L’histoire de l’Algérie est jalonnée de luttes pour la liberté et l’indépendance, mais aussi de défis internes visant à préserver son unité. Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux et des ingérences extérieures, de nouvelles menaces émergent : elles ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais également de l’intérieur, sous la forme de discours extrémistes et polarisants. Deux tendances, en apparence opposées mais en réalité complémentaires dans leurs effets destructeurs, cherchent à miner la cohésion du peuple algérien : le panarabisme racialisé d’un côté, et le séparatisme du MAK de l’autre.
Héritages trahis : du nationalisme inclusif aux dérives identitaires
La Révolution de Novembre 1954 avait pour socle l’unité du peuple algérien, sans distinction de langue, de région ou d’origine. Les rédacteurs de la Déclaration de Novembre avaient choisi des mots clairs : l’objectif était de bâtir un État algérien démocratique et social, dans le cadre des principes de l’islam, mais aussi dans le respect de la diversité nationale.
Pourtant, certains groupes, se réclamant du badissisme-novembrisme, détournent cette mémoire pour l’enfermer dans une lecture sectaire. Leur panarabisme, réduit à une idéologie racialisée et exclusiviste, nie ou minimise la dimension amazighe de l’Algérie. Cette dérive n’est pas seulement une falsification de l’histoire, elle est aussi une négation de la réalité vécue : l’Algérie a toujours été amazighe dans ses racines, arabo-musulmane dans sa culture, et ouverte sur la Méditerranée et l’Afrique dans son identité.
Le MAK : un séparatisme instrumentalisé
À l’autre extrême, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) exploite des frustrations légitimes – liées notamment au développement régional, à la reconnaissance identitaire – pour en faire un programme séparatiste. Mais cette logique de rupture n’apporte aucune solution aux véritables problèmes. Elle nourrit un ressentiment contre l’État central et donne aux puissances étrangères une arme redoutable pour déstabiliser l’Algérie.
L’histoire récente nous apprend que les mouvements séparatistes en Afrique et ailleurs finissent souvent par engendrer davantage de violence et de fragmentation que de prospérité. La Kabylie, terre de résistance et de culture, a donné à l’Algérie certains de ses plus grands martyrs. La séparer artificiellement du reste de la nation reviendrait à trahir cette mémoire.
Les réseaux sociaux : une arène de discorde et l'instrumentalisation du drapeau du Sultanat Zianide
Assez de ces divisions artificielles ! Ce qui se passe sur TikTok et d’autres plateformes est alarmant : des Algériens qui s’insultent, se déchirent, se fragmentent selon leur région ou leur langue. Ces querelles, gonflées par des algorithmes avides de chaos, ne sont qu’une illusion savamment entretenue. Et derrière cette illusion se cache une vieille stratégie coloniale : diviser pour mieux affaiblir.
Aujourd’hui, certains agitent le drapeau du Sultanat Zianide pour semer la discorde. Leur objectif est clair : dresser nos frères de l’Ouest contre le reste de la Nation, et même chercher des alliances douteuses avec ceux qui revendiquent un héritage Zénète commun au Maroc. Mais ce drapeau, aussi prestigieux soit-il historiquement, ne représente qu’une partie de notre territoire, pas l’Algérie entière. Il pose le même problème que le drapeau du MAK : il fragmente là où nous devons être unis.
Nous, patriotes algériens, devons être intransigeants : un seul peuple, un seul drapeau, une seule Algérie ! Oui, nous honorons la grandeur du Sultanat Zianide et de toutes nos dynasties, mais jamais au détriment de notre unité nationale. Le séparatisme, sous toutes ses formes, est une trahison. L’heure est à la vigilance et à l’union sacrée autour de notre emblème national, le seul qui incarne la souveraineté et l’intégrité de notre patrie.
L’unité nationale comme impératif stratégique
Dans un contexte régional marqué par l’instabilité (Libye, Sahel, tensions au Maghreb), la préservation de l’unité nationale est un enjeu de sécurité nationale autant qu’une exigence morale. Les expériences internationales – de l’Irak au Soudan, en passant par la Syrie – démontrent que la fragmentation identitaire ouvre la porte à l’ingérence étrangère, à la guerre civile et à la perte de souveraineté.
L’Algérie, par sa position géostratégique et ses richesses, est une cible naturelle pour ces manœuvres. Ceux qui alimentent la haine interne, volontairement ou par naïveté, jouent ainsi le jeu des forces qui rêvent d’une Algérie affaiblie et fragmentée.
Conclusion : un héritage commun à défendre
Face à ces menaces, il est essentiel de revenir à l’esprit de Novembre : une Algérie une et indivisible, respectueuse de toutes ses composantes. L’identité algérienne n’est pas à choisir : elle est multiple, imbriquée, complémentaire. Elle est amazighe dans sa racine, arabe et musulmane dans son expression, africaine et méditerranéenne dans son ouverture.
Il ne s’agit pas seulement d’un discours patriotique, mais d’une exigence historique et stratégique : sans unité, il n’y a pas d’Algérie forte. Avec l’unité, il y a la continuité d’une nation qui a résisté à toutes les épreuves.
Par Belgacem Merbah
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