Analyse des Interactions Sécuritaires entre le Maroc, l’Algérie et l’Espagne autour du Cas Hichem Aboud
Les tensions géopolitiques entre le Maroc et l’Algérie s’inscrivent dans une histoire complexe de rivalités, notamment concernant des questions d'espionnage, de sécurité, et de diplomatie, avec des répercussions dans les relations bilatérales avec des pays européens comme l’Espagne. L’affaire de Hichem Aboud, ancien journaliste algérien ayant acquis la nationalité marocaine, illustre cette dynamique à travers des interactions spécifiques entre les services de sécurité espagnols et marocains.
Le Contexte de l'Affaire Hichem Aboud
Hichem Aboud, journaliste et opposant algérien résidant au Maroc, aurait prétendu avoir été enlevé par des agents algériens. Cependant, les déclarations de Nadia Pajaron, représentante du Syndicat espagnol de la police (SUP), révèlent des éléments qui prouve que Hicham Aboud est détenteur de la nationalité marocaine. Selon elle, une coopération entre la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) marocaine et la police nationale espagnole aurait eu lieu, établissant Aboud comme un citoyen marocain et non algérien, disposant de documents de voyage marocains (Rue 20, 2023).
La Coordination Sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne
Pajaron a confirmé que dans les situations à risque concernant des individus persécutés par des régimes politiques, la police espagnole coopère avec les forces de sécurité de pays voisins, incluant le Maroc. Ce cadre de coopération répond aux besoins de sécurité partagée et au contexte de migration sécurisée des citoyens marocains vers l’Europe (SUP, 2023). Cette coordination s’appuie sur des protocoles bilatéraux qui visent à gérer les risques de sécurité perçus, notamment en termes de mouvements transfrontaliers et d’échanges de renseignements.
Le Statut de Hichem Aboud au Maroc
Le cadre légal marocain, notamment l’article 12 du dahir 1-58-250 du 6 septembre 1958, prévoit la naturalisation pour les étrangers ayant rendu des « services exceptionnels » ou dont la citoyenneté est d'un intérêt spécial pour le pays (Dahir portant Code de la nationalité, 1958). En attribuant la nationalité marocaine à Aboud, le Maroc renforce sa souveraineté et sa capacité d’influence dans des affaires impliquant des acteurs opposés au régime algérien. Cette naturalisation permet également de réguler juridiquement la relation d’Aboud avec le Maroc, notamment en le soustrayant aux lois algériennes.
L’Implication Géopolitique et les Répercussions Diplomatiques
Les affirmations d’Aboud sur un potentiel enlèvement impliquant des agents algériens en Espagne s’inscrivent dans un contexte d'escalade de tensions diplomatiques. La stratégie marocaine, supposée ou avérée, de fomenter une crise diplomatique en associant l’Algérie à une violation de la souveraineté espagnole soulève des interrogations quant aux visées de cette instrumentalisation. Ce type d’accusations peut susciter une prudence diplomatique accrue de la part des autorités espagnoles, face aux influences croisées des services de sécurité marocains et algériens (SUP, 2023; Dahir, 1958).
Conclusion
Le cas de Hichem Aboud révèle les enjeux diplomatiques et sécuritaires complexes liant l’Algérie, le Maroc, et l’Espagne. Il souligne l’importance des protocoles de coopération en matière de sécurité entre pays frontaliers de l’Union européenne et pays tiers comme le Maroc. Les implications politiques de cette affaire s'inscrivent dans un cadre géopolitique marqué par des intérêts nationaux divergents, où la coopération sécuritaire devient un terrain d’expression de la souveraineté étatique et des rivalités régionales.
Belgacem Merbah
Sources
- SUP (2023). "Entretien avec Nadia Pajaron." Rue 20. Consulté le 24 octobre 2023.
- Dahir portant Code de la nationalité marocaine (1958), Royaume du Maroc, texte législatif
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