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Crise diplomatique : L’élite politique française redoute la riposte algérienne après le communiqué de la diplomatie d’Alger

Le 27 février 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué cinglant rejetant « les menaces et ultimatums » du Premier ministre français François Bayrou. Ce message, d’une fermeté inédite, a plongé la classe politique française dans un état d’inquiétude et d’incertitude. Il marque une détérioration rapide des relations entre Paris et Alger, qui pourraient atteindre un point de rupture similaire à celui observé avec le Maroc en 2021.

En affirmant qu’« aucun chantage ni ultimatum ne sera toléré », l’Algérie laisse entendre que la réponse aux provocations françaises sera immédiate et d’une intensité supérieure. Ce ton trahit une détermination à ne plus accepter l’arrogance de Paris et à établir des relations fondées sur le respect mutuel.

Un camouflet pour les services secrets français

Un des épisodes les plus révélateurs de cette crise concerne la mésaventure de Nicolas Lerner, directeur de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure). Selon les révélations de Jean-Philippe Tanguy, député du parti d’extrême droite Rassemblement National, le responsable des renseignements français a été refoulé dès son arrivée à l’aéroport Houari Boumediene en janvier dernier.

Lerner, qui espérait rencontrer de hauts responsables algériens pour discuter de questions sécuritaires, est resté bloqué 20 minutes dans la zone de transit avant d’être contraint de reprendre son avion pour Paris.

Cet incident a été perçu comme un affront majeur à la diplomatie française. La réaction de Jean-Philippe Tanguy ne s’est pas fait attendre : il a qualifié l’Algérie de « pays voyou », un terme qui illustre bien la colère et l’impuissance de la classe politique française face à une Algérie qui assume pleinement sa souveraineté.

La France tente de rallier l’Europe contre Alger

Face à la perspective d’un isolement diplomatique, certains responsables français tentent de convaincre l’Italie et l’Espagne de se joindre à leur confrontation avec l’Algérie. Jean-Philippe Tanguy, en particulier, multiplie les appels du pied à ces deux pays méditerranéens, mais cette démarche semble vouée à l’échec.

L’Italie a profité de la crise entre Alger et Madrid en 2022 pour renforcer sa coopération énergétique avec l’Algérie et sécuriser son approvisionnement en gaz. Rome voit donc d’un mauvais œil toute tentative de confrontation qui pourrait perturber cet équilibre.

Quant à l’Espagne, elle paie encore les frais de son revirement diplomatique sur le Sahara occidental, qui lui a valu une rupture de contrat avec Sonatrach et un report de certains projets stratégiques. Madrid sait que toute nouvelle provocation envers Alger pourrait se traduire par d’autres sanctions économiques.



Les craintes de l’ex-ambassadeur français en Algérie

L’inquiétude gagne également les cercles diplomatiques parisiens. Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie et aujourd’hui l’un des ténors de l’extrême droite française, s’est montré particulièrement pessimiste.

Il pointe du doigt l’absence d’un ambassadeur algérien à Paris depuis le rappel de Saïd Moussi, nommé depuis à Lisbonne, ainsi que l’isolement du diplomate français en Algérie, Stéphane Romatet. Cette situation complique considérablement les échanges entre les deux capitales et laisse peu de place à la désescalade.

L’accord de 1968 : Une menace qui plane sur la France

Au cœur de la polémique se trouve la révision annoncée de l’Accord de 1968, qui régit les conditions de circulation et de séjour des Algériens en France.

L’annulation de cet accord serait un véritable séisme pour la politique migratoire française. Il permet actuellement aux Algériens d’accéder à certains droits spécifiques en matière de séjour, de travail et d’études. Sa suppression mettrait fin à ces facilités et pourrait affecter des centaines de milliers de personnes.

Un rapport du Sénat alerte sur une possible riposte algérienne violente

Un rapport confidentiel du Sénat français, récemment révélé par certains médias, met en garde contre des représailles sévères de la part de l’Algérie si la France venait à annuler unilatéralement l’Accord de 1968.

Selon ce document, Alger pourrait répondre par des mesures drastiques, notamment :

  • Un gel total de la coopération sécuritaire et antiterroriste entre les deux pays.
  • Une expulsion massive d’entreprises françaises opérant en Algérie, impactant des géants comme TotalEnergies et Renault.
  • Des restrictions sur les exportations de gaz et de pétrole vers la France, aggravant la crise énergétique en Europe.
  • Un durcissement des conditions de séjour des Français en Algérie, touchant notamment les binationaux et les expatriés.

Le rapport insiste sur le fait qu’une crise migratoire pourrait également éclater, avec un afflux incontrôlé de sans-papiers algériens en France, faute de coopération entre les autorités des deux pays.

Cette perspective a semé la panique au sein de l’exécutif français, où certains plaident désormais pour une approche plus pragmatique, afin d’éviter une escalade incontrôlable.

Les racines historiques de la discorde

L’Accord de 1968 est souvent associé aux Accords d’Évian de 1962, qui avaient accordé certains avantages économiques à la France après l’indépendance algérienne.

À l’origine, ces accords garantissaient aux entreprises françaises un accès privilégié aux ressources naturelles algériennes, en particulier aux hydrocarbures sahariens. Toutefois, cette domination a pris fin avec la nationalisation du pétrole et du gaz par Houari Boumédiène en 1971, mettant un terme au monopole français sur ces secteurs.

Depuis, les relations économiques franco-algériennes ont fluctué, oscillant entre coopération et tensions. Des multinationales françaises comme TotalEnergies ont néanmoins réussi à maintenir une présence significative en Algérie. Or, si Alger décidait de revoir ces accords, cela pourrait entraîner un recul considérable des intérêts français en Afrique du Nord.

Deux scénarios possibles pour la réponse algérienne

1. La rupture diplomatique totale

  • Expulsion de l’ambassadeur français Stéphane Romatet.
  • Suspension des relations diplomatiques, sur le modèle de la crise avec le Maroc.
  • Un geste fort qui marquerait une rupture historique avec Paris.

2. Des sanctions économiques ciblées

  • Restrictions sur les entreprises françaises opérant en Algérie.
  • Air France et Transavia pourraient être pénalisées en représailles aux entraves subies par Air Algérie en France.
  • Réduction des flux migratoires et visas.

Vers une crise sans précédent ?

L’échéance imposée par la France approche et Alger ne semble pas disposée à céder à la pression. L’escalade verbale et diplomatique actuelle pourrait aboutir à une crise d’une ampleur inédite.

Plus qu’un simple différend politique, cette tension traduit une volonté claire de l’Algérie de redéfinir ses relations avec la France sur des bases nouvelles, loin des rapports de domination hérités du passé colonial.

La question qui se pose maintenant est simple : Paris acceptera-t-elle cette nouvelle réalité ou continuera-t-elle à s’accrocher à une influence en déclin ? Une chose est sûre : Alger ne reculera pas.




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