Manœuvres militaires franco-marocaines : entre provocation et jeu de dupes, quelles motivations derrière la position des journalistes de l'APS ?
La récente polémique autour des manœuvres militaires prévues entre la France et le Maroc à proximité de la frontière algérienne met en lumière les tensions croissantes entre Alger et Paris. Ces exercices, baptisés "Chergui 2025", s'inscrivent dans un contexte diplomatique déjà très dégradé depuis la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2023. Si l'Algérie a officiellement dénoncé ces manœuvres comme une "provocation", un aspect particulier de cette crise mérite d'être examiné de près : la position adoptée par certains médias algériens, en particulier l'Agence Presse Service (APS), qui semblent vouloir dissocier Emmanuel Macron des courants hostiles à l'Algérie au sein du gouvernement français et des cercles d'extrême droite.
APS, Macron et Retailleau : une divergence de façade ?
Dans ses récentes publications, l'APS a insisté sur le fait qu'Emmanuel Macron ne serait pas aligné sur les positions anti-algériennes du chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau. Cette posture suscite des interrogations légitimes sur les motivations des journalistes qui s'efforcent de faire croire qu'il existerait un fossé entre le président français et une certaine frange de la droite française.
Pourtant, cette distinction semble artificielle. Les faits démontrent que la politique étrangère française vis-à-vis de l'Algérie repose sur une stratégie de "good cop / bad cop" où Macron joue le rôle du modéré, laissant à des figures comme Retailleau ou Lecornu, ministre des Armées et proche du président, le soin d'envoyer des signaux hostiles à Alger. Il est difficile d'imaginer que Sébastien Lecornu, dont la loyauté envers Macron est bien connue, puisse engager la France dans des manœuvres militaires aussi sensibles sans l'aval direct de l'Élysée.
La naïveté ou le calcul ?
Croire que Macron incarne une ligne indépendante ou bienveillante vis-à-vis de l'Algérie relève soit d'une naïveté politique flagrante, soit d'une stratégie de communication visant à ménager Paris. Il est clair que l'actuelle politique française au Maghreb s'inscrit dans une logique de réalignement stratégique au profit du Maroc, en rupture totale avec la traditionnelle neutralité française sur la question sahraouie.
Dès lors, pourquoi certains journalistes s'obstinent-ils à préserver l'image d'un Macron "différent" des faucons français ? Une hypothèse plausible est que cette bienveillance médiatique cache des enjeux économiques sensibles. Plusieurs sources suggèrent que certains hauts responsables algériens possèdent des actifs en France — comptes bancaires, biens immobiliers ou investissements — qui pourraient être compromis par une détérioration radicale des relations algéro-françaises. Préserver l'illusion d'une France divisée permettrait ainsi de maintenir des canaux de communication ouverts avec une partie de l'appareil d'État français.
Les cercles algérinistes : une influence en coulisses ?
L'autre explication possible tient à l'influence de certains cercles algérinistes proches des réseaux franco-marocains, qui œuvrent pour minimiser les tensions entre Paris et Alger. Ces réseaux, héritiers de la colonisation, ont toujours cherché à diviser l'élite algérienne pour empêcher toute rupture définitive avec la France. Dans ce contexte, la distinction artificielle entre Macron et Retailleau pourrait s'inscrire dans une stratégie de manipulation orchestrée par ces milieux.
Une provocation assumée par Paris
Les manœuvres "Chergui 2025" s'inscrivent dans une série d'initiatives hostiles envers l'Algérie : visite de Gérard Larcher au Sahara occidental, déplacement de Rachida Dati à Dakhla, arrestation de l'écrivain Boualem Sansal… Ces gestes ne sont ni des coïncidences ni des maladresses diplomatiques, mais bien des actes délibérés destinés à humilier Alger.
Conclusion : une double hypocrisie
La crise actuelle révèle une double hypocrisie : celle de la France, qui mène une politique hostile tout en prétendant vouloir apaiser les tensions, et celle de certains cercles algériens, qui feignent de croire à cette duplicité pour préserver leurs intérêts personnels. La position de l'APS, qui tente de blanchir Macron, ne sert ni la vérité ni les intérêts nationaux algériens.
Dans un contexte géopolitique aussi tendu, il est impératif de ne pas se laisser aveugler par des jeux d'apparence. La France, sous Macron comme sous Retailleau, poursuit la même stratégie : affaiblir l'Algérie, consolider son alliance avec le Maroc et saboter toute perspective d'émancipation maghrébine. Toute autre lecture relèverait de la stupidité, de l'inconsistance ou d'une complaisance intéressée.
L'heure est venue pour l'Algérie de rompre avec les illusions et d'adopter une posture de fermeté face à une France qui n'a jamais réellement renoncé à son agenda colonial.
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