L’identité nationale algérienne a toujours été la cible de tentatives d’effacement et de déformation, que ce soit de la part du colonialisme français, qui cherchait à justifier son occupation de l’Algérie, ou aujourd’hui de la part du régime marocain, qui utilise un discours similaire pour saper la légitimité historique et culturelle de l’État algérien. Ces tentatives ne sont pas isolées les unes des autres, mais présentent des similitudes évidentes et incarnent une convergence d’intérêts ancienne et actuelle entre les forces coloniales et certains acteurs politiques régionaux.
L’approche française : nier l’existence d’une nation algérienne
La politique coloniale française
Dès le début de l’occupation en 1830, la France a adopté un discours colonial visant à nier l’existence d’une nation algérienne unifiée. Cette politique s’articulait autour de plusieurs axes :
- Dépeindre l’Algérie comme un ensemble de tribus rivales : Le colonialisme tentait de présenter l’Algérie comme dépourvue des caractéristiques d’un État, telles que l’unité politique ou une identité culturelle commune.
- Marginaliser l’histoire algérienne : Les autorités françaises s’efforçaient d’effacer l’histoire ancienne et profonde de l’Algérie, ignorant son héritage islamique, arabe et amazigh. La tentative d’effacer la symbolique de l’Algérie ottomane en est un exemple frappant.
- Redéfinir l’identité nationale : La France a segmenté l’Algérie en départements administratifs soumis au droit français, privant ainsi le peuple algérien de son identité propre au profit d’une identité coloniale artificielle.
Le soutien des milieux d’extrême droite français
Dans la période contemporaine, certains acteurs politiques en France, notamment l’extrême droite et les partisans de l’OAS (Organisation armée secrète), continuent d’adopter des positions hostiles envers l’Algérie. Ces groupes, nourris par une nostalgie du passé colonial, refusent de reconnaître la légitimité de l’État algérien indépendant et cherchent à minimiser la valeur de sa lutte pour la liberté.
L’approche marocaine : remettre en question l’identité algérienne
Reproduire le discours colonial
À l’instar du colonialisme français, le régime marocain adopte un discours qui vise à nier l’unité de la nation algérienne. Ce discours repose sur :
- La promotion de récits historiques biaisés : Le Maroc avance l’idée que l’Algérie, en tant qu’entité politique et culturelle, n’a émergé qu’avec la colonisation française. Une affirmation contredite par des faits historiques prouvant l’existence de l’Algérie comme unité politique bien avant cette période.
- L’appropriation du patrimoine culturel : Le Maroc manifeste un intérêt évident pour s’approprier des éléments du patrimoine algérien (musique, gastronomie, habits traditionnels), ce qui constitue une forme de « guerre douce » visant à affaiblir l’identité culturelle algérienne.
Des alliances douteuses avec des adversaires de l’Algérie
Le régime marocain trouve des alliés naturels parmi certains milieux d’extrême droite français, partageant des objectifs communs :
- Remettre en cause l’histoire algérienne : Ces alliés tentent de réhabiliter des thèses coloniales qui convergent avec les intérêts marocains de marginalisation de l’identité algérienne.
- Affaiblir l’Algérie à l’international : Ce partenariat contribue à former un front visant à saper l’Algérie sur les plans politique et diplomatique.
Les dimensions de cette convergence d’intérêts
- Soutenir les ambitions marocaines :En s’alliant à des forces portant l’héritage colonial, le Maroc cherche à renforcer son image internationale et à contrecarrer les efforts de l’Algérie pour jouer un rôle de leader en Afrique et dans le monde arabe.
- La persistance de la nostalgie coloniale :L’extrême droite française et certains nostalgiques de « l’Algérie française » considèrent le régime marocain comme un allié potentiel capable de redéfinir les relations avec l’Algérie dans le sens de leurs intérêts politiques et idéologiques.
- Menace à la stabilité régionale :Le déni de l’identité nationale algérienne exacerbe les tensions entre les deux pays et risque d’alimenter de nouveaux conflits dans une région déjà confrontée à des défis économiques et sécuritaires majeurs.
La réponse de l’Algérie : une résilience face aux nouvelles tentatives coloniales
Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a fait preuve d’une résilience remarquable face aux diverses tentatives visant à saper son identité nationale et à falsifier son histoire. Héritant d’un lourd passé colonial, elle a réussi à construire une nation unifiée et souveraine. Aujourd’hui, elle continue de relever les défis posés par ces nouvelles tentatives.
Préserver la mémoire nationale : un pilier fondamental
Consciente de l’importance de son histoire, l’Algérie a entrepris plusieurs initiatives pour protéger sa mémoire :
- Création d’institutions comme le « Musée national du Moudjahid » pour honorer les sacrifices de la révolution.
- Documenter et transmettre l’histoire de la lutte nationale à travers l’éducation, les médias et les commémorations.
Défendre son patrimoine culturel
En réponse aux tentatives d’appropriation culturelle, l’Algérie s’est engagée dans des efforts pour protéger et promouvoir son patrimoine :
- Préserver les savoir-faire artisanaux, comme les tapis traditionnels et les bijoux amazighs.
- Inscrire des éléments de son patrimoine (comme le raï et le couscous) au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Un leadership souverain et régional
L’Algérie continue de défendre sa souveraineté et son rôle de leader :
- Refus des ingérences extérieures : L’Algérie reste fidèle à ses principes de non-alignement et de défense de sa souveraineté face à toute tentative de pression étrangère.
- Un acteur régional clé : En dépit des campagnes de déstabilisation, l’Algérie reste un pilier dans la médiation des conflits régionaux et le soutien aux mouvements de libération en Afrique et dans le monde arabe.
Conclusion : l’Algérie face aux défis historiques et contemporains
La convergence des intérêts entre le régime marocain et certains héritiers du colonialisme français illustre la continuité des tentatives visant à affaiblir l’Algérie. Cependant, à l’image de sa résistance face au colonialisme, l’Algérie moderne continue de se renforcer en préservant son histoire, en défendant sa souveraineté et en unissant son peuple autour des principes de la révolution de Novembre. La mémoire nationale et la résilience restent les clés pour relever les défis actuels et futurs.
Belgacem Merbah
Commentaires
Enregistrer un commentaire