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Affaire Sansal : un dossier présenté comme humanitaire, mais aux arrière-plans géopolitiques

La demande formulée par le président allemand à Abdelmadjid Tebboune pour la libération de Boualem Sansal et son transfert en Allemagne pour soins médicaux est officiellement motivée par des considérations humanitaires. Cependant, une analyse approfondie révèle que ce dossier n’a rien d’un simple cas humanitaire. Il s’inscrit dans une logique d’influence où la France, via Berlin, chercherait à exercer une pression indirecte sur Alger.

Une manœuvre française sous couvert allemand

Selon plusieurs sources diplomatiques, Paris utiliserait l’Allemagne comme intermédiaire pour tester la capacité de l’Algérie à résister aux pressions extérieures. L’objectif serait double : fragiliser la posture souverainiste d’Alger et créer des tensions dans ses relations stratégiques avec Berlin. Cette approche vise à affaiblir la dynamique positive entre l’Algérie et l’Allemagne, notamment dans les domaines énergétique et industriel, où les deux pays ont des intérêts convergents.

Un enjeu de souveraineté pour Alger

Pour le président Tebboune, la question dépasse le cas individuel de Sansal. Elle touche à la préservation de la souveraineté nationale et à la lutte contre toute forme d’ingérence. Les autorités algériennes disposent d’éléments accréditant la collaboration de Sansal avec des services étrangers, notamment français, marocains et israéliens. Toute décision favorable serait donc conditionnée à des garanties strictes : engagement formel de Sansal à renoncer à toute activité hostile et rupture de ses liens avec ces réseaux.

L’Allemagne entre humanitaire et diplomatie

Berlin insiste sur la dimension humanitaire et rappelle les liens historiques et économiques solides avec Alger. Mais derrière cette posture, l’Allemagne se retrouve instrumentalisée dans une opération qui pourrait nuire à ses propres intérêts stratégiques en Afrique du Nord. Une crispation sur ce dossier risquerait de compromettre des projets majeurs dans l’énergie et la coopération technologique.

L’Algérie ne doit pas céder sans contrepartie

Face à cette situation, Alger doit maintenir une ligne de fermeté. Si une libération de Sansal devait être envisagée, elle ne saurait être gratuite. Elle devrait s’accompagner d’une contrepartie tangible :

  • Sur le plan sécuritaire, l’extradition ou la remise de profils algériens recherchés en France.
  • Sur le plan économique, des avantages stratégiques tels que des transferts technologiques allemands dans des secteurs clés (énergie, industrie, numérique).

Cette approche permettrait à l’Algérie de transformer une tentative de pression en opportunité diplomatique, tout en affirmant sa souveraineté et son rôle d’acteur incontournable dans la région.



Par Belgacem Merbah



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