Depuis des décennies, les Algériens se bercent d’une idée séduisante : celle d’une fraternité profonde et immuable entre les peuples du Maghreb. Dans les discours officiels comme dans l’imaginaire populaire, Marocains, Tunisiens, Libyens et Algériens seraient liés par une histoire, une culture et un destin communs. Mais une lecture attentive de l’histoire révèle une vérité dérangeante : cette fraternité n’a, en réalité, jamais existé. Et lorsqu’elle s’est manifestée, elle a toujours été à sens unique — celui du grand frère algérien tendant la main aux autres, souvent au prix de ses propres intérêts stratégiques.
1699-1702 : la “guerre maghrébine” oubliée
Peu d’Algériens savent qu’à la fin du XVIIᵉ siècle, une coalition inédite composée du Maroc, de la Tunisie (régence de Tunis) et de la Libye (régence de Tripoli) s’est formée… pour attaquer l’Algérie. Cette « guerre maghrébine » (1699-1702) visait à affaiblir la régence d’Alger, puissance régionale redoutée et jalousée.
Trois années de combats acharnés se soldèrent par une victoire éclatante de l’Algérie, qui repoussa ses voisins et affirma sa suprématie militaire. Cet épisode, absent de la mémoire collective, montre que les tensions intra-maghrébines ne sont pas un phénomène moderne, mais un héritage historique.
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XXᵉ siècle : l’illusion de l’unité anticoloniale
En 1926, en France, naît l’Étoile Nord-Africaine (ENA), sous l’impulsion de travailleurs immigrés algériens. Ses figures emblématiques — Messali Hadj, Salah Bouchafa, Amar Imache, Hadj Ali Abdelkader et d’autres — voulaient unir Algériens, Marocains et Tunisiens contre le colonialisme français.
L’Émir Khaled, petit-fils d’Abd el-Kader, en devint le président d’honneur. L’Algérie tendait une fois de plus la main, espérant une lutte commune pour la libération.
Mais en 1956, lorsque la France proposa aux protectorats marocain et tunisien de négocier leur indépendance, ces derniers tournèrent le dos à l’Algérie en guerre. Ni le Maroc ni la Tunisie ne conditionnèrent leur libération au soutien de l’insurrection algérienne. Pire : ils se contentèrent de signer avec Paris, laissant les Algériens seuls face à l’armée coloniale.
Après les indépendances : l’économie comme lien fraternel… unilatéral
Après 1962, l’Algérie tenta malgré tout de cimenter cette « fraternité » par des choix économiques structurants.
- Avec la Tunisie, elle fit passer le gazoduc vers l’Italie par son territoire, alors qu’une route directe via la Sicile était possible. Ce choix offrit à la Tunisie une manne annuelle d’environ 1 milliard de dollars.
- Avec le Maroc, le gazoduc Maghreb-Europe (GME) traversa son territoire, apportant au royaume un levier énergétique pour son industrie.
Ces décisions stratégiques, motivées par la volonté d’intégration maghrébine, n’ont jamais trouvé leur équivalent en retour. Si la Tunisie est restée relativement neutre depuis l’indépendance, le Maroc, lui, a multiplié les actions hostiles : trafic massif de drogue vers l’Algérie, financement de réseaux terroristes, campagnes de guerre cognitive, lobbying international contre nos positions souveraines.
Le réveil nécessaire
L’histoire ne ment pas : ce qu’on appelle « la fraternité maghrébine » n’a jamais été qu’un leurre mortel. Chaque initiative sincère en faveur de l’unité est toujours venue d’Algérie, et chacune a été accueillie soit par la trahison, soit par l’ingratitude.
Les Algériens doivent regarder la vérité en face : les relations entre États ne se bâtissent ni sur des élans romantiques ni sur des slogans idéalistes, mais sur l’équilibre des intérêts et le rapport de force. S’accrocher à un rêve d’unité illusoire ne nous a apporté que l’épuisement économique, l’affaiblissement stratégique et des infiltrations idéologiques et sociales qui frappent au cœur de notre sécurité nationale.
