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Le Maroc, la France et la quête d'une virginité géopolitique en Afrique : une campagne de dénigrement contre l'Algérie

Depuis quelques jours, le paysage médiatique et diplomatique sahélien est agité par une série de sorties tapageuses, dont la plus bruyante fut sans doute celle de l’ancien Premier ministre malien, Dr. Choguel Kokalla Maïga. Dans une allocution datée du 9 avril 2025, il s’est livré à une attaque en règle contre l’Algérie, qu’il accuse de duplicité dans sa politique au Sahel. Mais que vaut réellement cette charge, sinon une diversion soigneusement inspirée ? Et surtout, qui tire les ficelles dans l’ombre de ce théâtre africain ? Une vérité s’impose : ceux qui vocifèrent contre Alger servent, sciemment ou non, les desseins de puissances qui n’ont jamais renoncé à leur emprise sur le continent.


Une tentative de réécriture de l’histoire africaine orchestrée par Rabat

Depuis plusieurs années, le Maroc s’active avec frénésie sur la scène diplomatique africaine, tentant de se donner les atours d’une puissance bienveillante et désintéressée. Mais sous le vernis des beaux discours sur la coopération Sud-Sud et l'intégration continentale se cache une stratégie implacable : devenir le relais docile de la politique française en Afrique, au mépris de la souveraineté des peuples.

Les investissements marocains, présentés comme des preuves d’un leadership économique, sont dans les faits les avatars d’un capitalisme néocolonial à peine camouflé : les banques, les compagnies de télécommunication, les entreprises de BTP qui s’imposent à Bamako ou à Abidjan ont souvent pour actionnaires majoritaires les grandes firmes françaises. Le drapeau est marocain, certes, mais le cœur bat à Paris. Nous sommes face à une Françafrique 2.0, où Rabat n’est rien d’autre qu’un cheval de Troie, au service des ambitions hexagonales.

Le comble de l’ironie : quand le vassal accuse la sentinelle de la liberté

Que le Maroc, éternel supplétif de la France, ose accuser l’Algérie d’être à la botte de l’impérialisme relève d’une hypocrisie sans bornes. Faut-il rappeler que les troupes marocaines – les tristement célèbres goumiers – furent les auxiliaires zélés des forces coloniales françaises dans leurs campagnes de répression à travers l’Afrique et le Levant ? Emmanuel Macron lui-même, lors de son passage au Parlement marocain, n’a-t-il pas salué leur rôle « stabilisateur » en Afrique, confirmant ainsi l’usage récurrent du Maroc comme outil de projection néocoloniale ?

Quand l’Algérie interdisait le survol de son espace aérien aux avions militaires français, ce sont les aéroports et le ciel marocain qui servent de passerelle aux opérations occidentales au Sahel. Voilà la vérité nue : le vassal ose accuser le résistant.

L’Algérie, la Mecque des révolutionnaires, la sentinelle des peuples

Nul n’a le droit d’oublier ou de travestir ce que fut et demeure l’Algérie : la Mecque des révolutionnaires, selon la célèbre formule d’Amílcar Cabral. Depuis son indépendance arrachée dans le sang, l’Algérie n’a cessé de tendre la main aux mouvements de libération : le Front de Libération du Mozambique (FRELIMO), le Congrès national africain (ANC) de Mandela, le MPLA angolais, le PAIGC en Guinée-Bissau, tous trouvèrent à Alger un refuge, un soutien, une arme, un espoir.

L’Algérie n’a jamais marchandé son engagement. Elle a accueilli les leaders, formé les combattants, armé les insurgés, financé les causes justes. Comment oser comparer cette tradition de résistance, d’indépendance et de dignité, avec un royaume qui, au moment le plus sombre de l’histoire africaine, collaborait avec les colonisateurs, trahissait les luttes, et méprisait l’Organisation de l’unité africaine, qualifiant ses membres de simples « joueurs de tamtam » ? Une insulte à l’Afrique entière, gravée dans la mémoire de ceux qui luttent pour une Afrique libre.

Le Maroc dans l’ombre de l’assassinat de Lumumba

Parmi les plus noires trahisons de l’histoire contemporaine du continent, l’implication du Maroc dans les circonstances ayant mené à l’assassinat de Patrice Lumumba, héros panafricain et martyr de l’indépendance congolaise, mérite d’être rappelée. Plusieurs archives et travaux historiques évoquent les complicités silencieuses, les manœuvres souterraines, les tractations diplomatiques auxquelles Rabat aurait pris part, facilitant les actions des services belges et occidentaux. L’homme qui voulait rendre au Congo sa dignité et sa souveraineté fut broyé avec la complicité de régimes obsédés par leur proximité avec l’Occident.

L’Algérie, fidèle à sa ligne : ni vassale, ni complice

Contrairement aux insinuations malveillantes, l’Algérie est restée fidèle à ses principes. Elle l’a prouvé récemment, en s’opposant catégoriquement à une intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger en 2023. Elle l’a prouvé en refusant de se prêter au jeu cynique des puissances en quête de recolonisation. Elle l’a prouvé en restant une voix forte, libre, indépendante, dans un monde où les convictions se vendent souvent au prix du pétrole ou des contrats d’armement.

Le vrai visage de la propagande

Le vrai scandale est donc ailleurs : pendant que certains régimes cherchent à se racheter une virginité morale en accusant à tort l’Algérie, ils se livrent corps et âme à ceux-là mêmes qui ont pillé et brisé l’Afrique. La stratégie est limpide : attaquer Alger pour mieux masquer sa propre soumission.

Mais le peuple africain n’est pas dupe. L’histoire jugera. Et dans ce tribunal de la mémoire, l’Algérie n’a rien à cacher. Elle n’a jamais trahi. Elle n’a jamais cédé.

Conclusion : l’Afrique aux Africains

L’heure n’est plus aux manœuvres, aux subterfuges, ni aux faux-semblants. Le continent africain mérite une gouvernance libre, digne et souveraine. Il est temps de tourner la page des tutelles, des marionnettes et des alliances honteuses.

Et dans cette Afrique debout, l’Algérie sera toujours du côté des peuples, jamais des empires.


Par Belgacem Merbah

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