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Fixation de la presse marocaine sur l'influence présumée de l'Algérie auprès des instances européennes et onusiennes concernant le Sahara Occidental : Une analyse des contradictions médiatiques

Depuis plusieurs décennies, le conflit autour du Sahara Occidental est au cœur des relations tendues entre le Maroc et l'Algérie. Le royaume du Maroc, après chaque échec diplomatique sur la scène internationale concernant cette question, pointe systématiquement du doigt l'Algérie, l'accusant de manipuler les instances européennes et onusiennes en faveur du Front Polisario. Paradoxalement, les mêmes médias marocains présentent l'Algérie comme un pays isolé, sans influence notable dans la région ou sur la scène internationale. Cette contradiction flagrante révèle non seulement la confusion dans la stratégie médiatique marocaine, mais aussi l'impasse dans laquelle se trouve le Maroc concernant le dossier sahraoui.


L’obsession marocaine de l’influence algérienne

Le discours dominant dans la presse marocaine tend à accuser l'Algérie d'exercer une pression disproportionnée sur les instances européennes et onusiennes pour obtenir des décisions favorables au Front Polisario. Par exemple, après chaque arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) défavorable aux intérêts marocains dans le Sahara Occidental, les médias marocains accusent l'Algérie de manœuvres politiques derrière ces décisions. Cependant, aucune preuve tangible n’a été présentée pour étayer ces accusations. En revanche, la diplomatie marocaine a régulièrement été mise en cause pour ses tentatives de corruption d’eurodéputés et d’autres acteurs internationaux, notamment dans le scandale du "Marocgate" ne contradiction médiatique évidente

Le discours marocain est également marqué par une contradiction importante. Alors que l'Algérie est décrite comme étant isolée et dépourvue d'influence, elle est simultanément accusée de peser lourdement sur les grandes décisions internationales, notamment au sein de l'Union européenne et de l'ONU, en faveur du Polisario. Ce double discours montre non seulement un manque de cohérence, mais aussi une tentative de détourner l'attention des échecs diplomatiques du Maroc. En effet, si l'Algérie était réellement sans influence, il serait difficile d’expliquer comment elle pourrait manipuler les grandes instances internationales sur un dossier aussi complexe que celui du Sahara Occidental.


L’échec diplomatique marocain

Ces contradictions révèlent en réalité un échec stratégique du Maroc dans le dossier sahraoui. Malgré des milliards d'euros dépensés pour tenter de convaincre les acteurs internationaux, le statut juridique du Sahara Occidental n'a pas changé. La CJUE a, à plusieurs reprises, réaffirmé que le Sahara Occidental ne fait pas partie du territoire marocain et que les accords commerciaux ne peuvent pas s'appliquer à ce territoire sans le consentement du peuple sahraoui . Ce revers constitue une défaite diplomatique majeure pour le Maroc, d'autant plus que ses efforts pour acheter des soutiens au sein des institutions européennes ont été exposés.

La proposition de partition : un signe de faiblesse

Face à cette impasse, le Maroc a récemment proposé à Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara Occidental, une partition du territoire sahraoui. Cette proposition marque un tournant dans la position marocaine, qui, jusque-là, revendiquait l’intégralité du territoire. Il s'agit d'un aveu tacite de l'échec de la diplomatie marocaine à imposer son point de vue sur le Sahara Occidental au niveau international .

Changement dans la diplomatie marocaine

Les récents revers sur la scène internationale, en particulier devant la CJUE, annoncent des changements probables au sein de la diplomatie marocaine. L'échec à convaincre la communauté internationale sur le dossier sahraoui, couplé aux scandales de corruption qui ont terni l’image du Maroc en Europe, oblige le royaume à revoir sa stratégie diplomatique. Ces ajustements pourraient inclure des réformes internes au sein du ministère des Affaires étrangères marocain et un repositionnement dans les négociations avec l'ONU sur la question du Sahara Occidental.

Conclusion

La fixation de la presse marocaine sur une prétendue influence algérienne, en contradiction avec la présentation d’une Algérie sans pouvoir international, révèle les difficultés croissantes du Maroc à gérer le dossier du Sahara Occidental. Les récents revers judiciaires et diplomatiques, les accusations de corruption, et la proposition de partition du Sahara Occidental, tout cela démontre que le royaume est confronté à une impasse stratégique. Le futur de la diplomatie marocaine sur cette question reste incertain, mais les événements récents signalent clairement un besoin de réévaluation en profondeur de la position du Maroc sur le Sahara Occidental.

Belgacem Merbah


Références

  1. El Moutawakil, Y. (2023). "Le scandale Marocgate et ses répercussions sur la diplomatie marocaine." Revue de Géopolitique Internationale, vol. 12, no. 4, pp. 45-60.
  2. Cour de justice de l'Union européenne. (2021). "Arrêt sur les accords commerciaux avec le Sahara Occidental." Journal Officiel de l'UE, 30 septembre 2021.
  3. De Mistura, S. (2023). "Rapport de l'Envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara Occidental." Nations Unies, mai 2023.

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