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Réponse à l’article de “Hespress” : une nouvelle tentative de falsification des faits sur le Sahara occidental

À la lecture de l’article de propagande publié par le média marocain Hespress le 6 août 2025, on pourrait croire, à première vue, qu’il s’agit d’une déclaration officielle américaine nouvelle et décisive en faveur du Maroc dans le conflit du Sahara occidental. Mais un examen attentif des faits et du contexte démontre qu’il ne s’agit que d’un recyclage de positions déjà connues, accompagné d’une lecture biaisée des événements, dans le but de vendre l’illusion d’une “victoire diplomatique”.



1. Des contre-vérités sur la position américaine

Le texte laisse entendre que les propos de Messaad Boulos, haut conseiller du président américain, constitueraient une position définitive et immuable de Washington en faveur de la “marocanité” du Sahara. Or, l’histoire de la diplomatie américaine dans ce dossier montre au contraire qu’elle a toujours été marquée par des oscillations, guidées par des calculs d’intérêts conjoncturels. Ces déclarations ne changent en rien le fait que l’ONU ne reconnaît pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, et que la question reste inscrite à l’agenda du Comité spécial de la décolonisation.

Quant à l’argument d’une “reconnaissance historique” par les États-Unis, il est fallacieux. La décision prise par Donald Trump en 2020 n’a pas fait l’unanimité dans le paysage politique américain. Plusieurs institutions et personnalités aux États-Unis ont rappelé que la solution doit passer par un processus onusien, ce qui implique que Washington ne peut imposer la vision marocaine comme un fait accompli.

2. Un contexte diplomatique travesti

Présenter la visite d’un conseiller américain à Alger comme une “gifle” pour la diplomatie algérienne relève de la manipulation. L’Algérie n’a jamais cherché à obtenir un blanc-seing des puissances étrangères, mais défend un principe immuable : le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, inscrit dans le droit international comme un cas de décolonisation. Les échanges avec les responsables américains s’inscrivent dans un cadre bilatéral normal, et ne signifient en rien un ralliement de l’Algérie à des positions unilatérales.

3. Le droit international, grand absent du récit marocain

L’article ignore volontairement que le Sahara occidental est classé par l’ONU comme territoire non autonome et que toute solution doit découler d’un référendum d’autodétermination, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale depuis 1963. Le “plan d’autonomie” marocain, présenté comme “unique option réaliste”, est en réalité une proposition interne, unilatérale, qui ne bénéficie pas de l’aval de la partie concernée, à savoir le peuple sahraoui représenté par le Front Polisario, reconnu internationalement comme son représentant légitime.

4. La propagande plutôt que le dialogue

Qualifier la position algérienne de “discours de tension et de manœuvre” relève du discours propagandiste. L’Algérie ne fait qu’assumer sa tradition de soutien aux causes de libération et de respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, une posture héritée de sa propre lutte pour l’indépendance. Ce n’est pas une posture de circonstance, mais un engagement moral et politique constant.

5. Une contradiction flagrante dans le discours marocain

Le Maroc prétend “tendre la main” à l’Algérie pour un dialogue, tout en maintenant un discours hostile et en déformant les faits à travers ses médias. Un dialogue sincère ne peut exister que dans un cadre de respect mutuel et dans le respect des résolutions onusiennes, ce qui suppose de reconnaître le droit du peuple sahraoui à choisir librement son avenir.

Conclusion

L’article de Hespress n’est qu’une opération de communication destinée à l’opinion publique marocaine et à certains relais étrangers, en exagérant la portée de simples déclarations diplomatiques. La réalité demeure : le Sahara occidental est une question de décolonisation non résolue, et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est inaliénable. L’Algérie restera fidèle à ce principe, quels que soient les effets d’annonce et les tentatives de diversion médiatique.


Par Belgacem Merbah



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