Accéder au contenu principal

Rissouni : le prédicateur de la discorde qui transforme la religion en marchandise politique

Ahmed Rissouni, ancien président de ce qu’on appelle « l’Union mondiale des savants musulmans », revient une fois encore à son exercice favori : attiser la fitna, légitimer la confrontation, et distribuer les certificats de “pureté nationale” selon les besoins du palais marocain.

L’homme qui avait déjà appelé à une “guerre sainte” contre l’Algérie et à une “marche sur Tindouf” se présente aujourd’hui sous un nouveau visage, mais avec un discours plus dangereux encore, saturé d’insinuations et de contre-vérités destinées à enflammer une région entière.

Dans un long article, il proclame que la République arabe sahraouie démocratique aurait été “enterrée” définitivement par une décision du Conseil de sécurité. Comme si les Nations unies avaient soudainement renoncé au principe du référendum d’autodétermination.

Rissouni oublie — ou feint d’oublier — que l’ONU n’a jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et que le conflit reste inscrit officiellement comme un dossier de décolonisation.

Il ne s’agit pas d’analyse, mais de propagande maquillée en commentaire religieux.


L’Algérie n’est pas le bouc émissaire du mal-développement marocain

Selon Rissouni, la question sahraouie serait une “création algérienne”.

C’est oublier que les revendications sahraouies sont antérieures à l’indépendance de l’Algérie ; que les premières tensions ont éclaté quand le Maroc a tenté de s’étendre aux dépens de populations qui se considéraient déjà comme un peuple distinct ; et que la communauté internationale, depuis cinquante ans, reconnaît deux parties au conflit : le Maroc et le Front Polisario.

La réalité est simple : les mouvements de libération ne s’importent pas, et un peuple ne se lève pas pour l’indépendance parce qu’un voisin l’aurait décidé.

Rissouni ne lit pas l’histoire ; il répète ce qu’on lui dicte.

Le double standard moral : quand la normalisation devient “légitime” si elle est marocaine, mais “traître” si elle vient d’ailleurs

Là où le discours de Rissouni devient franchement indéfendable, c’est dans son hypocrisie flagrante concernant Israël.

Il dénonce avec virulence la proximité entre la mouvance MAK et Tel-Aviv, mais reste complètement muet devant la réalité suivante :
  • Le Maroc a signé avec Israël un accord militaire et sécuritaire global ;
  • Le Maroc a ouvert son espace aérien aux avions israéliens ;
  • Le Maroc coopère désormais avec Israël dans le domaine du renseignement ;
  • Le Maroc a utilisé des technologies israéliennes — dont Pegasus — pour espionner dans la région, y compris l’Algérie ;
  • Le Maroc a fait de Tel-Aviv un partenaire stratégique dans sa politique contre l’Algérie.
Dès lors, une question s’impose :

Si dialoguer avec Israël est une trahison, comment qualifier un État qui en a fait un allié militaire officiel ?

Rissouni n’y répondra jamais.
Il n’est pas là pour défendre une éthique, mais pour défendre une ligne politique.


Les Kabyles : non pas une “menace”, mais une composante essentielle de l’Algérie

Rissouni instrumentalise la question kabyle comme épouvantail régional, tentant de faire croire que l’Algérie serait au bord de la fragmentation.
Ce discours révèle une ignorance totale de l’histoire de notre pays.
La Kabylie n’a jamais été un projet séparatiste : elle est le cœur battant de l’identité algérienne, terre de nombreux artisans de Novembre, de poètes, de résistants et de martyrs.

Et avant que Rissouni ne sermonne les Algériens, qu’il se rappelle que le Maroc connaît lui-même de multiples mouvements de contestation régionale — au Rif, dans l’Atlas — sans que l’Algérie n’ait jamais exploité ces fractures.

L’Algérie n’agresse pas… mais l’Algérie ne se laisse pas agresser

Les anciennes diatribes de Rissouni, appelant à une “marche sur Tindouf”, traduisent un mépris dangereux, presque adolescent, des réalités militaires.
L’Algérie n’a jamais attaqué un pays voisin, mais elle a toujours défendu son territoire avec une constance exceptionnelle.

L’Armée nationale populaire n’obéit pas aux prédicateurs. Elle obéit à la souveraineté.

Et ceux qui veulent tester la solidité de cette souveraineté feraient mieux de relire l’histoire : l’Algérie n’a jamais plié, ni face à l’occupant colonial, ni face au terrorisme, ni face à l’ingérence étrangère.

Qui menace réellement l’unité du Maghreb ? L’Algérie ou l’État qui a ouvert la porte à Israël ?

Rissouni affirme qu’Israël serait derrière toutes les tentatives de fragmentation du monde musulman.
Très bien.
Alors pourquoi ne dit-il rien du fait que le Maroc est devenu la principale plateforme d’implantation israélienne au Maghreb ?
  • Qui a signé un pacte militaire avec Tel-Aviv ?
  • Qui a permis la présence d’officiers israéliens dans la région ?
  • Qui a offert son territoire comme base avancée pour surveiller l’Algérie ?
  • Qui a lié son avenir stratégique à un État colonial ?

