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Affaire Merwane Benlazar : Deux poids, deux mesures ?

L’éviction de Merwane Benlazar après son passage sur C à vous a soulevé une vague d’indignation, non seulement pour ce qui est perçu comme une censure injustifiée, mais aussi en raison d’un traitement différencié par rapport à d’autres humoristes issus de l’immigration maghrébine. En particulier, Yassine Belattar, humoriste d’origine marocaine, bénéficie d’une liberté d’expression bien plus large sans faire face aux mêmes sanctions.

Cette situation soulève une question légitime : Merwane Benlazar a-t-il été sanctionné en raison de ses origines algériennes ?



Yassine Belattar, un humoriste polémique mais intouchable ?

Yassine Belattar, connu pour ses prises de position tranchées et ses critiques acerbes du paysage politique français, est un habitué des controverses. Proche d’Emmanuel Macron à une époque, il a souvent été accusé de tenir des discours ambigus sur des sujets sensibles, notamment sur l’islam et les banlieues. Il a même été mis en examen en 2019 pour menaces de mort, sans que cela ne compromette véritablement sa carrière médiatique.

Malgré ces affaires, Yassine Belattar continue d’apparaître dans les médias et à la radio, et ses interventions sont rarement remises en cause par le gouvernement. Pourtant, il ne ménage pas ses critiques contre l’État français, dénonçant régulièrement le traitement des musulmans et des minorités en France.

À l’inverse, Merwane Benlazar a été évincé sans qu’aucune accusation sérieuse ne soit retenue contre lui, si ce n’est une vague interprétation de son apparence et de ses prises de position humoristiques passées. Il n’a jamais été poursuivi en justice ni accusé de comportements répréhensibles, mais cela ne l’a pas empêché d’être sacrifié sur l’autel du débat politico-médiatique.


Pourquoi cette différence de traitement ?

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce deux poids, deux mesures :

  1. Un contexte politique et médiatique ultra-sensible

    • La France est actuellement traversée par un débat brûlant sur le port de signes religieux, la laïcité et l’islamisme.
    • Dans ce climat tendu, un humoriste portant une barbe fournie et un bonnet est immédiatement perçu comme un islamiste potentiel, même sans preuve.
  2. Un traitement différencié selon les origines ?

    • La proximité entre Rachida Dati et le pouvoir marocain est un élément non négligeable. Certains observateurs estiment que les personnalités franco-marocaines bénéficient d’un certain traitement de faveur par rapport aux franco-algériens, en raison des relations diplomatiques parfois tendues entre la France et l’Algérie.
    • Dans ce contexte, Yassine Belattar jouit d’une forme de protection tacite, tandis que Merwane Benlazar, issu de la communauté franco-algérienne, est plus facilement sacrifié.
  3. L'influence des médias et de l’extrême droite

    • L’affaire Benlazar a été principalement attisée par des figures médiatiques proches de l’extrême droite, qui l’ont accusé de représenter une forme d’islam rigoriste.
    • En revanche, Yassine Belattar, qui a un profil plus médiatique et politique, bénéficie d’un réseau de soutiens plus solide et de relais puissants qui empêchent son éviction.

Un précédent inquiétant pour la liberté d’expression

La manière dont Merwane Benlazar a été traité pose un sérieux problème de liberté d’expression et d’égalité de traitement. Pourquoi un humoriste d’origine algérienne est-il sanctionné pour son apparence et des déclarations passées, alors qu’un autre humoriste d’origine marocaine peut tenir des propos autrement plus polémiques sans être inquiété ?

Cette affaire illustre une réalité dérangeante : en France, les personnes issues de l’immigration ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Certains bénéficient d’une forme de tolérance, tandis que d’autres sont immédiatement ostracisés.

Si la liberté d’expression est réellement un principe fondamental, alors tous les humoristes devraient être traités de la même manière, sans discrimination fondée sur l’origine ou la perception médiatique de leur identité.

La question reste donc ouverte : Merwane Benlazar a-t-il été évincé pour ce qu’il a dit, ou pour ce qu’il est ?




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