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Des domaines énergétiques qui ouvrent des perspectives de partenariat entre l’Algérie et les États-Unis

Les relations algéro-américaines semblent entamer une nouvelle phase prometteuse, cette fois sous l’angle stratégique des secteurs de l’énergie et des ressources naturelles. Trois domaines en particulier ont attiré l’attention des autorités américaines : les hydrocarbures, les énergies renouvelables et les ressources minières, autant de secteurs cruciaux pour les deux pays dans un contexte mondial de transition énergétique et de rivalités géoéconomiques croissantes.

Une visite de haut niveau aux accents stratégiques

La rencontre entre le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab, et le conseiller principal du président américain pour l’Afrique, le Moyen-Orient et les Affaires arabes, M. Masad Boulos, à Alger, a marqué un tournant important. L’émissaire de la Maison Blanche a exprimé l’intérêt manifeste des États-Unis pour investir dans trois domaines clés en Algérie :
  • Les hydrocarbures
  • Les énergies renouvelables
  • L’exploitation des ressources minières
Il ne s’agit pas de simples intentions diplomatiques, mais bien d’un positionnement stratégique visant à renforcer la présence américaine dans une région énergétique charnière.

Une coopération énergétique déjà en cours

Le ministre Arkab a souligné la qualité des relations existantes entre les compagnies algériennes et les géants américains du secteur énergétique. La collaboration avec Chevron et ExxonMobil dans le domaine des hydrocarbures est déjà bien engagée et pourrait s’élargir à des activités à plus forte valeur ajoutée, notamment dans la transformation et la pétrochimie.

Cette coopération est appelée à dépasser le cadre de l’exploitation brute pour aller vers des partenariats technologiques, basés sur le transfert de compétences et la durabilité des investissements.

Un modèle industriel à suivre : Sonelgaz – General Electric

Un exemple de partenariat réussi a également été mis en avant par le ministre : la collaboration entre Sonelgaz et General Electric, qui s’est concrétisée par la création de l’usine GI²AT à Batna. Première du genre sur le continent africain, cette installation produit localement des équipements énergétiques, renforçant ainsi l’autonomie industrielle de l’Algérie.

Ce modèle prouve que le partenariat avec des acteurs américains peut aller au-delà de l’importation de technologie, pour s’orienter vers un véritable ancrage industriel national.

Une transition énergétique ambitieuse et inclusive

Le développement des énergies renouvelables est au cœur des priorités algériennes, et les discussions ont également porté sur le solaire, l’éolien, le stockage énergétique ainsi que l’hydrogène vert, un secteur en plein essor au niveau mondial.

Grâce à son ensoleillement exceptionnel et à ses vastes territoires inexploités, l’Algérie dispose d’un potentiel unique pour devenir un leader régional, voire continental, dans ce domaine. Les États-Unis, de leur côté, y voient une opportunité de sécuriser des partenariats durables dans des filières d’avenir.

Les ressources minières : un enjeu de souveraineté

Autre pilier stratégique : les ressources minières et les terres rares, devenues des matières premières critiques dans la fabrication des technologies de pointe, batteries, semi-conducteurs ou encore systèmes de défense. L’Algérie souhaite exploiter ses richesses naturelles de manière souveraine et durable, en attirant des investissements porteurs de valeur ajoutée locale, à travers la formation, la recherche, et la transformation in situ.

Le ministre Arkab a appelé les entreprises américaines à saisir les opportunités offertes, dans un cadre qui valorise le transfert de savoir-faire et la montée en compétence des opérateurs algériens.

Enjeux internes et équilibres extérieurs

L’Algérie cherche aujourd’hui à rompre avec le modèle extractiviste hérité de l’ère coloniale et à inscrire son développement énergétique dans une dynamique de souveraineté économique et industrielle. Le partenariat avec les États-Unis peut y contribuer, à condition qu’il repose sur une logique de co-développement et de respect mutuel.

Dans un contexte géopolitique marqué par la recomposition des alliances et les tensions autour des ressources, ce rapprochement algéro-américain pourrait redéfinir les équilibres régionaux, en positionnant l’Algérie comme un acteur pivot de la sécurité énergétique en Méditerranée et en Afrique.

Conclusion

La visite de Masad Boulos à Alger constitue bien plus qu’un signal diplomatique : elle ouvre la voie à un partenariat énergétique stratégique, où l’Algérie pourrait jouer un rôle central dans les chaînes de valeur énergétiques mondiales.

Le véritable enjeu pour Alger est désormais de maîtriser les termes de cette coopération, de garantir un développement inclusif, et de veiller à ce que chaque projet contribue réellement à la consolidation d’un modèle énergétique souverain, durable et industrialisé.

Ce partenariat, s’il est conduit avec intelligence et fermeté, peut devenir l’un des piliers du redressement économique national et de l’indépendance énergétique de l’Algérie.


Par Belgacem Merbah



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