Depuis des décennies, le Maroc multiplie les annonces flamboyantes de projets dits « stratégiques », destinés à capter l'attention médiatique mais souvent confinés au stade de la déclaration d'intention. Présentées comme des réponses aux défis économiques et énergétiques de l'Afrique, ces initiatives sont fréquemment perçues comme des instruments de propagande, visant à contrebalancer les avancées tangibles de l’Algérie sur le continent.
Parmi les exemples récents de cette stratégie figurent le gazoduc Nigeria-Maroc, le projet de connecter les pays du Sahel à l’Atlantique via le Sahara occidental occupé, ou encore l’ambition de transformer Nouadhibou en un « Dubaï africain ». Malgré leur allure prometteuse, ces projets souffrent de lacunes majeures, qu’il s’agisse de leur faisabilité technique, de leur financement ou de la pertinence de leurs objectifs.
Ces initiatives ont pour dénominateur commun une tentative manifeste du Maroc de légitimer sa colonisation illégale du Sahara occidental, en s’appuyant sur des visions grandioses mais souvent irréalistes.
Le Gazoduc Nigeria-Maroc : Une Chimère Sous-Marine ?
Annoncé en grande pompe par le Maroc, ce projet pharaonique prévoit un gazoduc de 6 000 kilomètres reliant le Nigeria au Maroc en passant par 13 pays d’Afrique de l’Ouest. Si l’idée peut séduire, elle soulève de nombreux problèmes qui remettent en question sa crédibilité :
1. Des Défis Techniques Immenses
Construire un pipeline sous-marin de cette longueur et à une telle profondeur est sans précédent dans l’histoire de l’industrie énergétique mondiale. Ce type d’infrastructure, soumis à des conditions géologiques et environnementales extrêmes, nécessiterait des avancées technologiques et une expertise de pointe que le Maroc ne possède pas actuellement.
2. Un Financement Flou
Le coût estimé de ce projet s’élève à environ 50 milliards de dollars, une somme colossale. Jusqu’à présent, le Maroc n’a même pas réussi à rassembler les 100 millions de dollars nécessaires pour l’étude de faisabilité. Les principaux bailleurs de fonds internationaux se montrent réticents à soutenir un projet aussi risqué, et les promesses de partenariats avec d’autres pays restent vagues.
3. Un Contexte Géopolitique Instable
Traversant 13 pays, dont plusieurs sont confrontés à des problèmes de sécurité (terrorisme, instabilité politique, conflits internes), le pipeline serait exposé à des risques majeurs. La protection de cette infrastructure à travers des régions instables constitue un défi quasi insurmontable.
4. Motivations Politiques Sous-Jacentes
Au-delà de l’aspect énergétique, le Maroc semble utiliser ce projet pour renforcer son influence politique en Afrique de l’Ouest et pour détourner l’attention des initiatives algériennes. De nombreux observateurs estiment que cette stratégie vise également à gagner des soutiens dans le dossier du Sahara Occidental.
La Fable de Nouadhibou et Lagouira : Un Mirage Médiatique
Le Maroc a récemment annoncé un autre projet ambitieux : transformer Nouadhibou, en Mauritanie, en une version africaine de Dubaï, tout en intégrant la localité de Lagouira, située en zone libérée par le Polisario mais sous administration mauritanienne.
1. Nouadhibou : Un Projet Déconnecté de la Réalité
Selon les médias marocains, des investissements émiratis massifs devraient faire de Nouadhibou un hub économique majeur. Cependant, aucun détail concret n’a été fourni quant aux plans d’investissement ou à l’origine des financements.
- Problème de crédibilité : Nouadhibou, bien que stratégique en raison de sa proximité avec des ressources halieutiques et minières, manque des infrastructures nécessaires pour accueillir un projet de cette ampleur.
- Pas d’engagement clair des Émirats : Les déclarations marocaines ne sont corroborées par aucune annonce officielle émanant des Émirats arabes unis.
2. Lagouira : Une Appropriation Illégitime
Le Maroc prétend que la Mauritanie aurait accepté de céder la souveraineté de Lagouira, une affirmation démentie par les autorités mauritaniennes. Cette tentative de manipulation médiatique semble viser à semer la confusion sur le statut de cette zone sous contrôle du Polisario.
Les Projets Réalistes de l’Algérie : Une Réponse Pratique et Efficace
Contrairement au Maroc, l’Algérie mise sur des projets concrets et faisables qui répondent aux besoins réels des pays africains.
1. Pipeline Transsaharien (TSGP)
- Description : Ce projet relie le Nigeria à l’Algérie via le Niger, pour transporter 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers l’Europe.
- Avantages :
- Financement solide assuré par l’Algérie et le Nigeria.
- Expertise technique algérienne reconnue dans le secteur gazier.
- Sécurisation de la région grâce à des efforts conjoints pour lutter contre les menaces terroristes.
2. La Route Transsaharienne
- Description : Ce projet de 4 500 km vise à relier l’Algérie au Nigeria via le Niger, renforçant les échanges commerciaux et l’intégration régionale.
- Progrès : La majorité des tronçons sont déjà achevés et opérationnels.
- Impact : Une meilleure connectivité permettra un commerce accru entre les pays sahariens, stimulant leur développement économique.
3. Route Tindouf-Zouerate
- Description : Cette route de 800 kilomètres est entièrement financée par l’Algérie.
- Impact : Elle facilitera le transport de marchandises entre l’Algérie et la Mauritanie, réduisant les coûts logistiques et renforçant les liens économiques bilatéraux.
4. Projets de Dessalement en Mauritanie
- Description : L’Algérie investit dans des stations de dessalement d’eau de mer pour améliorer l’accès à l’eau potable en Mauritanie.
- Avantages :
- Une technologie éprouvée et maîtrisée par l’Algérie.
- Un impact direct sur la santé publique et le développement économique.
Conclusion : Une Approche Contrastée
Le Maroc s'appuie sur des annonces spectaculaires, affichant des ambitions grandioses mais souvent dépourvues de réalisme et de financement, trahissant ainsi une motivation davantage politique qu’économique. À l’inverse, l’Algérie, forte de sa vision panafricaine, s’illustre par des réalisations concrètes et impactantes, reposant sur ses ressources nationales et une expertise unanimement reconnue.
Ni les Africains ni la communauté internationale ne peuvent être dupes : ces initiatives, qui s’apparentent davantage à des manœuvres de diversion, ont toutes un dénominateur commun. Elles visent à conférer une légitimité factice à la colonisation illégale du Sahara occidental, sous le prétexte de la solidarité africaine.
À terme, les peuples africains sauront distinguer les engagements sincères des promesses illusoires. Fidèle à ses principes d’intégration et de développement régional, l’Algérie continue de consolider sa position comme un acteur majeur et incontournable du progrès africain.
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