La récente résurgence de l’équipe nationale algérienne a semé un vent de panique au sein du régime de Rabat. Après une brève période d’incertitude, les Verts sont revenus en force, dissipant les doutes et réaffirmant leur suprématie sur la scène africaine. Ce retour en grâce a non seulement ravivé l’enthousiasme des supporters algériens, mais il a aussi mis en lumière les failles de la stratégie marocaine visant à s’imposer comme la future terre d’accueil de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Un contexte défavorable pour le Maroc
L’ambition du Makhzen d’organiser la prochaine CAN reposait sur une conjoncture autrefois favorable, marquée par l’exploit des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022. Cependant, la dynamique a changé. À l’euphorie d’hier succède aujourd’hui une série de performances en demi-teinte pour l’équipe marocaine, dont les victoires laborieuses ne convainquent plus.
En parallèle, les infrastructures sportives du royaume restent insuffisantes. Les retards accumulés dans la rénovation des stades et leur vétusté contrastent avec les nouvelles enceintes algériennes, à l’image du joyau de Tizi Ouzou. Lors du dernier match des Verts dans cette ville, le spectacle fut saisissant : une ambiance électrique, un stade flambant neuf et une prestation magistrale des joueurs algériens. L’événement a marqué les esprits et exposé au grand jour l’écart qui se creuse entre les deux nations en matière d’organisation et de ferveur populaire.
Un échec stratégique du Makhzen
Lorsque le Maroc a manœuvré en coulisses pour obtenir l’organisation de la CAN, avec la complicité du président de la Confédération Africaine de Football (CAF), il misait sur un contexte favorable. À l’époque, l’Algérie traversait une phase de transition et son équipe nationale, après avoir enchaîné des records sous Djamel Belmadi, connaissait une baisse de régime. Cependant, les Verts ont su se réinventer, regagner en cohésion et retrouver leur place parmi l’élite du football continental.
Désormais, le Maroc voit son rêve s’effriter. Non seulement l’Algérie se positionne comme une candidate crédible pour l’organisation d’événements d’envergure, mais elle redevient également un sérieux prétendant au titre africain. La perspective de voir les Verts triompher en décembre prochain, qui plus est sur le sol marocain, fait trembler Rabat.
Une résonance politique indéniable
Au-delà du football, les répercussions politiques sont palpables. L’un des revers les plus marquants pour le Makhzen concerne son soutien au mouvement séparatiste du MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie). Le match de Tizi Ouzou a démontré, à travers une communion sans précédent entre supporters algériens, que l’unité nationale restait intacte. L’iftar géant organisé par les habitants de la ville pour accueillir les supporters venus de tout le pays a frappé les esprits, notamment au Maroc, où de nombreux internautes ont pris conscience des manipulations dont ils étaient victimes.
Le Makhzen, qui s’efforce de maintenir son peuple dans l’ignorance à travers une censure rigide et un système éducatif défaillant, voit son discours s’effondrer. L’Algérie, souvent caricaturée par la propagande marocaine, apparaît désormais sous un jour bien différent aux yeux de l’opinion publique du royaume.
Un avenir incertain pour Rabat
Face à cette nouvelle donne, la nervosité s’empare du pouvoir marocain. La montée en puissance de l’Algérie sur la scène footballistique et sa capacité à mobiliser un peuple derrière son équipe nationale menacent directement la légitimité du Makhzen. Les médias proches du palais tentent d’enflammer les esprits, alimentant un climat propice aux tensions, dans l’espoir de perturber l’élan algérien.
Mais la réalité est implacable : les Verts avancent inexorablement vers leur qualification pour la Coupe du monde 2026 et s’affirment comme des prétendants sérieux au sacre continental. Une victoire algérienne à Rabat en décembre représenterait un affront majeur pour le régime chérifien, déjà fragilisé par des crises internes et un mécontentement grandissant.
Le Makhzen est à la croisée des chemins. Entre une équipe en perte de vitesse, une organisation de la CAN qui lui échappe et une opinion publique de plus en plus éveillée, le pouvoir marocain doit désormais composer avec une Algérie qui ne cesse de renforcer son influence, sur le terrain comme en dehors.
Par Belgacem Merbah
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