L’Algérie aurait conclu un accord majeur avec la Russie pour l’acquisition du chasseur furtif multirôle de cinquième génération Su-57, marquant ainsi l’un des contrats d’armement les plus significatifs de l’histoire militaire récente du pays. Évalué à environ 1,6 milliard de dollars, ce contrat inclut non seulement les appareils eux-mêmes, mais également un ensemble complet de systèmes d’armes modernes, de pièces de rechange, d’équipements de guerre électronique et de programmes de formation destinés aux pilotes et aux équipes de maintenance.
Un arsenal complet et polyvalent
Selon plusieurs sources proches du complexe militaro-industriel russe, le contrat couvrirait une large gamme d’armements de dernière génération destinés à exploiter tout le potentiel opérationnel du Su-57. Il comprendrait notamment :
- des missiles air-air à très longue portée R-37M (BVRAAM), capables d’atteindre des cibles à plus de 300 km ;
- des R-77M à moyenne portée (MRAAM), pour un engagement flexible dans divers scénarios de combat ;
- des R-74M à courte portée (SRAAM), optimisés pour le combat rapproché ;
- des missiles de croisière aéroportés Kh-59 et Kh-69, destinés aux frappes de précision en profondeur ;
- des missiles antiradar Kh-58UShK, conçus pour neutraliser les systèmes de défense ennemis ;
- ainsi que des bombes guidées de précision KAB-250 et KAB-500, adaptées aux frappes chirurgicales contre des cibles stratégiques.
Le coût unitaire « tout compris » d’un Su-57 — armement, moteurs de rechange, systèmes électroniques, formation et simulateurs inclus — avoisinerait 133 millions de dollars, un chiffre révélateur de la complexité technologique et du potentiel multirôle de cet appareil.
Un bond qualitatif pour l’armée de l’air algérienne
L’entrée du Su-57 au sein de l’Armée de l’air algérienne représente un tournant stratégique majeur. Déjà dotée de Su-30MKA de génération 4++, la force aérienne algérienne franchira avec cet appareil le seuil de la cinquième génération. Le Su-57, avec sa furtivité, ses capteurs intégrés et ses matériaux absorbant les ondes radar, permettra à l’Algérie de consolider son avance technologique régionale.
Cette acquisition confirme la position de l’Algérie comme première puissance aérienne du Maghreb et l’une des plus avancées du continent africain. Elle s’inscrit également dans la continuité d’une coopération stratégique de longue date avec la Russie, partenaire privilégié d’Alger depuis les années 1960.
Le contexte régional : une supériorité relative face au Maroc
Sur le plan géopolitique, ce renforcement de la flotte algérienne s’inscrit dans un contexte de rivalité militaire croissante avec le Maroc, qui a, pour sa part, intensifié ses liens de défense avec les États-Unis et Israël.
Rabat a annoncé la modernisation de ses F-16 vers le standard F-16V “Viper”, mais en réalité, seul un nombre limité d’appareils a bénéficié de cette mise à niveau. La majorité de la flotte reste composée de versions antérieures, moins performantes face aux menaces modernes.
De plus, le Maroc demeure fortement dépendant du soutien américain pour la maintenance et la logistique de ses F-16. Chaque opération de révision majeure, de mise à jour logicielle ou d’intégration d’armement nécessite l’accord et l’assistance technique de Washington. Cette dépendance structurelle réduit considérablement le taux de disponibilité opérationnelle de la flotte marocaine et limite son autonomie stratégique.
À l’inverse, l’Algérie a misé sur une autonomie croissante en matière de maintenance et de formation, soutenue par des infrastructures locales et une coopération technique approfondie avec les ingénieurs russes. L’intégration du Su-57 s’inscrit donc dans une logique d’indépendance opérationnelle et technologique, élément central de la doctrine militaire algérienne.
Enjeux opérationnels et défis industriels
L’introduction d’un appareil de cinquième génération n’est cependant pas exempte de défis. Le programme Su-57 reste en phase d’évolution, avec une production encore limitée et des perfectionnements techniques en cours, notamment concernant les moteurs de nouvelle génération.
Pour en tirer pleinement profit, l’Algérie devra investir dans l’adaptation de ses infrastructures, la formation avancée de ses pilotes et la mise à niveau de ses capacités de maintenance. Ces efforts seront essentiels pour garantir la pleine intégration doctrinale et logistique du nouvel appareil.
Conclusion : un pas décisif vers la souveraineté stratégique
L’achat du Su-57 traduit la volonté claire de l’Algérie de préserver une posture de défense indépendante et technologiquement avancée, à l’écart des influences occidentales. Il illustre également la confiance durable entre Alger et Moscou, au moment où les équilibres géopolitiques mondiaux se redéfinissent.
En consolidant sa supériorité aérienne et en renforçant son autonomie stratégique, l’Algérie s’impose non seulement comme une puissance militaire régionale, mais aussi comme un acteur clé dans la stabilité et la sécurité du bassin méditerranéen et du continent africain.
Par Belgacem Merbah
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