Ces derniers temps, la question palestinienne a de nouveau occupé le devant de la scène internationale, dans un contexte d’intensification de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, accompagnée de manœuvres politiques et diplomatiques en coulisses. Parmi les sujets les plus controversés figure l’information selon laquelle le Maroc, sous pression américaine, aurait accepté d’accueillir un certain nombre de Palestiniens de Gaza dans le cadre d’un plan de relocalisation qui remonterait à l’administration de Donald Trump. Cette initiative, perçue par beaucoup comme une tentative de vider Gaza de ses habitants au profit des intérêts israéliens, suscite des interrogations sur la position réelle du Maroc et ses implications pour la cause palestinienne et la stabilité régionale.
Le Maroc s’est toujours présenté comme un fervent défenseur de la Palestine, s’appuyant sur la symbolique de sa présidence du Comité Al-Qods affilié à l’Organisation de la coopération islamique, et mettant en avant ses prises de position en faveur des droits des Palestiniens. Cependant, la réalité dévoile une approche bien plus pragmatique, où la cause palestinienne semble avoir été instrumentalisée pour servir les intérêts stratégiques du régime, tant sur le plan national qu’international.
Un soutien officiel, mais une réalité contrastée
Depuis son indépendance, la monarchie marocaine a entretenu un discours pro-palestinien, mais dans les faits, ce soutien est resté largement symbolique. Le Maroc fait d’ailleurs partie des premiers pays arabes à avoir établi des relations secrètes avec Israël.
Les liens officieux entre Rabat et Tel-Aviv remontent aux années 1960, notamment à travers la coopération entre les services de renseignement marocains et le Mossad dans l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka à Paris en 1965. Cet événement a révélé dès cette époque la profondeur des relations clandestines entre le Maroc et Israël.
Au fil des décennies, ces relations se sont maintenues dans l’ombre, englobant coopération sécuritaire, échanges de renseignements et accords commerciaux discrets. Pendant ce temps, le régime marocain poursuivait son discours officiel de solidarité avec la Palestine.
La présidence marocaine du Comité Al-Qods, en place depuis 1979 et censée œuvrer pour la protection de la ville sainte, a eu un impact limité. Ni le développement des colonies, ni la sauvegarde de la mosquée Al-Aqsa, ni l’amélioration des conditions de vie des habitants de Jérusalem n’ont été influencés de manière significative. Beaucoup estiment que ce comité a surtout servi à renforcer l’image du Maroc sur la scène régionale, tout en accompagnant en coulisses une normalisation progressive avec Israël.
En décembre 2020, cette normalisation est devenue officielle avec la signature par Rabat des Accords d’Abraham, sous l’égide des États-Unis. En échange, Washington a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, illustrant ainsi la volonté du régime de privilégier ses intérêts géopolitiques, quitte à compromettre la cause palestinienne.
Depuis lors, les relations entre le Maroc et Israël ont connu une accélération sans précédent : accords de coopération en matière de défense, de sécurité, d’agriculture et de commerce, exercices militaires conjoints et ouverture de bureaux diplomatiques officiels. Cette proximité grandissante a suscité une vive indignation populaire, mettant en lumière l’écart entre les déclarations officielles et la réalité des choix stratégiques du pouvoir marocain.
L’accueil de réfugiés de Gaza : entre fuites et inquiétudes
Des rapports médiatiques non officiels ont révélé que le Maroc ferait partie des pays ayant accepté d’accueillir des réfugiés palestiniens en provenance de Gaza, dans le cadre d’un plan secret américain visant à réduire la pression sur Israël et à faciliter, à terme, l’exode des habitants du territoire. Cette initiative s’inscrirait dans les projets de l’administration Trump visant à liquider progressivement la question palestinienne en dispersant les réfugiés dans plusieurs pays arabes.
Si ces informations se confirmaient, cela représenterait un tournant majeur dans la position du Maroc, qui n’a jamais été associé par le passé aux initiatives de relocalisation des réfugiés palestiniens hors de leur territoire.
Les implications politiques du choix marocain
L’adhésion du Maroc à un tel projet soulève plusieurs enjeux complexes :
- Pressions américainesLa relation stratégique entre Rabat et Washington expose le Maroc à des pressions constantes, notamment pour soutenir les positions américaines et israéliennes dans la région, en contrepartie du soutien américain sur la question du Sahara occidental.
- Réactions de l’opinion publique marocaineLe peuple marocain est fortement attaché à la cause palestinienne et a déjà manifesté massivement contre l’agression israélienne. Toute décision perçue comme une complicité avec le déplacement forcé des Palestiniens pourrait provoquer une vague de contestation populaire.
- Relations avec le monde arabeUne participation marocaine à un projet qui pourrait être assimilé à un "transfert" forcé de Palestiniens risquerait d’affaiblir ses relations avec certains pays arabes, notamment ceux opposés à toute solution visant à liquider la cause palestinienne.
Le plan Trump et la déportation des Palestiniens
Dans le cadre du "Deal du siècle", l’administration de Donald Trump avait cherché à redessiner la carte politique du Moyen-Orient en faveur d’Israël. Cette initiative comprenait :
- La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël
- L’annexion de certaines parties de la Cisjordanie
- L’octroi d’incitations économiques aux Palestiniens et aux pays arabes voisins
Mais le point le plus alarmant demeure l’éventualité d’un exode forcé des habitants de Gaza vers des pays comme l’Égypte, la Jordanie et le Maroc. Ce projet, dénoncé par ses opposants comme une tentative de liquider la présence palestinienne sur son territoire, constituerait une menace existentielle pour la cause palestinienne.
Une position officielle marocaine floue
Jusqu’à présent, le Maroc n’a pas publié de déclaration officielle claire pour démentir catégoriquement ces allégations. Ce silence alimente les spéculations, certains y voyant une stratégie d’anticipation de l’opinion publique, tandis que d’autres considèrent qu’il s’agit d’une tentative d’éviter une escalade médiatique avant que la situation ne se clarifie.
D’autres analystes estiment que le Maroc pourrait accepter un nombre limité de réfugiés palestiniens pour des raisons humanitaires, sans pour autant adhérer à un plan de déplacement systématique. Toutefois, cette nuance reste absente du discours officiel.
Le Maroc face à un équilibre délicat
Le Maroc se trouve aujourd’hui dans une position délicate :
- D’un côté, il cherche à maintenir le soutien américain pour sa souveraineté sur le Sahara occidental.
- De l’autre, il doit préserver son image de défenseur de la Palestine, un élément crucial de sa légitimité politique et populaire.
Toute implication marocaine dans un projet assimilé à une déportation des Palestiniens pourrait gravement nuire à son crédit diplomatique et affaiblir sa position en tant que médiateur crédible dans le conflit israélo-palestinien, d’autant plus qu’il préside le Comité Al-Qods.
Conclusion
La cause palestinienne est aujourd’hui un test révélateur des positions des régimes arabes, y compris celui du Maroc. Entre intérêts stratégiques et pressions internationales, c’est finalement la volonté des peuples arabes, notamment du peuple marocain, qui reste un rempart essentiel contre toute tentative de liquidation de la cause palestinienne.
L’avenir dira si le Maroc parviendra à maintenir un équilibre entre ses intérêts nationaux et son engagement envers la Palestine, ou s’il cédera aux exigences des grandes puissances au risque d’altérer son image et sa crédibilité.
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