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L’introduction des drones d’attaque : un tournant stratégique dans le conflit entre le Maroc et le Front Polisario

Le conflit entre le Maroc et le Front Polisario, qui dure depuis plusieurs décennies, pourrait connaître une nouvelle escalade avec l’introduction des drones d’attaque dans l’arsenal militaire sahraoui. Jusqu’à présent, le Maroc avait un avantage technologique indéniable grâce à l’utilisation de drones armés fournis principalement par Israël et la Turquie. Cependant, les récentes déclarations du diplomate sahraoui Brahim Mokhtar laissent entendre que le Front Polisario compte également se doter de cette technologie de guerre, ce qui pourrait redessiner le rapport de force sur le terrain.


L’usage des drones par le Maroc : un avantage stratégique

Depuis la reprise des hostilités en novembre 2020, le Maroc a intensifié son recours aux drones pour frapper les positions du Polisario dans les zones désertiques du Sahara Occidental. Les drones, notamment les Bayraktar TB2 turcs et les Harop israéliens, ont permis à Rabat d’effectuer des frappes chirurgicales sur les combattants sahraouis, limitant ainsi les pertes humaines dans ses propres rangs.

Ces attaques ont contraint le Polisario à revoir ses tactiques, en réduisant les déplacements en convois et en privilégiant des attaques plus furtives. Cependant, l’absence de moyens anti-drones efficaces a fait que les frappes marocaines ont significativement affaibli les capacités opérationnelles de l’armée sahraouie.

L’acquisition de drones par le Polisario : vers un nouvel équilibre militaire ?

L’annonce de Brahim Mokhtar suggère que le Front Polisario envisage sérieusement d’acquérir des drones d’attaque. Ces armes, désormais accessibles sur le marché international, pourraient être fournies par des pays hostiles à Rabat ou acquis par des moyens détournés. L’introduction de drones sahraouis permettrait au Polisario de frapper des cibles stratégiques marocaines, y compris des bases militaires et des infrastructures sensibles situées bien au-delà du champ de bataille traditionnel.

Si le Polisario parvient à intégrer cette technologie dans sa stratégie militaire, cela remettrait en cause la domination aérienne marocaine et pourrait entraîner un effet dissuasif sur les forces de Rabat. À terme, cela obligerait le Maroc à revoir ses dispositifs de défense, notamment en renforçant ses systèmes anti-drones et en adaptant ses positions militaires.

Une escalade du conflit inévitable ?

L’introduction de drones d’attaque par le Polisario pourrait marquer une nouvelle phase dans le conflit, avec un risque accru d’escalade militaire. Loin d’être une simple guerre de positions, la confrontation pourrait évoluer vers un conflit asymétrique de haute intensité, où chaque camp tenterait de neutraliser les capacités technologiques de l’autre.

Si le Conseil de sécurité de l’ONU ne parvient pas à imposer une solution politique durable, le risque est grand de voir une multiplication des frappes et des représailles, pouvant potentiellement menacer la stabilité de la région. La question du référendum d’autodétermination, toujours bloquée par le Maroc avec l’appui de la France, pourrait devenir encore plus explosive si la balance militaire venait à s’équilibrer.

Le rôle de la France et la dimension géopolitique du conflit

Comme l’a souligné Brahim Mokhtar, la France joue un rôle clé dans le maintien du statu quo. Paris, en quête d’un levier d’influence en Afrique après ses revers dans le Sahel, s’appuie de plus en plus sur le Maroc pour préserver ses intérêts économiques et stratégiques sur le continent.

En soutenant activement Rabat, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, la France empêche toute résolution favorable au Front Polisario et entrave la mise en place d’un référendum d’autodétermination. Cette position renforce la frustration sahraouie et pourrait encourager le Polisario à opter pour une stratégie plus agressive, notamment via l’utilisation des drones d’attaque.

Conclusion : vers un nouvel équilibre des forces ?

L’officialisation de l’usage des drones par le Polisario marquerait un tournant décisif dans le conflit. Si cette technologie devient un élément central de la guerre au Sahara Occidental, le Maroc ne pourra plus compter sur sa supériorité aérienne pour maintenir la pression sur les forces sahraouies.

Toutefois, l’introduction de ces armes autonomes ne ferait qu’alimenter une spirale de violence, éloignant encore plus les perspectives de paix. Face à ce risque d’escalade, la communauté internationale, et en particulier l’ONU, devra accélérer ses efforts pour trouver une solution politique à un conflit qui, sans cela, risque de prendre une dimension encore plus destructrice.




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