Le Sahara occidental n’a jamais été marocain avant 1975 : Déconstruction d’un mythe à la lumière du droit et de l’Histoire
Depuis plusieurs décennies, le Maroc tente d’imposer au monde une lecture unilatérale de l’histoire du Sahara occidental, prétendant qu’il s’agirait d’un territoire « historiquement marocain » avant 1975. Pourtant, les faits historiques, les textes juridiques internationaux et les positions des Nations unies contredisent catégoriquement cette allégation.
I. Le Sahara occidental : une colonie espagnole, pas une province marocaine
En 1884, l’Espagne proclame officiellement sa souveraineté sur le territoire du Sahara occidental, qui devient une colonie sous le nom de « Sahara espagnol ». Ce territoire restera administré par Madrid pendant plus de 90 ans, jusqu’en 1975.
Durant toute cette période, le Maroc n’a jamais exercé le moindre contrôle administratif ou politique sur cette région, et aucune reconnaissance internationale ne lui a été accordée à ce titre.
II. La Cour internationale de justice rejette la souveraineté marocaine
En 1975, l’Assemblée générale des Nations unies saisit la Cour internationale de justice (CIJ) pour déterminer si des liens juridiques de souveraineté existaient entre le Sahara occidental et le Maroc avant la colonisation espagnole.
Dans son avis consultatif rendu le 16 octobre 1975, la CIJ conclut :
« La Cour n’a pas constaté de liens de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental et le Royaume du Maroc. »
La Cour reconnaît certes l’existence de liens d’allégeance tribaux entre certaines tribus sahraouies et le sultan du Maroc, mais elle précise que ces liens n’établissent aucun droit de souveraineté politique sur le territoire.
III. Une interprétation historique biaisée et juridiquement infondée
Le discours officiel marocain repose sur plusieurs arguments discutables :
- L’existence d’allégeance (ou “bay’a”) au sultan par certaines tribus sahraouies ;
- L’unité culturelle et religieuse entre le Sahara et le Maroc ;
- L’absence d’un État sahraoui indépendant avant la colonisation.
Mais ces éléments ne suffisent pas à établir une souveraineté :
- L’allégeance tribale n’équivaut pas à un contrôle étatique ou à une intégration politique.
- Le partage de langue ou de religion n’est pas un critère juridique de souveraineté : des dizaines d’États dans le monde arabe partagent ces caractéristiques sans être unifiés.
- Le droit international reconnaît le droit à l’autodétermination même aux peuples qui n’avaient pas d’État formel avant la colonisation (comme en Namibie, au Timor oriental, etc.).
IV. Le rôle de la population sahraouie : ni marocaine, ni espagnole
En 1973, la Front Polisario est créée pour lutter contre le colonialisme espagnol. Ce mouvement est reconnu comme le représentant légitime du peuple sahraoui par l’ONU et l’Union africaine.
Lorsque l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie signent les Accords de Madrid en novembre 1975, répartissant illégalement le territoire entre Rabat et Nouakchott, le peuple sahraoui n’est pas consulté — une violation flagrante du principe de libre détermination.
Depuis, la résistance sahraouie continue de revendiquer l’indépendance, non pas à partir d’un projet séparatiste du Maroc, mais comme prolongement du combat anticolonial contre l’Espagne.
V. Position des Nations unies : le droit à l’autodétermination est inaliénable
Depuis 1963, l’ONU inscrit le Sahara occidental sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. Depuis lors :
- Aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental à l’unanimité internationale.
- Le Conseil de sécurité appelle régulièrement à un “règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui assure l’autodétermination du peuple du Sahara occidental”.
Le référendum promis depuis 1991 n’a jamais eu lieu, principalement en raison de l’obstruction marocaine à sa mise en œuvre.
Conclusion : ni l’histoire, ni le droit ne soutiennent la position marocaine
- Le Sahara occidental n’était pas marocain avant 1975.
- Il était une colonie espagnole reconnue comme telle par la communauté internationale.
- La Cour internationale de justice a rejeté toute souveraineté marocaine.
- Le peuple sahraoui a droit à un référendum d’autodétermination, conformément à la Charte des Nations unies.
Par Belgacem Merbah
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