Alors que la rivalité navale en Méditerranée occidentale s’intensifie, l’Algérie confirme son avance historique dans le domaine des sous-marins, une supériorité que le Maroc, même en cas d’achats rapides, ne pourra combler avant de longues années. Un rapport publié le 15 septembre 2025 par Global Defense News révèle en effet que Rabat a entamé des négociations pour acquérir ses premières unités, mais l’expérience opérationnelle algérienne demeure un obstacle difficile à surmonter.
Une maîtrise algérienne de plusieurs décennies
L’Algérie a été pionnière au sud de la Méditerranée en se dotant, dès les années 1980, de sous-marins de la classe Kilo. Depuis, sa marine a modernisé sa flotte avec des versions plus récentes, certaines équipées de missiles de croisière Kalibr d’une portée de plus de 2 400 kilomètres. Ces acquisitions se sont accompagnées de manœuvres en haute mer et d’exercices conjoints avec des marines partenaires, forgeant un savoir-faire rare : équipages aguerris, infrastructures de maintenance spécialisées et doctrine d’emploi éprouvée.
Le défi marocain : acheter n’est pas maîtriser
Le Maroc cherche à sécuriser ses vastes espaces maritimes – environ 81 000 milles nautiques carrés sur l’Atlantique et la Méditerranée – et à combler un retard stratégique manifeste. Paris propose des Scorpène, Berlin des sous-marins Dolphin ou Type 209, tandis que Moscou avance l’Amur-1650. Mais l’acquisition d’unités modernes ne suffit pas :
- Formation des équipages – La constitution d’équipes capables de mener des missions de longue durée sous la mer exige des années d’entraînement.
- Infrastructure et soutien logistique – Bases adaptées, chantiers navals, réseaux de détection et de communication sous-marine représentent des investissements colossaux.
- Doctrine opérationnelle – L’intégration d’un tel outil dans une stratégie navale cohérente requiert un apprentissage que seule l’expérience accumulée peut fournir.
Une inquiétude stratégique persistante
Les sous-marins algériens, notamment ceux équipés de missiles Kalibr, offrent à Alger une capacité de dissuasion qui couvre non seulement la Méditerranée occidentale mais aussi une large partie de l’Atlantique, y compris le détroit de Gibraltar. Cette présence confère à l’Algérie un avantage qui inquiète Rabat, pour qui l’achat de sous-marins relève d’abord d’une logique défensive, mais marque aussi la reconnaissance d’un déséquilibre régional.
Un écart difficile à combler
Même si le Maroc concrétisait rapidement ses contrats, l’Algérie resterait en tête pendant de longues années grâce à ses équipages expérimentés et à son savoir-faire opérationnel accumulé sur plus de quatre décennies. L’avance algérienne n’est pas uniquement technologique : elle est le fruit d’une culture navale enracinée, d’une formation continue et d’un retour d’expérience qu’aucun chèque ne peut acheter.
En résumé, la compétition navale au Maghreb ne se joue pas seulement sur la valeur des équipements, mais sur le temps et l’expérience. Sur ce terrain, l’Algérie conserve une supériorité que le Maroc, malgré des investissements massifs, aura les plus grandes difficultés à rattraper.
Par Belgacem Merbah
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