En vérité, la plus grande brèche dans l’unité maghrébine ne vient ni des Sahraouis, ni des Kabyles, ni de quiconque en Algérie : elle vient de la normalisation marocaine, et de la militarisation de cette normalisation contre un pays voisin.

Conclusion : avant de dénoncer la “fitna” ailleurs, Rissouni devrait regarder sa propre maison

Ce que démontre Rissouni, ce n’est pas une position religieuse :
c’est la fabrication d’un discours sous-traité au service d’une politique régionale.
Il s’en prend aux Kabyles, aux Sahraouis, à l’Algérie, mais reste silencieux devant la dérive la plus grave : l’alliance stratégique entre Rabat et Tel-Aviv, qui a transformé le Maghreb en zone d’influence israélienne directe.

L’Algérie n’a pas à recevoir de leçons de patriotisme d’un prédicateur qui bénit la géopolitique du palais. Elle reste un pays debout, souverain, sûr de lui et de ses choix. Un pays qui ne laisse jamais passer la menace… mais qui ne répond jamais aux provocations par la précipitation.

Face aux cris, aux injonctions et aux fictions politiques, l’Algérie reste fidèle à sa ligne : dignité, indépendance, constance.

Et elle restera debout.
Peu importe la hauteur du vacarme que produisent les faiseurs de zizanie.


Par Belgacem Merbah



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La CIA déclassifie un document qui permet de comprendre les véritables motivations du Maroc dans la guerre des sables de 1963

Le 23 août 1957, un document confidentiel de la CIA a été rédigé, dévoilant des éléments cruciaux sur la politique française vis-à-vis de l’Algérie, alors en pleine guerre d’indépendance. Récemment déclassifié, ce document éclaire d’un jour nouveau les intentions de la France concernant les zones pétrolifères sahariennes et ses stratégies post-indépendance. À travers des manœuvres diplomatiques, économiques et géopolitiques, Paris cherchait à préserver son contrôle sur cette région stratégique. Un Sahara Algérien Indispensable à la France Selon ce document, la France considérait le Sahara algérien comme un territoire d’une importance capitale, non seulement pour ses ressources pétrolières et gazières, mais aussi pour son positionnement stratégique en Afrique du Nord. Dans cette optique, Paris envisageait de maintenir coûte que coûte sa mainmise sur la région, en la dissociant administrativement du reste de l’Algérie. Cette politique s’est concrétisée en 1957 par la création de deux dép...

Supériorité des F-16 marocains sur les Su-30 algériens : Un déséquilibre stratégique inquiétant ?

Le rapport de force militaire entre le Maroc et l’Algérie constitue un enjeu stratégique majeur en Afrique du Nord. Depuis des décennies, les deux nations s’engagent dans une course à l’armement, mettant un accent particulier sur la modernisation de leurs forces aériennes. Cependant, une nouvelle dynamique semble se dessiner avec la montée en puissance de l’aviation marocaine, renforcée par l’acquisition des F-16V Block 70 , livrés en 2023, et des missiles AIM-120C/D . Pendant ce temps, l’Algérie peine à moderniser sa flotte de Su-30MKA, toujours limitée par l’absence de missiles longue portée de dernière génération , ce qui pourrait progressivement redéfinir l’équilibre aérien dans la région. Cette asymétrie soulève plusieurs préoccupations : Le Maroc pourrait exploiter cet avantage pour adopter une posture plus agressive , comme ce fut le cas par le passé. L'Algérie se retrouve exposée à une éventuelle suprématie aérienne marocaine , en particulier dans un scénario de conflit. Le...

Le Mythe du Soutien Marocain à la Révolution Algérienne : Une Histoire de Calculs et d’Opportunisme

L’histoire des relations entre le Maroc et la Révolution algérienne est souvent déformée par une propagande soigneusement entretenue par le régime marocain. Cette version des faits présente Mohamed V comme un allié indéfectible du peuple algérien dans sa lutte pour l’indépendance. Pourtant, une analyse minutieuse des événements démontre que ce soutien n’était ni désintéressé, ni motivé par une réelle solidarité. Il s’agissait avant tout d’un levier diplomatique visant à consolider le pouvoir du souverain marocain et à servir les ambitions territoriales du royaume chérifien. Un Soutien Dicté par des Intérêts Stratégiques Lorsque la Guerre d’Algérie éclate en 1954, le Maroc, fraîchement indépendant depuis 1956, se trouve dans une position délicate. Mohamed V cherche à asseoir son autorité dans un pays encore fragile, marqué par des tensions internes et des incertitudes quant à son avenir politique. Dans ce contexte, le soutien à la lutte algérienne contre la France devient un outil de né...