Le 6 janvier 2024, Emmanuel Macron, s'exprimant devant les ambassadeurs français réunis à l'Élysée, a manifesté son inquiétude concernant la détention de Boualem Sansal. Le président français a déclaré :
« L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires s'engage dans une voie qui la déshonore, en empêchant un homme gravement malade de se soigner. »
Appelant à une action immédiate, Emmanuel Macron a exhorté les autorités algériennes à libérer Sansal, désormais naturalisé français et bénéficiant du soutien de certains cercles politiques, en particulier à l’extrême droite.
Le lendemain, l’Algérie, par l’intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères, a répliqué avec vigueur. Dans un communiqué ciselé et empreint de fermeté, Alger a condamné les propos du président français, les qualifiant de désinvoltes et inconsidérés.
« Le Gouvernement algérien a pris connaissance, avec beaucoup d’étonnement, des propos du Président français concernant l’Algérie, qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère », a déclaré le ministère dirigé par Ahmed Attaf.
Cette réaction traduit une indignation profonde face à ce qu’Alger considère comme une atteinte à sa souveraineté et une intrusion dans ses affaires internes.
Une immixtion jugée « inacceptable »
Le département des Affaires étrangères a poursuivi en qualifiant les déclarations de Macron d’« immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne ». Le ton était sans équivoque : « Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu’ils sont. »
Une affaire de souveraineté, pas de liberté d’expression
Alger a tenu à clarifier la nature de l’affaire Boualem Sansal, rejetant avec force toute tentative de la présenter comme une question de liberté d’expression. Selon la diplomatie algérienne, cette affaire relève avant tout de la protection de l’intégrité territoriale d’un État souverain.
L’écrivain franco-algérien d'origine marocaine Boualem Sansal, arrêté à l’aéroport d’Alger en novembre dernier, est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et à l’intégrité du territoire national, après avoir déclaré dans un média d’extrême droite que « certaines parties de l’Algérie appartenaient historiquement au Maroc ». Une déclaration considérée par Alger comme un délit grave, puni par la loi.
Une escalade diplomatique en perspective ?
Les propos du chef d’État français ont ravivé les tensions déjà palpables entre Paris et Alger, alors que les deux pays peinent à stabiliser leurs relations marquées par des différends historiques et politiques. L’affaire Boualem Sansal, au-delà de sa dimension individuelle, cristallise des enjeux plus vastes sur la souveraineté, la liberté d’expression et les rapports complexes entre les deux nations.
La réponse algérienne, ferme et sans concession, témoigne d’une volonté claire de défendre ses principes et sa législation face à ce qu’elle perçoit comme une ingérence étrangère. Reste à voir si ces passes d’armes verbales trouveront un terrain d’apaisement ou si elles annonceront une nouvelle phase de crispation diplomatique.
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