Dans une nouvelle tentative de dissimulation de ses manquements et de travestissement de la réalité, la France a cru bon d’adresser une lettre de son Président à son Premier ministre, relayée au Chargé d’affaires algérien à Paris par le Quai d’Orsay, le 7 août 2025. Cette manœuvre, typiquement gaullienne dans son style, mais sournoise dans son fond, a été examinée avec la rigueur et la lucidité que commande la souveraineté nationale par les autorités algériennes.
Mais que révèle réellement ce document ? Une tentative désespérée d’inverser les rôles, de transformer le bourreau en victime, et de faire porter à l’Algérie le poids d’une crise diplomatique dont la France est entièrement responsable. Ce stratagème ne trompe personne. Alger ne cèdera ni à la manipulation, ni à la pression, encore moins à l’arrogance d’un État qui n’a toujours pas fait son deuil de l’Algérie indépendante.
Une France en violation flagrante de ses engagements
La France tente de se présenter comme l’exemple du respect du droit et des accords bilatéraux. Or, c’est précisément cette même France qui foule aux pieds, depuis des années, les engagements qu’elle a elle-même contractés. L’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens ? Violé. La convention consulaire de 1974 ? Ignorée. L’accord de 2013 sur l’exemption de visas pour les porteurs de passeports diplomatiques et de service ? Dévoyé.
Pire encore, Paris a fait un usage abusif de l’accord de réadmission de 1994, transformant un outil de coopération administrative en levier de chantage politique et en instrument de harcèlement contre les ressortissants algériens. Ces expulsions massives, souvent arbitraires et inhumaines, sont une honte pour un pays qui se prétend défenseur des droits de l’homme.
Une décision souveraine et juste : la dénonciation de l’accord de 2013
Dans ce contexte, la décision de l’Algérie de dénoncer purement et simplement l’accord de 2013 n’est pas seulement justifiée, elle est nécessaire. Elle marque un tournant. L’Algérie affirme haut et fort qu’elle n’acceptera plus jamais un partenariat déséquilibré, ni une relation fondée sur la condescendance postcoloniale.
Cet accord n’a jamais été une demande algérienne. C’est la France qui l’a sollicité, à plusieurs reprises. Aujourd’hui, en décidant unilatéralement de le suspendre, Paris offre à l’Algérie l’occasion légitime de reprendre l’initiative diplomatique et d’imposer, désormais, la stricte application du principe de réciprocité. Les titulaires français de passeports diplomatiques devront se soumettre aux mêmes exigences que celles imposées aux Algériens. La complaisance est terminée.
L’Algérie ne courbe pas l’échine
La lettre française, dans un élan de mépris à peine voilé, continue à poser la relation avec l’Algérie en termes de rapports de force, usant d’un ton d’injonction, d’ultimatum et de chantage. Grave erreur. L’Algérie de 2025 n’est ni vassale ni soumise. Elle est une puissance régionale souveraine, respectée, dont la diplomatie repose sur des principes inébranlables. Quiconque s’imagine encore pouvoir lui dicter sa conduite fait preuve d’un anachronisme politique flagrant.
L’histoire retiendra que c’est la France qui, par ses provocations et son mépris, a engendré cette crise. L’Algérie n’a fait que répondre, avec dignité, dans le strict respect du droit international, et en défense de sa souveraineté et de ses enfants.
La protection consulaire : un devoir sacré
Face aux abus français, l’Algérie affirme une fois encore qu’elle assumera pleinement sa mission de protection consulaire envers ses ressortissants. Les Algériens injustement éloignés, bafoués, méprisés, ne seront plus seuls. L’État algérien, par ses institutions diplomatiques et juridiques, les accompagnera pour faire valoir leurs droits, garantis aussi bien par la législation française que par la convention européenne des droits de l’homme.
Une relation à rééquilibrer… ou à redéfinir
La crise actuelle met en lumière une vérité que beaucoup, à Paris, refusent encore de voir : la relation algéro-française ne pourra jamais s’inscrire dans l’avenir si elle reste plombée par des réflexes impérialistes et unilatéraux. L’Algérie n’est plus un territoire soumis, mais un État souverain, lucide sur ses intérêts, ferme dans ses positions, et prêt à dialoguer d’égal à égal — mais jamais à genoux.
Désormais, chaque contentieux devra être traité avec rigueur, transparence et dans le respect total de la souveraineté algérienne. Et si la France souhaite sincèrement renouer les fils d’un partenariat apaisé, elle devra commencer par se regarder dans le miroir de l’Histoire — et demander des comptes à sa propre conscience diplomatique.
Par Belgacem Merbah
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