Les médias officiels marocains, notamment Hespress, s’efforcent de présenter l’initiative marocaine d’« autonomie » comme le seul règlement possible du conflit au Sahara occidental.
Or la réalité n’est ni un « point de vue algérien » ni une question de rapports de force régionaux : il s’agit avant tout d’un dossier de droit international clairement défini par les Nations unies et par la jurisprudence internationale.
1. Un territoire inscrit comme question de décolonisation
Depuis 1963, l’ONU a inscrit le Sahara occidental sur la liste des territoires non autonomes, c’est-à-dire des territoires dont le peuple n’a pas encore exercé son droit inaliénable à l’autodétermination.
- La Cour internationale de Justice (CIJ), en 1975, a conclu qu’aucun lien de souveraineté n’existait entre le Maroc et ce territoire, et que ses habitants doivent pouvoir décider librement de leur avenir.
- L’Assemblée générale des Nations unies réaffirme chaque année ce principe de libre détermination.
2. Le rôle de l’ONU et de l’envoyé spécial
La visite de l’envoyé personnel du Secrétaire général, Staffan de Mistura, est présentée par la presse marocaine comme un appui implicite à l’« autonomie ». En réalité, sa mission est strictement définie par les résolutions du Conseil de sécurité : faciliter des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario pour parvenir à une solution garantissant le droit à l’autodétermination.
À ce jour, aucun document onusien ne qualifie l’initiative marocaine d’unique issue.
3. L’argument d’un « consensus international » est infondé
Contrairement aux affirmations de Rabat :
- L’Union africaine reconnaît toujours la République arabe sahraouie démocratique (RASD) comme État membre à part entière.
- La Cour de justice de l’Union européenne a jugé à plusieurs reprises que le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, et que l’exploitation des ressources du territoire nécessite l’accord du peuple sahraoui représenté par le Front Polisario.
4. Le peuple sahraoui, acteur central
La tentative de faire passer le report du congrès du Front Polisario pour un signe de « faiblesse » relève de la pure propagande.
L’ONU continue de reconnaître le Polisario comme seul représentant légitime du peuple sahraoui, lequel demeure largement mobilisé pour son droit à l’indépendance.
5. L’Algérie n’est pas la question
Les accusations récurrentes contre l’Algérie visent à détourner l’attention : le différend oppose le Maroc au peuple sahraoui, et non le Maroc à l’Algérie.
Le soutien algérien au principe d’autodétermination s’inscrit dans une longue tradition de défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, comme pour d’autres luttes de libération en Afrique.
Conclusion
La question du Sahara occidental n’est pas une dispute bilatérale ni une posture politique algérienne : c’est une affaire de décolonisation régie par le droit international.
Le référendum d’autodétermination reste la voie unique conforme aux résolutions de l’ONU.
L’initiative marocaine d’« autonomie », proposition unilatérale, ne peut se substituer au choix libre du peuple sahraoui.
Toutes les campagnes médiatiques contraires à cette réalité demeurent de simples exercices de propagande, incapables d’effacer ce principe fondamental : seul le peuple du Sahara occidental décidera de son avenir.
Par Belgacem Merbah
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