Depuis plusieurs années, une figure se distingue dans l’univers bruyant de l’opposition numérique marocaine : Badr Laïdoudi. Installé à l’étranger, il s’autoproclame opposant au régime de Mohammed VI. Pourtant, un examen attentif de son discours, de son parcours et de son environnement familial soulève de sérieuses interrogations sur l’authenticité de cette dissidence proclamée et sur ses réelles motivations.
Une opposition sans conséquences : l’ombre d’un double jeu
La première question qui s’impose est celle de la complaisance apparente du régime marocain à l’égard de Laïdoudi. Tandis que de véritables opposants marocains subissent répression, exil forcé, ou pressions sur leurs familles, les proches de Badr Laïdoudi vivent paisiblement au Maroc, sans être inquiétés. Dans un régime notoirement connu pour sa brutalité envers toute forme de dissidence réelle, ce traitement de faveur interpelle. Est-il imaginable qu’un régime aussi prompt à réprimer tolère l’activisme virulent d’un individu dont la famille reste inexplicablement épargnée ? Ou faut-il y voir un arrangement tacite, voire une instrumentalisation ?
Un parcours politique révélateur : l’héritage de l’Istiqlal
Le passé politique de Laïdoudi est également éloquent. Il est issu du Parti de l’Istiqlal, formation politique marocaine emblématique du nationalisme expansionniste chérifien. Ce parti a historiquement revendiqué des pans entiers du territoire algérien, nourrissant la doctrine du « Grand Maroc ». Cette idéologie irrédentiste a justifié l’agression marocaine contre l’Algérie indépendante en 1963, dans ce qu’on appelle la « guerre des sables ». Le fait que Laïdoudi soit issu de ce terreau idéologique explique sans doute son obsession constante pour l’Algérie, bien plus que pour les tares systémiques de la monarchie marocaine.
Badr Laïdoudi : un “ami” de l’Algérie… au service d’un agenda trouble
À première vue, Badr Laïdoudi se présente comme une voix dissidente marocaine atypique, se distinguant par son ton prétendument bienveillant envers l’Algérie. Il dit aimer le peuple algérien, respecter son armée, et dénoncer le régime marocain. Pourtant, à y regarder de plus près, son discours, sa posture et l’usage qu’il fait des symboles de fraternité maghrébine révèlent une entreprise bien plus pernicieuse : casser le front intérieur algérien sous couvert d’amitié.
Une stratégie d’infiltration par le discours fraternel
Contrairement à certaines figures ouvertement critiques envers l’Algérie, Badr Laïdoudi adopte une approche plus nuancée. Il se présente comme un Marocain dissident, en opposition au Makhzen, et affiche un soutien apparent à l’Algérie face aux politiques de Rabat. Cette posture vise à instaurer un climat de confiance auprès de l’opinion publique algérienne. Cependant, une analyse de son contenu révèle une réalité différente : plus de 90 % de ses publications sont centrées sur l’Algérie, souvent dans une tonalité alarmiste. Il y décrit l’Algérie comme un pays belliqueux, exagère les capacités de son armée, et la place dans une logique de confrontation avec l’OTAN et Israël. Ce narratif semble chercher à façonner une image menaçante de l’Algérie, en suggérant les prémices d’un conflit international similaire à ceux survenus en Irak ou en Libye.
On est en droit de se demander : s’il milite pour un Maroc démocratique, pourquoi cette obsession quasi exclusive pour l’Algérie ? Pourquoi si peu de critiques du roi, du Makhzen, des violations des droits humains au Maroc, de la répression dans le Rif ou des inégalités sociales ? Le déséquilibre est flagrant. Laïdoudi semble mobiliser son énergie sur l’Algérie bien plus que contre son propre régime, et cela ne peut être une coïncidence.
Le masque du “frère” bienveillant
La force du discours de Laïdoudi ne réside pas dans sa violence, mais dans sa duplicité. Il ne s’attaque pas frontalement à l’Algérie : il la mine de l’intérieur, en prétendant la défendre tout en semant doute, méfiance et division. Il flatte l’Algérien, pour mieux désarmer sa vigilance. Il critique certains Marocains pour mieux faire oublier qu’il défend, en réalité, les intérêts profonds de la diplomatie marocaine dans sa guerre d’influence contre Alger.
