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L’économie algérienne entre reprise vigoureuse et défis structurels

Le Fonds monétaire international (FMI) a publié en 2025 son rapport annuel à l’issue des consultations menées avec l’Algérie au titre de l’article IV. Ce document de 99 pages dresse un tableau globalement positif : reprise économique après la pandémie, inflation en net recul, avancées dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Mais il souligne également la nécessité de réformes structurelles pour assurer une croissance durable.

Une reprise solide portée par les hydrocarbures et la dépense publique

Selon le FMI, l’Algérie a enregistré une croissance robuste grâce :
  • à la hausse des prix des hydrocarbures,
  • à une politique budgétaire expansionniste après la réélection du président Abdelmadjid Tebboune en 2024, destinée à soutenir les ménages et l’investissement.

Principaux indicateurs :

  • Croissance hors hydrocarbures : 4,2 % en 2024, tirée par l’investissement public et la consommation privée.
  • Inflation : nette baisse, de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024, grâce à la détente des prix alimentaires et au reflux des pressions externes (guerre en Ukraine, sécheresse).
  • Réserves de change : 67,8 milliards USD fin 2024, soit l’équivalent de 14 mois d’importations, niveau jugé « confortable ».
Le FMI considère la politique monétaire actuelle comme appropriée, avec un système bancaire liquide, rentable et capable de soutenir le financement de l’économie.

Lutte contre le blanchiment et financement du terrorisme : progrès notables

Le rapport insiste sur l’avancement du dossier de la conformité aux normes du GAFI (FATF) :
  • Depuis octobre 2024, 1 des 13 mesures restantes a été entièrement appliquée.
  • Des directives clés ont été diffusées sur la propriété effective, la vigilance renforcée et les auto-évaluations.
  • Des réglementations encadrant les marchés financiers étrangers, les banques numériques et les prestataires de services de paiement sont prêtes à l’approbation législative.
Un rapport complet sera présenté avant la réunion du GAFI prévue en septembre 2025, étape cruciale pour permettre à l’Algérie de sortir de la liste grise.

Réformes recommandées : diversification, numérisation et finance islamique

Pour consolider les acquis, le FMI formule plusieurs recommandations stratégiques :

Diversifier les sources de revenu

  • Développer les secteurs non pétroliers afin de réduire la dépendance aux hydrocarbures.
  • Améliorer le climat des affaires, stimuler l’investissement privé et les marchés du travail et des biens.

Moderniser la fiscalité par la numérisation

  • Poursuivre la dématérialisation des procédures de dépôt, de paiement et de contrôle.
  • Mettre en place une plateforme nationale d’échange de données afin d’élargir l’assiette fiscale et renforcer la conformité.

Renforcer le système financier

  • Étendre les instruments de financement et encourager l’innovation, notamment via le financement islamique, pour soutenir les projets productifs et réduire la pression sur les ressources publiques.

Accroître la flexibilité du taux de change

  • Faire du dinar un outil d’absorption des chocs extérieurs et de soutien à la diversification.

Réduire l’économie informelle

  • Intégrer les activités non déclarées afin d’élargir la base fiscale, d’améliorer la transparence et d’attirer davantage d’investissements formels.


Perspectives : stabilité budgétaire et croissance durable

Le FMI estime que la dette publique pourrait se stabiliser d’ici 2028 grâce à un ajustement budgétaire progressif. Il recommande de recourir, si nécessaire, à des financements extérieurs ou islamiques pour soulager la trésorerie, tout en préservant un niveau de réserves jugé rassurant.

Il préconise aussi une meilleure gestion de l’investissement public pour élargir l’espace budgétaire et réduire les vulnérabilités.

Conclusion

Le rapport 2025 du FMI salue la résilience de l’économie algérienne, capable de retrouver un équilibre après la pandémie et les chocs inflationnistes mondiaux. Mais il insiste sur la poursuite des réformes structurelles : diversification de l’économie, intégration du secteur informel, numérisation fiscale et développement du financement islamique.

En consolidant ces chantiers, l’Algérie dispose d’une opportunité historique pour transformer l’amélioration conjoncturelle actuelle en croissance soutenable, confortant son statut d’économie émergente au Maghreb et en Afrique.

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