Démystifier la propagande marocaine : décryptage méthodique d’un article de Hespress sur la diplomatie algérienne
Dans un article publié par le site marocain Hespress, organe notoirement lié à l’appareil de propagande du régime chérifien et à ses services de renseignement extérieurs (DGED), on assiste une nouvelle fois à une tentative manifeste de dénigrer la politique étrangère algérienne et de travestir la réalité des rapports internationaux sur la question du Sahara occidental.
Le texte, prétendument analytique, illustre en réalité plusieurs mécanismes classiques de la propagande : inversion accusatoire, déformation des faits, généralisation abusive, et appel à l’émotion au détriment de la raison. Voici un décryptage méthodique de ces procédés.

1. Le renversement accusatoire : accuser l’Algérie de “fabriquer des cartes diplomatiques imaginaires”
Le premier paragraphe de l’article affirme que l’Algérie “emploie toutes les plateformes pour dessiner des cartes diplomatiques imaginaires”, en réaction aux soi-disant “percées diplomatiques marocaines”.
👉 Or, c’est précisément le Maroc qui, depuis plusieurs années, orchestre une campagne diplomatique agressive reposant sur l’achat de reconnaissances, le lobbying coûteux, la désinformation et l’usage massif de ses relais médiatiques, dont Hespress est l’un des principaux instruments.
👉 La récente tentative d’exagérer le soi-disant “retour du Sahara marocain dans le consensus international” repose en grande partie sur des décisions bilatérales d’États en échange de contreparties économiques ou diplomatiques, mais qui ne remettent en rien en cause le statut juridique du territoire tel que reconnu par l’ONU.

2. Manipulation grossière de l’épisode avec le président rwandais
L’article critique la déclaration du président algérien, accusé d’avoir mis en avant un “accord supposé” avec le Rwanda sur le soutien au Polisario, en l’absence d’une déclaration explicite du président Kagame.
👉 Ce raisonnement est fallacieux : dans le cadre des relations diplomatiques, les chefs d’État s’expriment selon des niveaux de langage diplomatique qui ne nécessitent pas forcément des déclarations publiques verbatim pour valider une convergence de vues.
👉 De plus, le Rwanda a toujours soutenu le droit à l’autodétermination des peuples, position conforme à celle de l’Union africaine, dont il est un membre actif. Faire croire que le Rwanda aurait “été piégé” est une infantilisation grossière de la diplomatie rwandaise.
3. Invocation sélective de sources prétendument “neutres”
L’article mobilise deux figures :
- Mohamed El Maati Ma El Ainine, présenté comme “membre du Centre international pour la diplomatie”, une entité en réalité proche du ministère marocain des affaires étrangères.
- Chouki Ben Zahra, présenté comme un “opposant algérien”, dont la trajectoire est connue pour son alignement sur les positions marocaines, souvent relayées par les médias de la DGED.
👉 Le recours à ces sources biaisées est un procédé classique de renforcement de la narration officielle en créant un effet de pluralisme trompeur. Il n’y a en réalité aucune véritable diversité d’opinion dans cet article.
4. Narratif de la “débâcle algérienne” : une construction artificielle
Le cœur de l’article repose sur l’idée que l’Algérie serait “en échec” et “isolée” sur la scène internationale. Cela ne résiste pas à l’analyse :
- L’Algérie maintient une position constante de défense du droit à l’autodétermination, en parfaite conformité avec les résolutions onusiennes.
- Le soutien actif de nombreux États africains, de l’Union africaine, et de mouvements progressistes à travers le monde en témoigne.
- Le “succès diplomatique marocain” est largement construit par le biais de campagnes de communication bien huilées, sans impact sur la légalité du processus mené sous l’égide de l’ONU.
5. Le fantasme de “milliards gaspillés” et la diabolisation interne
Enfin, l’article recycle le discours populiste sur les “milliards dépensés” par l’Algérie pour soutenir le Polisario :
- Aucun chiffre sérieux n’est avancé.
- Le soutien politique et humanitaire de l’Algérie s’inscrit dans une logique de solidarité historique et de respect du droit international, et non dans une logique de “rente diplomatique”, contrairement aux méthodes marocaines dans ce dossier.
👉 Ce type de discours vise surtout à attiser un ressentiment artificiel dans l’opinion algérienne en période de tensions régionales.
Conclusion : une propagande cousue de fil blanc
L’article de Hespress illustre parfaitement les tactiques de la propagande marocaine :
- Inverser les rôles en accusant l’Algérie de ses propres pratiques.
- Dénaturer les faits diplomatiques en jouant sur l’ambiguïté.
- Mettre en scène de faux témoins pour accréditer la version officielle.
- Exploiter le discours émotionnel et populiste pour masquer l’absence de fondement juridique solide à la position marocaine.
👉 La réalité est têtue : le dossier du Sahara occidental demeure un dossier de décolonisation inscrit à l’ONU. Aucun tour de passe-passe médiatique n’effacera ce fait fondamental. L’Algérie, en cohérence avec le droit international, continuera de soutenir ce combat légitime — qu’il déplaise ou non à Rabat et à ses relais de communication.
Par Belgacem Merbah
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