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Algérie : une vision géostratégique payante face aux bouleversements internationaux

L’Algérie, souvent décrite comme un acteur discret mais influent sur la scène internationale, semble aujourd’hui récolter les fruits d’une diplomatie fondée sur une indépendance stratégique assumée et un ancrage multidimensionnel. Alors que certaines puissances occidentales comme la France connaissent une marginalisation progressive, et que des alliances fragiles se fissurent au Sahel, Alger se positionne comme un pivot incontournable en Afrique et au-delà.

Les récents développements au Mali, la position inconfortable de la France en Europe et le dialogue direct entre Washington et Moscou sur l’Ukraine, illustrent comment une diplomatie fondée sur la constance, la souveraineté et la diversification des partenariats permet à l’Algérie de renforcer son rôle de puissance régionale.

Le Mali fait marche arrière : une victoire diplomatique algérienne

L’un des signaux les plus révélateurs de l’efficacité diplomatique algérienne vient du Mali. Après une période de tensions alimentées par des influences extérieures, Bamako semble opérer un retour vers Alger, envoyant un ambassadeur pour renouer un dialogue stratégique.

🔹 Un éloignement temporaire sous influence marocaine
Ces derniers mois, le Mali s’était rapproché du Maroc, poussé par des jeux d’influence qui visaient à isoler l’Algérie sur la scène sahélienne. Rabat, en quête d’alliances pour renforcer sa position sur le Sahara Occidental, avait multiplié les manœuvres diplomatiques auprès des autorités maliennes. Cette stratégie s’inscrivait dans une dynamique plus large de repositionnement du Maroc en Afrique, soutenue en sous-main par des puissances occidentales cherchant à affaiblir le rôle historique de médiateur de l’Algérie dans la région.

🔹 Le retour à la réalité géopolitique
Cependant, les réalités géopolitiques ont rattrapé Bamako. Depuis des décennies, l’Algérie est un acteur central dans le règlement des crises sahéliennes, notamment à travers l’Accord d’Alger de 2015, signé entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord. Face à une insécurité persistante, une crise économique latente et des tensions internes, le Mali ne peut se permettre d’ignorer l’Algérie, puissance régionale qui partage avec lui une frontière stratégique et des intérêts communs en matière de lutte contre le terrorisme.

Ce revirement diplomatique est un désaveu pour les manœuvres marocaines et une confirmation du rôle incontournable de l’Algérie en Afrique de l’Ouest.


France : la diplomatie du naufrage

Là où l’Algérie consolide son influence, la France, elle, traverse une crise géopolitique majeure. Son choix de reconnaître officiellement la marocanité du Sahara Occidental en juillet 2024 s’est avéré un pari perdant, la coupant de nombreux partenaires internationaux et renforçant son isolement, aussi bien en Afrique qu’en Europe.

🔹 Une rupture avec le droit international
En reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, Paris s’est placée en contradiction avec les résolutions de l’ONU, les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), et les principes du droit international. Ce choix, qui visait à renforcer les liens avec Rabat après une période de tensions, s’est retourné contre la diplomatie française :

  • L’Algérie, acteur clé au Maghreb, a renforcé son opposition à la politique française.
  • L’Espagne et l’Allemagne, bien qu’ayant connu des épisodes de rapprochement avec le Maroc, restent prudentes et évitent de suivre l’exemple français.
  • Bruxelles, soucieuse du respect du droit européen, n’a pas emboîté le pas, laissant Paris isolée au sein de l’Union européenne.

🔹 Une perte d’influence en Afrique
Cette décision s’ajoute à un contexte plus large de déroute française en Afrique :

  • Le départ forcé des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger a mis fin à l’ère de la domination militaire française au Sahel.
  • La montée en puissance des acteurs russes et turcs sur le continent a relégué la France à un rôle secondaire.
  • L’Algérie a consolidé ses relations avec de nombreux pays africains, en particulier à travers une approche de coopération mutuellement bénéfique, plutôt que de dépendance.

Résultat ? Paris se retrouve marginalisée sur l’échiquier géopolitique africain et peine à redéfinir son rôle dans une région où elle était jadis omniprésente.

Washington et Moscou discutent de l’Ukraine : l’Europe écartée

Un autre développement majeur vient des négociations entre les États-Unis et la Russie sur l’avenir de l’Ukraine. Fait notable : l’Ukraine elle-même est exclue des discussions, tout comme l’Union européenne, réduite à un simple spectateur.

🔹 Une Europe en perte de poids stratégique
Alors que Bruxelles affiche un soutien indéfectible à Kiev, les grandes décisions sont prises sans elle. Cette mise à l’écart démontre une réalité brutale :

  • L’Europe n’est plus un acteur militaire majeur, dépendant des États-Unis pour sa sécurité.
  • La diplomatie européenne est éclipsée par des rapports de force globaux entre Washington, Moscou et Pékin.
  • La France, qui aspirait à un rôle de leader en Europe, est désormais reléguée à une position secondaire, sans capacité d’influence sur les grandes négociations stratégiques.

L’Algérie, puissance d’équilibre dans un monde en mutation

Face à ces bouleversements, l’Algérie apparaît comme un pôle de stabilité et un acteur de plus en plus influent.

🔹 Une diplomatie basée sur le respect du droit international
Contrairement à la France, qui a sacrifié sa crédibilité juridique pour des intérêts immédiats, l’Algérie a toujours défendu le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment en ce qui concerne le Sahara Occidental et la Palestine. Cette position lui vaut le respect de nombreux pays en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

🔹 Une stratégie d’alliances diversifiée
Alger ne mise pas sur un seul partenaire :

  • Elle renforce ses liens avec la Chine et la Russie, qui apprécient son indépendance stratégique.
  • Elle reste en dialogue avec les États-Unis, notamment sur les questions énergétiques.
  • Elle maintient des relations solides avec l’Union africaine, consolidant son rôle de médiateur sur le continent.

🔹 Une stabilité intérieure qui renforce son poids extérieur
Contrairement aux années 1990, où le pays était en proie à des crises internes, l’Algérie bénéficie aujourd’hui d’une stabilité politique et économique relative qui lui permet de jouer pleinement son rôle international.

Conclusion : un pari réussi pour Alger

Alors que certains pays s’enfoncent dans des choix stratégiques risqués, l’Algérie s’impose progressivement comme un acteur clé de la nouvelle architecture mondiale.

  • Le Mali revient vers elle, reconnaissant son rôle incontournable au Sahel.
  • La France s’enlise dans des décisions qui la marginalisent.
  • L’Europe perd son autonomie stratégique pendant que les grandes puissances redessinent l’ordre mondial.

Grâce à une diplomatie pragmatique, ancrée dans le respect du droit international, l’Algérie conforte sa place dans le concert des nations et s’affirme comme un pôle de souveraineté et de stabilité dans un monde en mutation.




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