir qu’un sursis temporaire.
Une stratégie perdante pour une monarchie en sursis
L’intervention d’Abou Dhabi dans les affaires du Mali n’est pas un acte isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie belliciste et désespérée d’une pétromonarchie dont la légitimité intérieure vacille. La gestion erratique des ressources, la répression des voix dissidentes, et l’ingérence constante dans les conflits étrangers soulèvent désormais des vagues de contestation au sein même des Émirats.
En s’alliant à des régimes putschistes condamnés par leurs peuples, Mohamed Ben Zayed compromet l’avenir de son propre État, misant sur des partenaires sans lendemain pour asseoir un empire aussi fragile qu’artificiel. Les jours du triumvirat malien-nigérien-burkinabé sont comptés, et avec eux s’effondrera cette illusion d’un Sahel livré à des aventuriers.
Conclusion : L’Algérie, pilier de la stabilité régionale
Face à cette recomposition hostile, l’Algérie reste ferme, fidèle à sa doctrine de non-ingérence et de respect de la souveraineté, mais résolue à défendre son territoire et sa sécurité nationale. L’abattage du drone malien n’était pas un incident, mais une déclaration de souveraineté, un acte de dissuasion que nul ne saurait ignorer.
L’Algérie n’a ni à quémander des alliances de circonstance, ni à mendier des soutiens étrangers. Sa puissance repose sur une armée aguerrie, un peuple uni et une vision claire : celle d’un Maghreb solidaire, débarrassé des ingérences étrangères et des manipulations monarchiques.
Et à ceux qui rêvent d’un Sahel sous tutelle, nous disons : l’Afrique n’est pas à vendre.
Par Belgacem Merbah
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