Il est temps de rompre avec ce mythe. L’intérêt de l’Algérie passe avant tout. La sécurité de la patrie et l’unité de notre front intérieur priment sur toute illusion historique ou construction artificielle.
Le Maroc, preuves à l’appui, n’a jamais été sincère envers l’Algérie. Il a systématiquement sapé chaque tentative de notre part pour instaurer un climat de confiance, de bon voisinage et de coopération. Du dossier du gisement de Gara Djebilet, où nous avons proposé un partenariat économique profitable aux deux peuples, au gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui a permis au Maroc de se doter d’une industrie inexistante auparavant — la réponse a toujours été un coup dans le dos.
Les dirigeants marocains portent une lourde responsabilité dans l’accumulation des crises, plongeant les peuples de la région dans un climat d’hostilité et de malentendus, hypothéquant leur avenir. Et nous n’oublierons pas l’outrage du 1er novembre 2013, lorsque des milices du « jeune roi » ont profané notre drapeau national devant notre consulat à Casablanca.
L’Algérie a compris qu’aucune coexistence n’est possible avec le régime du Makhzen, qui repose structurellement sur l’affaiblissement de notre pays. Cela n’arrivera jamais. Aujourd’hui, tous les signaux convergent vers une conclusion claire : la confrontation militaire n’est plus une éventualité lointaine, mais un horizon quasi inévitable si ce comportement agressif persiste.
Par Belgacem Merbah
Salam aylaykoum mon frère.J’espère que tu vas bien.Elhamdulillah tu trouves encore le temps d’écrire tes articles.C’est une bonne chose pour nous.Qu’Allah te récompense
RépondreSupprimerMerci pour ces rappels historiques pour ceux qui sont devenus amnésiques! Ton frère c’est celui qui t’épaule quand tu as besoin de lui ! Or nous n’avons trouvé que trahison et une pseudo-fraternité à sens unique !!! Il est aujourd’hui non seulement temps de dire stop! Mais plus encore passer à l’offensive au lieu de garder cette posture défensive !!!Au dires de feu Houari Boumediene “Ndafa3 3la bledna fa9t”.
RépondreSupprimerMerci si Belgacem
RépondreSupprimerVous avez tout résumé
Tres bien résumé. En plus j’ai un sujet qui me tient a coeur. L’Algérie devrait meme se retirer de la CAN 2025. Ils ont donné au voisin mal saint alors que les stades étaient sur papier, et jusque la y a rien. Quel honte.
RépondreSupprimernous sommes plusieurs à penser la même chose, je sais que vous avez une chaine Youtube. Il est aussi de votre responsabilité citoyenne de passer notre message en partageant cet article avec votre commuauté.
SupprimerMerci.
Belgacem Merbah
Salam alaykum Si Belgacem
RépondreSupprimerExcellent article qui met en lumière la naïveté de notre peuple et de ses dirigeants depuis toujours.
Nous avons déjà bien du mal à instaurer la fraternité à travers les différentes tribus et ethnies qui composent notre peuple pour allez s'enquérir de celle des voisins.
Je suis pour une bonne entente des peuples et à plus forte raison lorsqu'ils sont proches par la langue et la religion.
Cependant cela ne doit pas se faire au détriment de notre sécurité intérieure et de notre unité en tant qu'état nation.
Je n'ai aucune forme de mepris ou de haine pour aucun de nos voisins mais je suis convaincu que nos relations doivent rester avant diplomatiques et motivées avant tout par et pour le bien être du peuple algérien et rien d'autre.
Partant de ce constat la vigilance retsr de mise.
Merci pour ce commentaire qui nous encourage à continuer. Nous comptons aussi sur nos lecteurs à diffuser notre Blog.
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