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Kamel Daoud : De l’écriture à la trahison symbolique… Quand le sang renie le sien

À une époque où les repères vacillent et les vérités se renversent, il est des gestes plus éloquents que mille discours. Quand la sœur même de Kamel Daoud, Wassila, prend la parole pour déclarer publiquement : « À cause de toi, notre famille est traitée de tous les noms », ce n’est pas une querelle familiale ordinaire. C’est un désaveu moral, social, intime. C’est le sang qui renie le sien.

Kamel Daoud n’est plus seulement un écrivain controversé. Il est devenu l’incarnation d’un phénomène plus large : celui de l’intellectuel déterritorialisé, déconnecté de son peuple, de sa mémoire, et qui devient, consciemment ou non, un relais du regard colonial sur l’Algérie.


Quand la plume trahit ses racines

Les prises de parole de Kamel Daoud dans la presse française — Le Point, France Inter, France Culture — ont souvent pour cible directe la société algérienne. Il n’y critique pas simplement le régime ou les dérives autoritaires, mais l’âme même de son peuple, son islam, ses traditions, sa langue, ses femmes, ses mères. Il essentialise, il stigmatise, il occidentalise son discours pour plaire à un auditoire français en quête de “bons Arabes” : ceux qui acceptent de s’autoflageller devant l’ancienne puissance coloniale.

Ses interventions ne sont pas celles d’un dissident qui veut réformer, mais d’un transfuge culturel qui cherche à être adoubé par les élites médiatiques françaises. Il ne parle plus aux Algériens, il parle des Algériens — pour mieux s’en distinguer.

Un fils du peuple devenu l’écho du colon

Pourtant, l’homme est né dans une famille modeste à Mostaganem. Une mère digne, issue du peuple. Un père ancien gendarme, patriote, qui a servi l’Algérie après l’indépendance. Une histoire simple, algérienne, enracinée. Mais quelque chose a basculé.

Au lieu d’honorer cette trajectoire, il l’a reniée. Il a troqué la complexité de son peuple contre la simplification médiatique. Il a offert à l’Occident un miroir où l’Algérien n’est qu’un barbare en attente d’être civilisé.

Le silence de la mère, le cri de la sœur

Sa mère est partie en silence. Mais ce silence était celui du désespoir, de la honte, de la blessure intime. Les voisins, les proches, les passants ne voyaient plus en elle qu’« la mère de celui qui insulte l’Algérie à la télé française ». Son honneur, bâti sur une vie de labeur et de dignité, s’est effondré à cause des mots de son fils.

Puis vint la voix de la sœur. Wassila. Elle aurait pu se taire, par pudeur, par loyauté. Mais elle a parlé. Parce qu’il y a des trahisons qu’on ne peut plus couvrir. Son témoignage est un verdict : Kamel Daoud a brisé le lien du sang. Il a choisi l’applaudissement parisien contre l’estime de sa propre mère. Et cela, dans notre culture, est impardonnable.

Kamel Daoud, Harki culturel

Il faut oser le mot. Kamel Daoud est un Harki culturel. Non pas parce qu’il aurait porté les armes contre l’Algérie, mais parce que sa plume sert un projet similaire : salir la mémoire du peuple, blanchir le récit colonial, et nourrir l’idée que l’Algérien ne peut être libre que s’il se renie.

Or, l’Histoire est cruelle envers les Harkis. Ni la France ne les a adoptés pleinement, ni l’Algérie ne les a pardonnés. Ils sont restés dans les marges, porteurs d’une faute irréparable. Aujourd’hui, Daoud suit ce chemin-là. La France l’invite, l’écoute, le célèbre. Mais jamais elle ne lui donnera ce qu’il cherche : l’appartenance.

Conclusion : La trahison, même littéraire, ne s’efface pas

Les mots sont des choix. Les silences aussi. Kamel Daoud a choisi son camp, consciemment. Il ne s’est pas seulement coupé de son peuple, il l’a piétiné. Il ne s’est pas seulement opposé à l’État, il a insulté les mères, les croyants, les combattants, les pauvres, les humbles.

Sa sœur a parlé. Sa mère est morte. Son père n’est plus là pour répondre. Mais le peuple, lui, n’oublie pas. Et dans la mémoire algérienne, on se souviendra de Kamel Daoud non comme d’un écrivain, mais comme d’un homme qui a tourné le dos à sa terre pour quelques pages dans un journal étranger.


Par Belgacem Merbah



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