Une Proposition Dépourvue de Crédibilité
L’une des critiques majeures à l’égard de ce plan est son manque de profondeur. Comment un conflit de cette ampleur pourrait-il être réglé par une proposition aussi succincte ? De plus, ce plan n’a jamais été présenté au Front Polisario, le représentant légitime du peuple sahraoui reconnu par l’ONU à travers ses résolutions successives (notamment les résolutions 34/37 de 1979 et 35/19 de 1980). Cette absence de dialogue direct reflète un mépris manifeste pour les Sahraouis et leur droit inaliénable à l’autodétermination.
Une Contradiction Juridique : Comment le Maroc Peut-il Offrir l’Autonomie ?
Un point central souvent ignoré est que le Maroc ne détient aucune souveraineté sur le Sahara occidental. Ce territoire est classé par l’ONU comme « territoire non autonome », en attente d’un processus d’autodétermination. Comment alors le Maroc peut-il prétendre offrir une autonomie à un peuple sur un territoire qu’il n’a pas le droit de revendiquer ? La souveraineté appartient exclusivement au peuple sahraoui, et toute initiative concernant leur territoire devrait être discutée directement avec eux, et non imposée par une puissance occupante.
Une Fuite en Avant
Au lieu de chercher un dialogue sincère avec les Sahraouis, principaux concernés par le conflit, le Maroc a choisi de présenter son plan aux puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis. Cette stratégie de contournement vise à obtenir une légitimité internationale tout en ignorant les aspirations sahraouies.
Ce comportement est en contradiction flagrante avec l’avis de 2002 de Hans Corell, ancien conseiller juridique de l’ONU, qui avait souligné que l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement des Sahraouis constituait une violation du droit international. Malgré cela, le Maroc continue de profiter de l’exploitation des ressources sahraouies, souvent avec la complicité d’acteurs internationaux.
Une Stratégie pour Prolonger le Conflit
Ce plan d’autonomie ne vise pas à résoudre le conflit, mais à prolonger le statu quo. En multipliant les initiatives unilatérales, le Maroc cherche à consolider son contrôle sur le territoire tout en maintenant l’exploitation de ses ressources naturelles. Cette stratégie va à l’encontre des appels des Nations unies à organiser un référendum d’autodétermination, comme stipulé dans les accords de cessez-le-feu de 1991.
La Complicité des Puissances Occidentales
Les puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis, jouent un rôle clé dans la perpétuation de cette impasse. La France, membre permanent du Conseil de sécurité, bloque régulièrement toute résolution critique à l’encontre du Maroc. Ce soutien politique s’accompagne d’une connivence économique, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental.
Le territoire regorge de richesses telles que le phosphate, les zones de pêche et les énergies renouvelables, qui attirent les entreprises occidentales. Ces dernières, en signant des accords avec le Maroc, se rendent complices du pillage des ressources sahraouies. Par exemple, le phosphate extrait des mines de Bou Craa est exporté via le port de Laâyoune sous contrôle marocain, en violation du droit international.
Une Ignorance des Droits Sahraouis
Selon la Charte des Nations unies (article 73), tout territoire non autonome doit bénéficier de droits inaliénables, notamment celui de décider librement de son avenir. En proposant un plan d’autonomie sans consulter directement le peuple sahraoui, le Maroc viole ces principes fondamentaux ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité (notamment les résolutions 2414 et 2440) qui appellent à une solution mutuellement acceptable.
Une Solution Durable Ignorée
La seule issue légitime au conflit du Sahara occidental passe par un référendum d’autodétermination, une exigence reconnue depuis des décennies. Les tentatives de contourner cette solution par des initiatives comme le plan d’autonomie ne font que retarder la justice et perpétuer les souffrances du peuple sahraoui.
Conclusion
Le plan d’autonomie marocain de 2007 est une chimère, destinée à légitimer une occupation illégale et à prolonger un conflit non résolu. Comment le Maroc peut-il prétendre offrir une autonomie alors qu’il n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental ? Seul le peuple sahraoui détient cette souveraineté et il est le seul habilité à décider de son avenir.
Les puissances complices, en soutenant cette initiative, ignorent les droits fondamentaux des Sahraouis et contribuent à un statu quo injuste. Une solution durable et conforme au droit international ne peut être atteinte qu’en respectant la volonté du peuple sahraoui à travers un référendum transparent et équitable.
Belgacem Merbah
Plan d’Autonomie au Sahara Occidental :
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