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Réponse à la propagande de la prétendue “bataille décisive” : l’Union africaine n’est pas une scène pour légitimer la décolonisation marocaine

Chaque fois que l’horizon se resserre pour la diplomatie marocaine au sein des organisations internationales, Rabat recourt à la création de “batailles fictives” pour justifier ses échecs répétés à imposer son récit aux institutions de la légitimité internationale. Aujourd’hui, les médias orientés au Maroc tentent de présenter le prochain sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba comme une “bataille décisive” contre l’Afrique du Sud et l’Algérie, en prétendant que la résolution onusienne n°2797 aurait accordé une “légitimité définitive” à l’occupation marocaine du Sahara occidental.

Mais la réalité juridique et politique est bien éloignée de cette propagande trompeuse.

🔹 Premièrement : la résolution 2797 ne consacre pas la souveraineté marocaine, elle réaffirme la solution politique conformément aux résolutions de l’ONU

La résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2025, ne contient aucune mention de la “souveraineté marocaine”, contrairement à ce que prétendent les médias proches du Makhzen. Elle s’inscrit dans la continuité des résolutions précédentes, qui insistent sur une solution politique juste, durable et acceptée par les deux parties, dans le cadre du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

L’interprétation biaisée des termes “réalisme et compromis” pour légitimer l’occupation est une lecture politisée qui ignore l’essence du dossier : mettre fin à la dernière situation de décolonisation en Afrique, sous l’égide des Nations unies, et non entériner une annexion illégale.

🔹 Deuxièmement : l’adhésion de la République sahraouie à l’Union africaine est une question de souveraineté africaine, non soumise aux diktats de Rabat

La République sahraouie est membre fondateur de l’Union africaine, et son adhésion n’est pas une faveur, mais l’expression d’un principe africain immuable : le rejet du colonialisme et de l’occupation sous toutes ses formes.

L’Union africaine a déjà affirmé, lors de ses précédents sommets, que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation, et que la solution doit être coordonnée entre l’Union et l’ONU, sans exclure l’une des parties au conflit.

Les tentatives du Maroc pour expulser la République sahraouie de l’Union africaine sont contraires à la Charte de l’Union, qui interdit toute atteinte à la qualité de membre fondateur, sauf décision collective fondée sur les principes du droit international.

Personne ne permettra de transformer Addis-Abeba en tribune pour légitimer l’occupation ou liquider le droit à l’autodétermination.

🔹 Troisièmement : les “alliances” évoquées par les médias marocains sont fragiles et opportunistes

L’article prétend que le Maroc aurait “percé” plusieurs pays africains et serait en passe d’isoler l’Afrique du Sud et l’Algérie.

Mais ces affirmations ne résistent pas à la réalité :

  • Plus d’un tiers des États membres de l’Union africaine reconnaissent toujours officiellement la République sahraouie.
  • L’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Angola, l’Éthiopie et d’autres puissances continentales considèrent que l’indépendance n’est pas négociable.
  • Quant aux consulats symboliques que le Maroc a ouverts dans les territoires occupés, ce ne sont que des vitrines politiques sans valeur juridique devant l’ONU et l’Union africaine.

L’influence marocaine sur le continent repose sur des investissements financiers et des promesses économiques, non sur une légitimité politique ou morale. Et lorsque les intérêts changent, ces alliances s’évaporent.

🔹 Quatrièmement : l’Algérie et l’Afrique du Sud défendent un principe, pas une posture

La propagande marocaine tente de présenter l’Algérie et l’Afrique du Sud comme des adversaires “hostiles au Maroc”, alors que la réalité est que ces deux pays défendent les principes fondateurs de l’Union africaine :

  • Respect des frontières héritées de la colonisation,
  • Rejet de la politique du fait accompli,
  • Soutien aux peuples dans leur droit à l’autodétermination.

La position africaine sur la question du Sahara occidental ne découle pas d’une animosité envers le Maroc, mais d’un engagement envers l’histoire du continent dans la lutte contre le colonialisme, principe sur lequel l’Union africaine elle-même a été bâtie.

🔹 Cinquièmement : le Maroc redoute les institutions démocratiques africaines

Rabat cherche à “neutraliser” la République sahraouie car elle incarne, au sein de l’Union africaine, la mémoire vivante de la décolonisation.

La présence sahraouie dans les institutions de l’Union empêche de transformer l’organisation en un club commercial soumis à des intérêts étroits.

Ainsi, la bataille du Maroc ne vise pas seulement le “Polisario”, mais l’identité libératrice africaine qui rejette la logique de l’occupation.

🔹 Conclusion :

Le discours sur une “bataille décisive” à Addis-Abeba n’est qu’une guerre médiatique destinée à préparer l’opinion publique marocaine à un nouvel échec diplomatique.

En réalité, l’Union africaine reste fidèle à ses principes, et la République sahraouie conserve son siège, jusqu’à ce que le peuple sahraoui obtienne son droit naturel à un référendum et à l’autodétermination, conformément à la Charte et aux résolutions des Nations unies.



Par Belgacem Merbah



Commentaires

  1. Salam aylaykoum je voudrai juste préciser que si la résolution citée dans l’article a été retenue elle n’est toujours pas publiée , pourquoi ?
    n’est ce pas liée au fait que les juristes de l’ONU voient bien dans cette résolution qu’elle n’est pas conforme en terme juridique.Ce sont des principes politiques qui ont permis à ce qu’elle soit votée mais ces principes qui la régissent sont si contradictoires qu’ils s’opposent au droit international.
    En effet comment liée une solution politique d’autonomie présentée par une puissance non administrante qui ne repose sur aucun cadre juridique puisque le Sahara occidental est un territoire distinct du Maroc et le principe clairement affiché et écrit qui est celui de l’autodétermination qui lu repose sur un cadre juridique clair .
    Toujours pas publiée à cette heure alors que d’autres résolutions elles l’ont été.
    C’est un frère qui a expliqué tout cette subtilité et je le remercie pour l’avoir portée a notre connaissance
    Oum sawda

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