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Boualem Sansal arrêté en Algérie : des liens controversés avec l’extrême-droite française et des accusations de subversion

L’écrivain algérien d'origine marocaine Boualem Sansal, figure controversée à la fois en Algérie et en France, est au cœur d’une affaire judiciaire qui agite les débats. Arrêté le 16 novembre à son arrivée à l’aéroport d’Alger, il est accusé de soutenir des thèses perçues comme attentatoires à l’unité nationale algérienne. Ce dossier met en lumière ses connexions étroites avec l’extrême-droite française ainsi que ses prises de position islamophobes et favorables aux revendications marocaines sur le territoire algérien.

Un écrivain aux prises de position polémiques

Boualem Sansal est depuis longtemps une figure controversée, notamment pour ses critiques acerbes de l’islam qu’il décrit régulièrement comme une menace civilisationnelle. Ces prises de position, qui lui valent un soutien marqué dans les cercles de l’extrême-droite française, alimentent un rejet massif en Algérie, où elles sont perçues comme une insulte à la majorité musulmane du pays.

L’agence officielle APS a souligné ces connexions en qualifiant Sansal de « pseudo intellectuel vénéré par l’extrême-droite française ». Cette caractérisation n’est pas nouvelle : l’écrivain a été un invité fréquent de plateformes et de médias proches de courants ultraconservateurs en Europe, où il a souvent critiqué l’Algérie et ses dirigeants, tout en défendant une vision alarmiste de l’islam.

Des accusations de subversion au service du Maroc

Les accusations portées contre Boualem Sansal par les autorités algériennes dépassent le cadre de ses critiques religieuses. La télévision publique ENTV a récemment révélé qu’il est soupçonné de « subversion » et de « collaboration » dans le cadre de ce qui est décrit comme un « sale projet ». Selon l’ENTV, Sansal utiliserait la littérature pour masquer un agenda politique hostile, notamment en faveur des thèses expansionnistes marocaines.

En octobre dernier, dans une interview accordée à Frontières, un média affilié à l’extrême-droite française, Sansal a tenu des propos qualifiés de « gravissimes » sur les frontières algéro-marocaines. Il y a affirmé que « tout l’ouest de l’Algérie appartenait historiquement au Maroc » et que le tracé actuel des frontières était une conséquence du colonialisme. De tels propos, en résonance avec la position officielle de Rabat, sont considérés à Alger comme une atteinte directe à la souveraineté nationale.

Une affaire au cœur d’un bras de fer idéologique

L’arrestation de Boualem Sansal a également relancé les tensions géopolitiques. Alors que les relations entre Alger et Rabat sont au plus bas, les déclarations de l’écrivain sont vues comme une tentative d’affaiblir la position algérienne dans le conflit du Sahara occidental. En France, cette arrestation a suscité une campagne véhémente menée par des figures de l’extrême-droite et des milieux conservateurs, qui dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.

Une présentation devant la justice imminente

Son avocat français, François Zimeray, a annoncé que Boualem Sansal serait présenté devant le parquet ce lundi 25 novembre. « D’après les informations que j’ai reçues, il devrait comparaître cet après-midi », a déclaré Zimeray. Ce développement judiciaire s’inscrit dans un contexte tendu, où les autorités algériennes semblent déterminées à répondre fermement aux propos de l’écrivain.

Pour beaucoup, Boualem Sansal incarne une double provocation : à la fois par son association avec des courants ouvertement hostiles à l’Algérie et par son soutien implicite à une révision des frontières historiques au détriment du pays. Cette affaire pourrait devenir un point d’orgue dans le rapport de force entre les intellectuels dissidents et un État algérien vigilant face à toute contestation de son intégrité territoriale et de son identité nationale.

Belgacem Merbah

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