Ces dernières années, les relations algéro-omaniennes ont connu un essor remarquable, dont le point culminant fut la visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune à Mascate en octobre 2024, suivie d’une dynamique diplomatique et économique intense, notamment la tenue de la 8ᵉ session du comité mixte en juin à Alger. Ce rapprochement n’est pas le fruit du hasard, mais bien l’aboutissement d’une vision stratégique visant à rééquilibrer la scène régionale, dans un contexte où les Émirats arabes unis multiplient les tentatives d’ingérence dans les affaires internes algériennes, en exploitant la question identitaire et des relais médiatiques.
Oman : un partenaire discret mais influent
Oman, par sa neutralité constructive et sa diplomatie mesurée, incarne aujourd’hui un partenaire de confiance pour l’Algérie dans un Golfe agité par les tensions et les ambitions dominatrices. La Sultanat ne s’aligne sur aucun axe ni ne poursuit de dessein expansionniste, ce qui confère à sa coopération avec l’Algérie une crédibilité renforcée et une acceptabilité régionale peu contestée.
Son rôle de médiateur dans des dossiers sensibles, à l’image du dialogue irano-américain, fait d’Oman une puissance d’équilibre, capable de freiner ou de réorienter certaines dynamiques régionales, notamment face à la poussée d’influence émiratie.
Un socle économique au service d’un partenariat stratégique
Le lien entre Alger et Mascate n’est pas que diplomatique. Il repose sur des projets économiques concrets et ambitieux, à l’image de l’usine commune d’engrais à Arzew pour 2,4 milliards de dollars. D’autres initiatives en matière d’automobile, d’énergie ou encore de pharmacie sont en gestation.
Le Fonds d’investissement algéro-omanais récemment créé est le bras financier de cette alliance : il traduit les intentions en réalisations, enracine la coopération dans le long terme et en fait un axe stratégique inamovible.
Un message politique clair à l’adresse des Émirats
Face aux velléités émiraties – propagées notamment par certaines voix médiatiques cherchant à fragmenter la cohésion nationale algérienne – l’Algérie a choisi de répondre non par l’escalade, mais par la consolidation d’un axe régional rationnel. Oman, par sa distance géographique et idéologique avec Abou Dhabi, est en mesure de tempérer toute initiative visant à déstabiliser l’Algérie.
Mieux encore, Mascate et Alger s’accordent sur les grandes questions internationales, à commencer par la Palestine. Tous deux exigent un cessez-le-feu immédiat à Gaza et militent pour une solution politique conforme au droit international. Tandis qu’Alger défend la cause palestinienne au Conseil de sécurité, Mascate joue le rôle d’intermédiaire pondéré au Moyen-Orient. Ce consensus diplomatique renforce la position algérienne sur la scène mondiale.
Des signaux forts envoyés à Paris et à Abou Dhabi
Ce partenariat va au-delà de la coopération bilatérale. Il envoie un message limpide : l’Algérie ne subit pas, elle anticipe. À Paris, cela signifie que notre pays ne se laisse pas enfermer dans une dépendance ou un isolement stratégique. À Abou Dhabi, cela signifie que l’ère des pressions par les pétrodollars et la propagande est révolue – un monde multipolaire s’impose, fondé sur le respect mutuel et la souveraineté des peuples.
Conclusion : La raison contre l’arrogance
L’Algérie, en renouant avec Oman, ne cherche pas le conflit mais la stabilité. Elle bâtit un front de la raison face à la logique de l’hégémonie. Car face aux intrigues, la meilleure réponse n’est pas le vacarme, mais l’édification de partenariats solides, basés sur la confiance, le respect et les intérêts partagés. Et Oman, dans cette équation, s’impose comme un allié naturel : discret, efficace, respecté.
Par Belgacem Merbah
شكرا على هذه المعلومات المفصلة
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