L’article publié par Le360 marocain "L’annexion de Béchar, vue par Lyautey" avance une lecture révisionniste de l’histoire coloniale en prétendant que les régions de Tindouf, Béchar, Igli et Béni Abbès faisaient historiquement partie du Maroc, avant d’être prétendument « annexées » par la France au profit de l’Algérie. Cette affirmation repose sur une distorsion flagrante des faits historiques, des réalités administratives de l’époque coloniale, et des fondements juridiques du droit international contemporain. Une analyse rigoureuse des sources historiques, des traités frontaliers et des archives coloniales permet de rétablir une vérité claire : Tindouf et Béchar ont toujours été des territoires algériens, et n’ont jamais fait partie intégrante du Royaume du Maroc.
1. L’appartenance historique de Tindouf et Béchar à l’espace algérien
Contrairement aux allégations de l’article, les régions de Tindouf, Béchar, Igli, Beni Abbès, ainsi que tout l’espace saharien occidental algérien, relèvent historiquement de l’espace géopolitique de l’Algérie. Elles ont été administrées dès le XIXe siècle par la Régence d’Alger, puis par l’administration coloniale française à travers le territoire civil et militaire de l’Algérie, bien avant même l’établissement du protectorat français au Maroc en 1912.
L’occupation française des régions sahariennes du Touat, Gourara, Tidikelt, puis de Béchar (alors appelée Colomb-Béchar) s’est faite dans le cadre de l’expansion de l’Algérie coloniale vers le sud-ouest, avec pour objectif de relier l’Algérie à l’Afrique occidentale française, et non d’annexer des terres « marocaines ». Il ne s’est jamais agi de territoires relevant de l’autorité politique ou administrative du Makhzen. La souveraineté marocaine sur ces zones n’a jamais été exercée, ni reconnue.
2. Le traité de Lalla Maghnia (1845) et l’absence de revendication marocaine
La délimitation entre l’Algérie et le Maroc a été encadrée par le Traité de Lalla Maghnia de 1845, signé entre la France et le Maroc. Ce traité fixe les frontières entre la Régence d’Alger (alors colonie française) et l’Empire chérifien. Il est clair sur ce point : le tracé s’arrête à Figuig, sans que les zones au sud — Béchar, Tindouf ou la vallée de la Saoura — ne soient incluses dans les frontières reconnues du Maroc.
L’absence de délimitation au sud n’indique pas une souveraineté marocaine latente, mais confirme au contraire l’absence de toute revendication marocaine à l’époque sur ces régions. À aucun moment, au XIXe siècle ou au début du XXe, les autorités marocaines n’ont contesté l’administration française de ces territoires en tant que dépendances sahariennes de l’Algérie. Ce silence diplomatique est un élément fondamental.
3. Des territoires administrés par l’Algérie coloniale et non par le Maroc
L’argument selon lequel la présence de caïds marocains dans certaines zones comme Igli ou Béni Ounif démontrerait la souveraineté du Maroc est historiquement infondé. Cette présence n’a jamais donné lieu à une organisation administrative ou militaire marocaine durable. Les archives françaises démontrent que dès la fin du XIXe siècle, l’administration coloniale algérienne gérait directement ces régions via le commandement des Territoires du Sud algériens.
L’article de Le360 cite le général Lyautey, mais interprète ses actions de manière erronée : Lyautey ne visait pas à restituer ces régions au Maroc, mais à apaiser les tensions entre deux composantes de l’empire colonial français. La rivalité entre la Résidence de Rabat et le Gouvernement général d’Alger n’a jamais abouti à une reconnaissance de la marocanité de Tindouf ou Béchar. Ces territoires ont toujours été considérés comme relevant de l’Algérie coloniale, et non du Maroc.
4. L’Algérie indépendante et le principe de l’intangibilité des frontières
À l’indépendance en 1962, l’Algérie a récupéré l’intégralité de son territoire tel qu’il avait été administré par la France, conformément au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, consacré par l’Organisation de l’Unité Africaine (résolution du Caire, 1964). Ce principe, fondamental pour la stabilité de l’Afrique, interdit toute revendication rétroactive sur des frontières fixées à la sortie du colonialisme.
Les tentatives marocaines de remettre en question ce principe, à travers des arguments historiques sélectifs et des revendications expansionnistes, ont été rejetées par la communauté internationale, y compris lors des médiations et arbitrages diplomatiques (ex. mission de l’OUA en 1963 après la guerre des sables). Aucun organisme international ne reconnaît la moindre légitimité au Maroc sur Tindouf ou Béchar.
5. Conclusion : Tindouf et Béchar sont, historiquement et juridiquement, algériennes
Les affirmations contenues dans l’article de Le360 marocain relèvent d’une construction politique récente, détachée des faits historiques. Ni les traités frontaliers, ni les archives coloniales, ni les principes du droit international ne donnent de fondement à la thèse d’une souveraineté marocaine passée sur Tindouf ou Béchar.
Ces territoires sont intrinsèquement liés à l’histoire, à la géographie et à l’identité de l’Algérie, et toute tentative de les rattacher au Maroc relève d’un révisionnisme géopolitique motivé par des considérations étrangères à l’histoire réelle des peuples et des frontières nord-africaines.
Par Belgacem Merbah
Salam aylaykoum belgacem.Merci pour cette mise au point nécessaire et malheureusement à toujours faire avec cette entité de l’ouest.Au regard de l’histoire et avant même la guerre contre l’Algérie par la France, cet entité a toujours eu des revendications contre notre pays .
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