Le 29 juillet, à l’occasion de son discours annuel de la Fête du Trône, le roi du Maroc Mohammed VI a une fois de plus joué sa partition habituelle : un appel feutré à « tendre la main » à l’Algérie, à « ouvrir une nouvelle page » et à bâtir une « solution consensuelle » où « il n’y aurait ni vainqueur ni vaincu ». Des paroles qu’on croirait tirées d’un manuel de diplomatie sucrée… si elles n’étaient pas prononcées par un régime qui, depuis plus de soixante ans, a systématiquement tourné le poignard dans le dos de l’Algérie.
Les mêmes mots, la même duplicité
Ce n’est pas la première fois que Mohammed VI sort sa rhétorique mielleuse sur les « liens séculaires » entre nos peuples, liés par « la géographie, la langue, la religion et le destin commun ». Mais derrière cette façade, rien n’a changé : sur le Sahara occidental, Rabat reste intransigeant, bafouant le droit international et piétinant la légitimité des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sur la relation bilatérale, le discours « fraternel » n’a jamais empêché le Maroc de multiplier les agressions diplomatiques, médiatiques et sécuritaires contre notre pays.
Cette année, la seule nouveauté est l’introduction d’une formule ambiguë : une « solution consensuelle » qui sauverait « la face à toutes les parties ». Or, il n’en précise ni les contours, ni les conditions. Une invitation floue, calibrée pour séduire l’opinion internationale, mais qui ignore volontairement que l’Algérie ne participera jamais à un marchandage bilatéral sur le Sahara occidental — dossier qui relève de la décolonisation et oppose Rabat au Front Polisario, et non à Alger.
Washington dans l’ombre
Le timing du discours n’est pas anodin. Quelques jours plus tôt, Massad Boulos, conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, effectuait une tournée régionale : Tunis, Tripoli, Alger… puis Rabat. Dans des déclarations récentes, il a reconnu que la décision américaine de 2020 sur la « souveraineté » marocaine au Sahara occidental « n’est pas une position fermée » et a plaidé pour « une solution rapide et mutuellement acceptable ».
Les similitudes entre les propos de Boulos et ceux de Mohammed VI sont frappantes. Tout indique une opération coordonnée : Washington souffle à Rabat le discours qui lui permettrait de se présenter en artisan de paix, tout en exerçant une pression politique sur Alger pour l’amener à la table des négociations dans des conditions biaisées.
Un passif qui ne s’efface pas
Les Algériens n’ont pas la mémoire courte. Depuis l’indépendance en 1962, le Maroc a enchaîné les trahisons :
- 1963 : la guerre des sables, quand Rabat tenta de s’emparer de Tindouf et Béchar.
- Années 70 à aujourd’hui : soutien au terrorisme et aux groupes séparatistes, campagnes médiatiques mensongères, diplomatie agressive dans les instances internationales.
- Partenariats hostiles : coopération militaire et de renseignement avec le régime sioniste, acquisition de drones armés, installation de systèmes de surveillance visant l’Algérie.
- Encerclement stratégique : participation à des projets économiques et militaires destinés à affaiblir notre influence régionale.
À cela s’ajoute le fléau du cannabis marocain, véritable arme chimique sociale :
- Premier producteur mondial selon l’ONU (plus de 55 000 hectares cultivés).
- Plus de 450 tonnes saisies à la frontière ouest en 2024 par nos forces de sécurité.
- 70 % du cannabis consommé en Europe provient du Maroc.
Ce trafic, loin d’être anarchique, est structuré et protégé par des réseaux proches du Makhzen, et participe à la déstabilisation de nos jeunes générations.
Une main tendue… qui cache un poignard
Ce discours royal n’est pas une offrande sincère, mais un instrument de communication visant à :
- Soigner l’image internationale du Maroc, en se présentant comme pacificateur.
- Faire passer l’Algérie pour intransigeante, pour mieux l’isoler diplomatiquement.
- Gagner du temps afin de consolider des alliances hostiles et imposer ses vues sur le Sahara occidental.
L’Algérie ne se laisse pas piéger par les sourires hypocrites. Nous ne refusons pas le dialogue, mais nous le menons uniquement avec des partenaires respectueux de notre souveraineté, de nos frontières et de nos principes.
Le message de l’Algérie
À Rabat comme à Washington : l’Algérie n’a pas sacrifié un million et demi de martyrs pour échanger sa dignité contre des promesses creuses. Nous préférons la franchise des adversaires déclarés aux faux-semblants des « amis » intéressés. Tant que la main tendue dissimulera un couteau, nous n’y verrons pas un geste de paix, mais une menace.
L’Algérie n’est pas dupe. L’Algérie ne pliera pas. L’Algérie ne négocie pas sa souveraineté.
Par Belgacem Merbah
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