Depuis plusieurs jours, une nouvelle rumeur circule sur les réseaux sociaux, relayée avec enthousiasme par le blogueur marocain Badr Laidoudi. Celui-ci prétend que l’Algérie serait engagée dans des « négociations secrètes » avec les États-Unis autour de la question du Sahara occidental. Une affirmation infondée, directement inspirée d’Africa Intelligence, un site notoirement lié à la DGED, les services de renseignement extérieurs marocains.
Un faux opposant, une vraie stratégie
Badr Laidoudi s’est construit une image d’« opposant marocain », critique du régime de Rabat, ce qui lui a permis d’obtenir rapidement une écoute dans l’espace numérique algérien. Mais cette image est trompeuse. Dans la réalité, 95 % de son contenu est consacré à l’Algérie : il flatte, il encense, il se montre « bienveillant » pour gagner la confiance. Cependant, derrière ce vernis, il glisse régulièrement des messages subliminaux, des insinuations et surtout des fake news à petite dose.
Il s’agit là d’une tactique bien connue des services de renseignement : créer un climat de confiance, s’installer comme une source crédible, puis passer progressivement à l’offensive. Une méthode redoutable, qui transforme la complaisance des spectateurs en véritable capital d’influence.
Africa Intelligence et la mécanique de l’intox
Le dernier exemple en date est révélateur. Africa Intelligence publie une « information » sur de supposées négociations algéro-américaines concernant le Sahara occidental. La rumeur est immédiatement relayée par Badr Laidoudi, qui l’exploite sur YouTube comme s’il s’agissait d’une révélation incontournable. La chaîne de désinformation fonctionne alors à plein régime : un média au vernis « spécialisé », un relais numérique qui crédibilise et popularise l’intox, et enfin un public qui diffuse sans vérifier.
La crédibilité construite par les Algériens
Le paradoxe est saisissant : ce n’est pas le public marocain qui a porté Badr Laidoudi, mais bel et bien le public algérien. Ses 200 000 abonnés sur YouTube sont composés à près de 80 % d’Algériens, fascinés par son discours flatteur. Certains journalistes algériens, ne jurent que par lui, contribuant à renforcer sa stature. En réalité, les Algériens ont contribué à bâtir ce « monstre médiatique » qui, aujourd’hui, exploite leur confiance pour injecter de la propagande marocaine sous une forme habile et insidieuse.
Le danger d’une complaisance naïve
En se faisant passer pour un allié ou un ami de l’Algérie, Badr Laidoudi a réussi à capter une audience massive. Mais derrière cette posture se cache une mécanique bien huilée : gagner la sympathie pour mieux intoxiquer. C’est précisément ce qui rend sa démarche dangereuse : l’ennemi qui frappe frontalement est facilement démasqué, mais celui qui s’infiltre en se présentant comme un soutien est infiniment plus redoutable.
Une vigilance impérative
L’Algérie a toujours réaffirmé clairement sa position : le Sahara occidental relève exclusivement de la légalité internationale et du processus onusien, et n’a jamais été sujet à des négociations bilatérales avec Washington. Les rumeurs véhiculées par Badr Laidoudi et Africa Intelligence ne sont que des fabrications visant à troubler les perceptions.
👉 En définitive, Badr Laidoudi n’est pas un opposant marocain sincère, mais un agent d’influence qui a su transformer la naïveté algérienne en levier d’action. Tant que certains continueront à lui accorder du crédit, il poursuivra sa mission : dissoudre la vérité dans un flot de flatteries, de demi-mensonges et de fake news savamment distillées.
Par Belgacem Merbah
Post-scriptum :
Beaucoup d’Algériens se demandent pourquoi je critique Laidoudi. Je le fais parce qu’il est devenu un faiseur d’opinion en Algérie, et cela représente un danger pour nous. Qu’il soit utilisé par des services spécialisés pour déstabiliser l’ennemi, c’est une chose positive que je salue. Mais le vrai problème, à mes yeux, c’est que ce personnage a été fabriqué par des Algériens eux-mêmes, et j’ai l’impression que nous avons contribué à créer un monstre médiatique qui pourrait un jour se retourner contre nous. J’espère que c’est désormais clair.
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