Il arrive un moment dans la vie d’une nation où le silence devient une trahison. Aujourd’hui, alors que l’Algérie affronte vents et tempêtes sur le plan régional et international, une nouvelle attaque se profile, non pas depuis les frontières, mais du cœur même de notre espace médiatique : une attaque contre l’un de nos piliers fondateurs, contre notre être profond – la culture amazighe.
Depuis l’été 2019, un projet funeste baptisé « Zéro Kabyle » tente insidieusement de désintégrer notre unité nationale. Derrière des visages connus, parfois même élus, derrière des discours qui se drapent dans les couleurs du patriotisme, se cache une entreprise organisée, alimentée par des intérêts extérieurs et relayée par des agents internes aveuglés par la haine ou corrompus par la servilité.
Dans ce climat malsain, l’intervention de Belghit sur Sky News Arabia a fait l’effet d’une gifle au visage de tout un peuple. En niant l’existence même de la culture amazighe, en osant affirmer qu’elle serait une création des services français et sionistes pour diviser l’Algérie, Belghit n’a pas seulement insulté les kabyles, il a craché sur Massinissa, sur Jugurtha, sur l’Aurès et les Hauts Plateaux, sur toutes les terres où coule le sang de nos ancêtres – il a craché sur l’Algérie elle-même.
Ce discours abject n’est pas une opinion. C’est une trahison. Une tentative, consciente ou non, de saper les fondements de notre identité. Car l’Algérie n’est pas arabe sans être amazighe. Elle n’est pas musulmane sans être enracinée dans ses langues, ses montagnes, ses mémoires multiples. Notre Constitution est claire : l’arabe, l’amazigh et l’islam forment un triptyque sacré, non négociable. Toute attaque contre l’un de ces piliers est une attaque contre la Nation.
Ce que Belghit et ses semblables ignorent – ou feignent d’ignorer – c’est que les peuples d’Algérie, dans leur diversité, ont résisté ensemble à Rome, à la France coloniale. La Kabylie, loin d’être une “création étrangère”, fut le dernier bastion à tomber face à la colonisation, et l’un des premiers à s’enflammer pour l’Indépendance. L’accuser de trahison, c’est renier Novembre, c’est profaner le serment des martyrs.
À travers ses propos, Belghit ne fait que réciter une vieille rengaine coloniale recyclée aujourd’hui par des officines hostiles à notre souveraineté. Ce genre de stratégie vise à reproduire le scénario syrien ou libyen : créer une division ethnique artificielle, prétendre protéger une “minorité opprimée”, et ainsi ouvrir la voie à l’ingérence étrangère. Mais l’Algérie n’est ni la Libye, ni le Liban. Elle est une forteresse.
Ceux qui se servent des médias pour propager la haine et la falsification doivent être traités comme ce qu’ils sont : des saboteurs de la cohésion nationale. La liberté d’expression n’est pas un permis d’incitation au mépris identitaire.
Nous appelons ici l’État algérien, dans sa sagesse et sa responsabilité, à mettre un terme à cette dérive. Il est temps d’agir. Laisser faire, c’est laisser pourrir. Et ce pourrissement, tôt ou tard, atteint les fondations mêmes de l’État.
L’Algérie ne peut se permettre le luxe de l’indifférence. L’heure est au sursaut. Il faut défendre la langue amazighe avec autant de fierté que l’arabe. Il faut protéger la mémoire kabyle comme celle du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Car c’est dans cette diversité assumée que réside la vraie force de notre Nation.
La souveraineté algérienne ne sera complète que lorsque chaque enfant de ce pays – amazigh, arabe, chaoui, targui ou mozabite – se sentira respecté, protégé, honoré.
Nous ne voulons pas d’une Algérie amputée. Nous voulons une Algérie entière, fière, forte – fidèle à ses martyrs et à son histoire.
Par Belgacem Merbah
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