Il est frappant de constater l'effervescence des débats sur les réseaux sociaux et dans la presse marocaine autour de la loi de finances algérienne de 2025, tandis que la loi de finances marocaine, pourtant plus directement pertinente, passe sous silence. Celle-ci demeure opaque, notamment en ce qui concerne certaines lignes budgétaires qui alimentent le train de vie luxueux du palais royal. Il serait bien plus judicieux pour les marocains de se concentrer sur l'examen critique de leur budget national, qui affecte leur quotidien, plutôt que de se préoccuper d'une loi de finance étrangère, sans impact sur leurs réalités difficiles.
Le contraste entre le train de vie royal de Mohammed VI et la situation économique difficile de nombreux Marocains se reflète dans les chiffres et les faits marquants. Le budget alloué à la cour royale dépasse largement celui de plusieurs ministères combinés, illustrant l'ampleur des ressources financières utilisées par la monarchie.
Budget royal et dépenses extravagantes
En 2023, un budget de 2,223 milliards de dirhams (environ 200 millions d’euros) a été consacré à la cour royale. Ce montant comprend 517 millions de dirhams uniquement pour les dotations de souveraineté, des fonds souvent dépensés sans transparence. Ce budget couvre également le salaire des employés de la cour royale, ainsi que les frais de fonctionnement pour l'entretien des nombreux palais et résidences du roi.
Les palais royaux, au nombre de 12 selon certaines sources, s’étendent à travers le Maroc, y compris dans des villes modestes. De plus, Mohammed VI possède plusieurs propriétés à l’étranger, notamment un manoir luxueux au Gabon. Le coût quotidien du fonctionnement du palais s’élève à 657 000 euros par jour, un chiffre en augmentation de 40 % depuis 2001. Le roi possède également une flotte de 600 voitures de luxe et plusieurs jets privés, dont un superyacht acheté pour 90 millions d’euros.
Indice de développement humain et conditions de vie du peuple marocain
Pendant ce temps, l'Indice de Développement Humain (IDH) du Maroc reste faible par rapport à ses voisins. En 2022, le Maroc se classait à la 123e place mondiale, bien derrière la Tunisie et l'Algérie. L’IDH prend en compte des critères comme l'espérance de vie, l'éducation, et le revenu national brut par habitant. Le faible classement du Maroc reflète les inégalités sociales profondes et les conditions de vie difficiles pour de nombreux citoyens.
Environ 90 % des Marocains en âge de travailler ne gagnent pas le salaire minimum, fixé à environ 3120 dirhams (283 euros) par mois. La majorité d'entre eux travaille dans l'économie informelle ou est au chômage. Le taux de pauvreté reste élevé, en particulier dans les zones rurales où les infrastructures sont insuffisantes. Par exemple, pendant les hivers rigoureux, des familles dans les montagnes de l'Atlas souffrent d’enclavement et de manque de ressources.
Inégalités et impact des choix économiques royaux
Le roi Mohammed VI et son entourage exercent une influence considérable sur l'économie marocaine via la holding El Mada (anciennement la Société Nationale d'Investissement). Cette holding domine des secteurs clés tels que l'énergie, la finance, le bâtiment, et la distribution. En période de crise, comme durant la pandémie de Covid-19, les entreprises royales ont enregistré des bénéfices records, alors que le reste de la population subissait les conséquences économiques.
Un exemple frappant de conflit d'intérêt est l’attribution des contrats dans le secteur de l’énergie solaire en 2016. La société Nareva, détenue par le roi, a remporté des contrats malgré des offres plus coûteuses que celles des concurrents, augmentant ainsi le coût de l’électricité pour les Marocains. Pendant ce temps, des secteurs cruciaux comme la santé ou l’éducation sont sous-financés, exacerbant les inégalités.
Conclusion
En résumé, le budget somptuaire de la cour royale, les propriétés somptueuses de Mohammed VI, et l'influence économique exercée par sa famille contrastent vivement avec la précarité dans laquelle vit une grande partie de la population marocaine. Alors que le roi continue de bénéficier d'un soutien financier considérable et d'une gestion opaque des fonds publics, le Maroc reste confronté à des défis économiques majeurs, avec une majorité de citoyens peinant à subvenir à leurs besoins essentiels.
Belgacem Merbah
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