Contrairement aux affirmations de certains médias marocains, l’Algérie ne cherche pas à éviter un isolement régional par son rapprochement avec l’Espagne. Bien au contraire, Alger s’affirme comme un acteur géopolitique incontournable et c’est Madrid qui cherche à renouer avec son partenaire stratégique après avoir subi les conséquences des sanctions algériennes.
Dans cet article, nous allons démontrer, avec des faits et des sources, que l’Algérie est en position de force dans ce réchauffement des relations et que ce sont plutôt ses adversaires qui se retrouvent isolés sur la scène internationale.
1. L’Algérie : Un acteur clé en Méditerranée et en Afrique
1.1. Un fournisseur énergétique stratégique pour l’Europe
L’Algérie possède les 10ᵉ plus grandes réserves prouvées de gaz naturel au monde et est le premier exportateur africain de gaz vers l’Europe. Avec la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine, le rôle d’Alger s’est encore renforcé.
- L’Italie, par exemple, a signé en 2022 un accord majeur avec Sonatrach pour augmenter ses importations de gaz algérien afin de compenser la réduction des livraisons russes (Source : Reuters, "Italy secures more Algerian gas as it seeks to cut Russia reliance", 2022).
- L’Allemagne a également manifesté son intérêt pour renforcer son partenariat énergétique avec l’Algérie, notamment en matière de gaz naturel liquéfié (GNL) et d’hydrogène vert (Source : Deutsche Welle, "Germany eyes Algeria as key energy partner", 2023).
En 2023, l’Algérie est ainsi devenue le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, dépassant même les États-Unis. En septembre 2023, les importations espagnoles de gaz algérien ont atteint 28,3% du total, contre 23,2% pour le gaz américain (Source : Enagas, gestionnaire du réseau gazier espagnol).
Ces chiffres montrent que l’Algérie n’est pas isolée, mais au contraire courtisée par les puissances européennes pour son rôle central dans l’approvisionnement énergétique du continent.
1.2. Un leadership africain affirmé
Loin d’être marginalisée, l’Algérie joue un rôle clé dans la région sahélo-saharienne et en Afrique :
- Médiation au Mali : Depuis les accords d’Alger de 2015, l’Algérie est considérée comme un médiateur de premier plan dans le conflit malien (Source : Jeune Afrique, "Mali : l’Algérie relance la médiation avec les groupes armés", 2023).
- Influence en Libye : L’Algérie a maintenu des contacts avec tous les acteurs du conflit libyen et a soutenu des solutions politiques inclusives, contrairement à d’autres pays qui ont adopté des positions partisanes.
En parallèle, Alger renforce sa coopération avec l’Union africaine et a été l’un des principaux promoteurs de l’adhésion de l’UA aux BRICS lors du sommet de 2023 (Source : African Union, "AU’s role in BRICS expansion", 2023).
2. L’Espagne : Un retour forcé vers l’Algérie sous la pression économique
2.1. L’impact des sanctions algériennes sur l’économie espagnole
En réponse au soutien espagnol au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental en 2022, l’Algérie a suspendu le traité d’amitié avec l’Espagne et gelé les transactions commerciales hors secteur gazier.
- En un an, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont chuté de 85%, passant de 2,3 milliards d’euros en 2021 à seulement 400 millions d’euros en 2022 (Source : Institut national des statistiques d’Espagne - INE).
- Plusieurs secteurs espagnols ont été touchés, notamment les entreprises agroalimentaires, les matériaux de construction et l’industrie pharmaceutique.
- La Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales (CEOE) a fait pression sur le gouvernement pour rétablir les relations commerciales avec l’Algérie (Source : El País, "Los empresarios piden a Sánchez que reabra el comercio con Argelia", 2023).
Face à ces pertes, le gouvernement espagnol a été contraint de revoir sa position et d’engager des discussions discrètes avec Alger pour un retour à la normale.
2.2. Le retour à la normalisation sous conditions algériennes
Le premier signal de rapprochement a été envoyé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui a multiplié les déclarations conciliantes envers l’Algérie ces derniers mois.
Lors de leur rencontre en marge du G20 en 2024, les discussions ont porté sur des sujets économiques et sécuritaires, mais la question du Sahara occidental n’a pas été abordée. Cela signifie que Madrid ne cherche pas à imposer sa position sur ce dossier, confirmant que c’est bien l’Espagne qui cherche à restaurer les relations, et non l’inverse (Source : El Confidencial, "España y Argelia retoman el diálogo pero evitan la cuestión del Sáhara", 2024).
3. L’isolement concerne plutôt les adversaires de l’Algérie
Alors que certains médias marocains prétendent que l’Algérie est isolée, la réalité est toute autre. Ce sont plutôt ses adversaires qui se retrouvent en difficulté :
- Le Maroc peine à rallier du soutien sur la question du Sahara occidental : malgré l’appui de quelques pays comme Israël ou les États-Unis, l’ONU et l’Union africaine continuent de défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui (Source : Rapport du Conseil de Sécurité de l’ONU, octobre 2023).
- Le rapprochement entre l’Algérie et la Russie inquiète les adversaires d’Alger : l’Algérie a signé un accord militaire de 12 milliards de dollars avec Moscou, renforçant son rôle de puissance militaire en Afrique du Nord (Source : The Moscow Times, "Russia and Algeria deepen military cooperation", 2023).
- Les relations franco-algériennes restent tendues, mais Paris ne peut se permettre de perdre Alger : malgré les tensions sur le dossier mémoriel et migratoire, Emmanuel Macron a multiplié les gestes d’apaisement envers l’Algérie (Source : Le Monde, "Macron et Tebboune veulent tourner la page des tensions", 2023).
Conclusion : L’Algérie impose son rythme
Le rapprochement entre l’Algérie et l’Espagne est la conséquence directe de la pression économique qu’Alger a exercée sur Madrid, et non une tentative de sortie d’isolement. L’Algérie s’impose comme un acteur majeur, aussi bien sur le plan énergétique qu’en matière de diplomatie africaine et internationale.
En réalité, c’est l’Espagne qui a besoin de l’Algérie, et non l’inverse. Ceux qui sont en position de faiblesse ne sont pas à Alger, mais plutôt ceux qui espéraient voir l’Algérie reculer sur ses principes et ses choix stratégiques.
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