Sa méthode repose sur un mécanisme psychologique bien connu : créer un lien affectif pour mieux influencer. Il ne s’agit plus d’une attaque extérieure, mais d’une pénétration du champ mental algérien par le biais d’une fraternité instrumentalisée.
Une opération de guerre psychologique bien rodée
Le comportement de Laïdoudi s’inscrit parfaitement dans les techniques de guerre psychologique moderne : dissimulation des intentions, inversion des rôles, confusion entre l’ami et l’ennemi, et usage stratégique de la “fausse dissidence”. Il ne fait aucun doute qu’il joue un rôle dans la stratégie marocaine de soft power dirigée contre l’Algérie.
Son discours vise à affaiblir l’unité nationale algérienne en infiltrant le débat public, en entretenant un climat de suspicion envers les institutions algériennes, tout en prétendant parler au nom de la liberté et de la démocratie. En réalité, son interventionnisme déguisé sert la logique de confrontation permanente que Rabat alimente envers Alger.
La vigilance s’impose
Dans un contexte régional marqué par des tensions croissantes et des campagnes hostiles sophistiquées, il est crucial de reconnaître ces figures “amicales” mais nocives. Car derrière le masque du Marocain “pro-Algérie” se cache une logique bien plus dangereuse : l’affaiblissement de la souveraineté mentale algérienne par le biais d’un discours feintement bienveillant.
Il ne suffit plus d’identifier les ennemis déclarés. Il faut aussi savoir démasquer ceux qui se camouflent sous le voile de la fraternité, tout en servant, en silence, les desseins de ceux qui veulent déstabiliser l’Algérie.
Défense de l’indéfendable : l’affaire de l’espionnage
Dernière illustration de cette posture ambivalente : la réaction outrée de Laïdoudi face aux propos de Mohamed Bensdira, journaliste algérien, qui évoquait le risque d’infiltration ou d’espionnage de la communauté marocaine en Algérie. Ces propos, loin d’être fantaisistes, s’inscrivent dans une continuité d’alertes sérieuses émanant de sources internationales. En 2022, le journaliste français Georges Malbrunot avait lui-même révélé, documents à l’appui, que des membres de la communauté marocaine en France étaient utilisés par les services israéliens du Mossad pour collecter des renseignements sur le territoire français.
Pourquoi alors Badr Laïdoudi se sent-il obligé de défendre avec acharnement une communauté soupçonnée de collusion avec des services de renseignement ? Un vrai opposant au régime marocain devrait être le premier à dénoncer cette instrumentalisation de la diaspora par les services sécuritaires du Makhzen. Mais chez Laïdoudi, c’est l’inverse : il vole au secours d’une cause qui ressemble fort à celle de l’État profond marocain.
Un profil à décrypter, pas à suivre
Face à ces éléments, une conclusion s’impose : Badr Laïdoudi n’est pas un opposant au régime marocain, mais un acteur de la stratégie marocaine de désinformation, d’agitation et de diversion. Son rôle semble être d’occuper l’espace numérique, de parasiter le débat régional et de concentrer le feu sur l’Algérie, pendant que le régime marocain poursuit tranquillement ses manœuvres diplomatiques, économiques et sécuritaires.
Dans un contexte de tensions régionales croissantes, il est vital pour les observateurs et les citoyens algériens de décrypter ce type de figure : des pseudo-opposants fabriqués, recyclés ou tolérés, qui n’ont d’autre fonction que de détourner l’attention, de brouiller les lignes, et de justifier des agendas hostiles au nom d’un combat prétendument démocratique.
Par Belgacem Merbah
C’est vrai un il est très flou car pourquoi soit disant defendre coûte que coûte l’Algérie car n’est.il pas plus logique qu’un opposant s’oppose et critique le pouvoir en place dans son pays, donc le Maroc
RépondreSupprimereffectivement.
SupprimerTrès bonne synthèse.et Analyse.qui à le mérite à se questionner , à décrypter ,le rôle réel, de ce personnage.,qui
RépondreSupprimer' navigue sur 2 eaux. ???
merci
SupprimerMerci Belgacem, tres bonnes analyse, ne soyons pas credules, notre histoire nous la toujours prouvee, depuis Boukhos jadis jusqu'a Laidoudi aujourd'hui
SupprimerMerci Belgacem, tres bonne analyse (eyes opener) sur cet individu et ces semblables, notre histoire nous la toujours appris depuis Bocchus I jadis jusqu'a Laidoudi aujourd'hui
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